lundi 10 septembre 2012

Critique : Savages : Une lutte contre la drogue qui prend aux tripes (26/09/12)

Savages (en avant-première à Deauville)
De Olivier Stone
Avec Taylor Kitsch, Aaron Johnson, Blake Lively, Salma Hayek, Benicio del Toro, John Travolta...

Chon, ancien soldat d'élité de la Navy, et Ben, botaniste hippie dans l'âme, sont les meilleurs amis du monde. Ils s'aiment comme des frères, et partage tout. Même une femme, prénommée O (pour Ophélia). Avec la complicité de Dennis, un agent des stup' véreux, ils dirigent un business fructueux de marijuana de grande qualité, tellement appréciée par les consommateurs de plus en plus nombreux, qu'ils commencent à gêner le plus gros cartel mexicain dirigé par la terrible "Reina", Elena. Celle-ci leur propose de s'associer pour augmenter les profits de chacun. Chon veut résister en imposant la force, tandis que Ben serait prêt à tout abandonner et se retirer du marché. Pour les obliger à accepter, Elena fait kidnapper O, point faible du trio... Les deux hommes organisent alors leur réplique. Ils déclencheront une guerre sans merci avec le cartel, dont le bras droit armé Lado, usera toutes les bassesses pour arriver à ses fins.


© Universal Pictures

"L'adrénaline, c'est la façon qu'a la nature de te dire de ne pas déconner" (Chon)

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Si Laguna Beach, Californie, est un petit paradis sur Terre où le trio Kitsch, Johnson et Lively se prélasse et se fait des mamours, il devient vite un enfer dont il est possible de ne pas sortir. D'ailleurs, dès le départ la voix d'O nous déclare qu'elle a beau nous "raconter cette histoire qu'elle sera vivante à la fin". Nous voilà prévenus ! Une confession qui n'annonce rien de bon et en même temps qui évidemment sème le doute dans nos esprits. Car le nouveau film d'Oliver Stone a bien l'intention de nous surprendre.
© Universal Pictures
Adaptation du livre éponyme de Don Winslow, Savages marque le retour en force d'un Oliver Stone qui s'était un peu perdu depuis U-Turn ou encore L'Enfer du dimanche. Mais ce nouveau long-métrage a le défaut de ses qualités : à force de vouloir multiplier les personnages et les rebondissements (reconnaissons tout de même les bonnes intentions...), il en devient bordélique et se perd parfois en bavardages inutiles. Ce qui rend ces passages chaotiques parfois un peu longs et sans réels intérêts narratifs.

© Universal Pictures
Pourtant, on ne s'ennuie jamais ! Si le réalisateur s'essaie à des effets visuels vomissant les couleurs (des images jaunies rappelant Traffic, film de Sodherberg sur le même thème, et déjà avec Benicio del Toro, ou encore une succession d'images flashs façon clip), il les place intelligemment pour ne pas ralentir le rythme de l'histoire. Car si celle-ci se permet des détours, c'est pour mieux appuyer sur les différents caractères des personnages principaux, écrits comme de vrais clichés, et sur la multitude de seconds couteaux, encore plus exagérés, voire caricaturaux.


© Universal Pictures
Ainsi Taylor Kitsch (qui a oublié John Carter)  et Aaron Johnson (qui se révèle de plus en plus depuis Kick-Ass et Albert Nobbs) sont le Yin et le Yang de la vie d'Ophélia, les deux "frères" que tout oppose.
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Le premier est animal, instinctif, insensible car détruit par des années de guerre en tant que soldat, et le second est plus calme et réfléchi, vivant selon les principes bouddhistes et le partage des richesses. Et au milieu d'eux, Ophélia, jeune et jolie femme paumée, délaissée très tôt par sa mère névrotique et croqueuse d'hommes, qui trouve dans l'herbe une échappatoire facile (un rôle plus crash mais pas si éloigné de celui qu'elle tenait dans la série Gossip Girl, qui l'a révélée).

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Finalement, on s'aperçoit que cette galerie de personnages n'est  pas toute blanche ou toute noire... Elena, femme-maîtresse, baronne de la drogue sans pitié, s'avère être une mère soucieuse de sa fille chérie. Dennis, malgré tous ses coups tordus, s'avère être loyal envers sa famille. Le doute est permis en ce qui concerne Lado, l'homme de main d'Elena... Il faut souligner la performance de Benicio del Toro, qui incarne-là un homme d'une violence dégoulinante et poisseuse et d'une abjection sans nom, tout en maniant un humour malsain... qui fonctionne à merveille.
© Universal Pictures
Car c'est aussi cela la force de Savages : des personnages tournés en ridicule marquant tout le sarcasme d'Oliver Stone à l'égard de ses marionnettes, qu'il manipule avec brio.

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Le résultat s'avère être divertissant, parfois drôle, où l'érotisme débordant et fantasmatique des jeunes acteurs collent aux rétines, et où la violence (souvent insoutenable) permet de démontrer à quel point la volonté des hommes politiques américains à lutter contre le trafic de drogue est totalement hypocrite et vain. On regrettera tout de même la présence de quelques scènes de "charcutage"et de violence psychologique sans d'autre intérêt que le simple plaisir (pervers ?) du réal. Mais cela n'engage que moi...


En résumé : On retrouve l'Oliver Stone de ses débuts, mû par ses premiers instincts, à l'instar de Tueurs Nés. Âmes sensibles, s'abstenir.






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