lundi 26 mars 2012

Pars vite et reviens tard...

Ou plutôt "Pars demain et reviens mi-avril".... Non, je ne me prends pas pour Régis Warnier et n'ai pas l'intention de rejouer le film dans la peau de Marie Gillain. Mais TvCinephages va prendre quelques jours de vacances...

En attendant, profitez des salles obscures et à bientôt !

dimanche 25 mars 2012

Interview : Kike Maillo : "Elle était tellement parfaite qu'on a cru qu'on avait casté un robot" (rires)

© Kike Maillo
Kike Maillo est le réalisateur de Eva (critique ici), petit bijou visuel espagnol qui a fait son effet au Festival de Gerardmer cette année. Rencontre avec celui qui a (ré)ouvert la porte de la science-fiction au cinéma espagnol laissée fermée depuis Ouvre les yeux (d'Alejandro Amenabar).


D'où vient votre fascination pour les robots et l'univers fantastique ?
Toute mon enfance, j'ai regardé des films américains, souvent fantastiques, tels que E.T. ou Rencontre du troisième type. Tôt ou tard, quand on fait ce métier, on en vient d'une façon ou d'une autre à redonner au cinéma ce que lui-même nous a donné. En ce qui concerne les robots, ma fascination remonte aussi à mon enfance. Mon père avait une réelle passion pour toute sortes de machines. Il réparait des machines à écrire devant moi, ce que j'ai aussi évidemment fait… Ma toute première rencontre avec le cinéma du genre fantastique a été l’adaptation du Livre de la Jungle par Disney. Tous ces animaux qui parlent, c'est déstabilisant quand on est enfant… et pour le reste de votre vie (rires). Et je lisais aussi des livres d’Asimov, auteur qu'on retrouve parfaitement dans Eva
Dans Eva, même les robots sont le quotidiens des personnages, l’humain reste finalement le centre du film. Qu’est-ce qui vous intéressait dans cette direction scénaristique?
La science-fiction et l’intelligence artificielle nous donnent la possibilité de réfléchir sur la condition humaine, et sur notre façon de s'adapter si quelque chose change dans notre environnement. Ce qui permet alors au lecteur/spectateur de s’interroger sur la réalité. Dans la SF et dans Eva en particulier, les protagonistes ont très souvent pour objectif de modeler leur réalité à travers un robot qui doit ressembler au plus près à un être humain, et c'est ça pour moi la science-fiction. Quand on a commencé à écrire ce film, on a mis les robots en second plan pour se concentrer sur les humains et leurs relations. Finalement, nous parlons d’autres choses que de robotique comme l'amour, par exemple… 
Quelle était votre direction artistique pour la conception de l’univers du film et des robots ?
Je voulais mettre en scène un univers allant de plus en plus vers l’intégration sociale du robot dans la société humaine, le robot comme compagnon. On voit l'évolution des machines dans le film : des premiers instants, depuis l'université avec cette femme demi-robot, puis avec Max, le majordome et enfin Eva, la dernière avancée technologique. Et ces compagnons, on peut imaginer qu'ils peuvent être achetés dans un magasin.
Pourquoi avoir commencé le film par la fin, utilisant le phénomène du flash-forward ? Vouliez-vous induire en erreur le spectateur en brouillant le pistes dès le départ ?
© Wild Bunch Distribution
Sans cette scène, un autre genre de problème se posait. On aurait commencé l’histoire de cet homme retournant dans son village, dans cette drôle d'université où il a travaillé, les retrouvailles avec ses proches, la rencontre avec cette jeune fille… Et puis d’un coup, tout serait devenu tragique. Avec ce genre d'enchaînement, le spectateur peut vite être déçu ou choqué en voyant que finalement, c'est une tragédie sans qu'aucun élément ne le suggérant la chose avant. Nous en avons beaucoup parlé au moment de l’écriture du scénario. On a envisagé le film avec cette scène et sans et j’avoue ne toujours pas savoir si nous avons pris la bonne décision.
N'y a-t-il pas un peu du personnage interprété par Jude Law dans I.A. (de Spielberg) dans le le personnage de Max, le majordome-robot ?
Pas vraiment. Il est très bien écrit mais il est beaucoup plus sophistiqué que Max, et Jude Law est un "robot-sexuel"… (rires) Max se rapproche davantage de C3PO, en version humaine et non en métal. D’ailleurs, il y a même des répliques qui rendent hommage à C3PO, quand Max parle de ses différentes fonctionnalités. Comme C3PO, ce robot essaie toujours de se vendre à son utilisateur. J’apprécie vraiment la première trilogie Star Wars tout en ayant une préférence pour le premier épisode. C'est un chef-d'œuvre. Mon intérêt a diminué avec les suites, que je trouve un peu trop sophistiquées. J'ai du mal à retrouver le point de vue d'une robot. Mais je peux comprendre l'intérêt qu'ont les hommes à être en relations avec les robots.
« What do you see when you close your eyes ». Cette phrase revient souvent dans le film (et qui promet une fin tragique pour les robots). D'où vient-elle ? A-t-elle une signification particulière ?
Quand on côtoie le monde scientifique, on se confronte à un monde de gens distants, dans leur monde, des geeks, des nerds. Parfois, ils mettent une touche poétique dans leur travail. On a le cas dans l'appellation des planètes. Donc nous avons essayé d’ajouter une dimension poétique à ce monde technologique. Cette phrase est habituellement destinée à quelqu’un qui s’apprête à rêver, une chose qu’aucun robot ne peut faire, du moins avant l'arrivée d'Eva.
