mardi 18 septembre 2012

Girls : Ces filles ne vivent pas chez les Bisounours !

La série Girls fait parlé d'elle depuis longtemps, tant l'espoir des fans de Sex and the City voulant voir une version rajeunie était grand. Si cette dernière est citée dès le premier épisode, elle ne lui ressemble en rien, et joue même sur son opposition. Girls se penche sur une génération en général mal traitée par les séries américaines, qui se tournent plus facilement vers les adolescents pourris gâtés aux vies irréelles (90210 Nouvelle génération, Gossip Girl, Glee...), ou de jeunes trentenaires un peu paumés et délurés (2 Broke Girls, New Girl, Don't trust the B... in Apartment 2, etc.). La saison 1 démarre ce soir sur Orange Cinéma Séries. Elle est aussi disponible en VOD sur le site de la chaîne HBO.


Dans Girls, point de garde-robe dernier cri, de resto types, de voitures rutilantes, ou de boyfriend à tomber par terre... On suit les aventures d'Hannah (Lena Dunham), de sa colocataire et amie de longue date Marnie (Allison Williams) qui vit une relation amoureuse au long cours mais qui ne la rend pas heureuse, de Jessa (Jemina Kirke) une de leurs amies commune tête-à-claques hispter de retour dans leur vie, et de Shoshanna (Zosia Mamet), la cousine un peu naïve (voire à côté de la plaque, façon Brittany dans Glee, version névrosée). Elles en ont toutes fini avec la fac, et comme beaucoup de leurs pairs, elles se retrouvent coincées dans la vie, les fesses entre deux chaises : célibataires, mais pas tant que ça, en recherche d'un emploi mais ne trouvant que des stages dans lesquels on les exploite, donc dépendantes de leurs parents qui en ont marre de jouer les vaches à lait... D'ailleurs, tout commence lorsqu'Hannah se fait couper les vivres par ses parents alors qu'elle écrit ses "mémoires" (à 24 ans !) persuadée d'avoir du talent à revendre, alors qu'elle devrait chercher un boulot réglo... et payé ! La crise est passée par là...

« La voix de ma génération. Ou plutôt, une voix d’une génération. »
Si le nom de Judd Apatow (40 ans toujours puceau, Funny People)  est crédité au rayon production, la série ressemble surtout à son auteure, réalisatrice et productrice-exécutive : Lena Dunahm. Du haut de ses 26 printemps, la jeune femme réussit à dépeindre une génération sans fard ni paillette, avec des sentiments et des situations réelles, qui parlent à tout un chacun, quelque soit le sexe. Avec son côté cru et cul (voire TRES cru) dans le ton comme dans l'esthétisme - indé voir arty - (ici les filles ne sont pas des canons de beauté, les corps des acteurs souvent dénudés sont pris tels quels : les boutons et les bourrelets sont bien là, comme dans la vraie vie), l'univers de ces quatre filles tourne autour des préoccupations actuelles : le manque d'argent et de confiance en l'avenir, l'incapacité à faire des choix, la peur de ne pas pouvoir s'en sortir aussi bien professionnellement qu'amoureusement... 

Loin des running-gags épuisants et de l'humour gras et facile de certaines comédies de l'univers Apatow (ou récemment Paul Feig avec Mes meilleures amies), l'écriture de Lena Dunham est plutôt cynique et cruelle envers la société et ses habitants, pas tous roses. On rit jaune et on se sent parfois mal à l'aise face à des situations où les personnages sont mus par un égoïsme exacerbé ou des réactions psychotiques. Si les dialogues semblent parfois tout droit sortir de nos souvenirs adolescents les plus embarrassants, les situations sont souvent poussées à l'extrême, donnant aux relations hommes-femmes un reflet peu réaliste, voire un côté too much. Si l'écriture volubile, mordante et résolument mordante fait mouche, les personnages sont quand même un peu antipathiques. On n'a pas forcément envie de leur ressembler. Dommage !

En résumé : cette série-comédie douce amère renvoie l'image d'une jeunesse mal dans ses baskets, qui essaie de devenir ce qu'elle est malgré un contexte peu favorable mais qui, au lieu de vouloir vivre dans le monde des Bisounours, croit au moins en ses rêves. Pas convaincue au bout de 5 épisodes... Un changement d'avis peut arriver sur la suite.


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