© Wild Bunch Distribution
Concernant les "problèmes éthiques" liés aux intelligences artificielles du film : débrancher un robot de cette qualité émotionnelle ne ressemble-t-il pas à un meurtre ?
Effectivement, il y a un certain paradoxe : c'est tellement facile de débrancher un robot ! Même si un robot comme Eva est tellement ressemblant à la réalité, et cette ambiguïté que nous avons lorsqu'on se demande si on a une réelle relation avec elle... On n'y fait pas vraiment attention mais avec leur ressemblance parfaite, toute la dramaturgie se trouve avant la désactivation. (SPOILER) Le personnage d'Alex a la responsabilité de le faire car son égocentrisme le lui ordonne. C'est un peu l'histoire d'Ulysse et de Télémaque dans la tragédie grecque. C'est Alex qui met toutes ces émotions dans le robot lors de sa création, donc c'est à lui d'y mettre fin lorsque le chaos débarque dans l'univers de Lana, David et Eva. (FIN SPOILER)
Utiliser Space Oddity de David Bowie, était-ce une idée que vous avez eu pendant le tournage ?
J'ai pensé à cette scène 6 à 7 mois avant le tournage. Quand je l'ai écouté enfant, c’était la première fois que j’entendais parler de science-fiction dans une chanson. En grandissant, on apprend à lire entre les lignes et on découvre d'autres significations. David Bowie y parle de SF, la musique est romantique (au sens allemand du terme) et cela date des 70's, soit les trois lignes directrices pour l’esthétique d’Eva.
Le décor du film n’est pas futuriste et contraste avec les prouesses technologiques dont font preuve les robots, qu’est-ce qui a motivé ce choix ?
Ce choix était artistique mais surtout lié à nos restrictions budgétaires (rires). Je n’avais pas envie de me lancer dans la construction d’un futur déjà vu maintes fois dans d’autres films et qui trancherait radicalement avec notre présent. Je pense que ce changement ne sera pas aussi radical. Rien que sur cette table (lors de l'interview, ndlr) il y a près de cinq machines, téléphones, enregistreurs numériques, des appareils de dernière génération… Et je pense que les technologies vont continuer à s’intégrer naturellement dans notre quotidien sans le bouleverser pour autant esthétiquement. Mon film parle de nostalgie des 70's, le protagoniste principal revenant dans le village de sa jeunesse, je voulais donc que le décor inspire un sentiment de confort plus que de froideur technologique. Et pas comme dans Minority Report, par example.
Les effets spéciaux du film sont assez impressionnants…
© Wild Bunch Distribution
Quand on a voulu monter le film financièrement, on nous répondu qu'on était des fous. Personne n’avait fait de SF depuis plus d'une dizaine d’année en Espagne (le dernier étant Ouvre les yeux). Et encore moins avec des robots ! On a fait un court-métrage (qu'on a tourné en Andorre après un week-end bien neigeux) avec d'autres acteurs pour montrer ce dont on était capable. On y a mis quelques uns des effets spéciaux. Et toutes les idées reçues que les gens avaient à ce sujet ont disparu. Quand vous dépasser le mur qui se tient devant vous, il y a beaucoup de territoires à conquérir… Mais on s'est dit qu'on allait faire le film avec notre savoir-faire, avec ce qu'on sait gérer. En Espagne, on met des effets spéciaux dans des productions comme la pub, mais jamais on est allé vers le cinéma avec ce savoir-faire. On savait contrôler le métal, le cristal mais pas les éléments comme l'eau. Nous devions donc définir des limites techniques à notre imagination, des contraintes finalement très stimulantes pour la créativité. Nous avons aussi essayé de mélanger le plus possible les CGI (effets spéciaux, ndlr) à des effets plateaux et animatroniques afin de donner aux effets un aspect le plus concret et physique possible. Ce fut le cas pour le prototype d’enfant robot qui combine les deux écoles (c'est une vraie fille qu'il y'a sous le costume du robot sur lequel Alex travaille). Pour le système de programmation utilisé par Alex, nous nous sommes surtout inspirés de la "phrénologie" c'est-à-dire la science (développée en France au XIXe siècle) qui partait du postulat qu’à chaque partie du cerveau correspondait une capacité particulière. Mais je pourrais parler pendant des heures des effets du film, c’était un travail vraiment passionnant.
© Wild Bunch Distribution
Pouvez-vous nous parler un peu plus de la petite fille et de l’écriture de son personnage ? Les relations entre Eva et le programmeur sont assez particulières…
Là réside l’un des paradoxes qui m’a le plus plu au début du projet. Alex, le programmeur, est en quête d’un modèle pour son robot enfant et il choisit finalement Eva qui n’est pas vraiment une petite fille de 10 ans. En tout cas les blagues qu’elle lance à Alex et ses actions (qui sont à la limite du flirt) ne sont pas du ressort d’une gamine de son âge. Et c'est de là que vient une certaine fascination pour cette gamine. Le personnage d'Eva est écrit comme une femme dans le corps d’un enfant, une lolita en quelque sorte. Elle est capable de jouer avec le mot "pervers", par exemple. Ça, c'est une blague qu'on fait lorsqu'on a 16 ans, pas 10. Nous avons d’ailleurs eu beaucoup de chance de trouver cette jeune actrice après plus de 3 000 auditions. Quand on mélange SF et mélodrame, sans science-fiction, thriller ou action, on doit avoir de très bons acteurs. Après 5 ou 6 mois sans trouver la fille idéale nous avons même songé à abandonner et réécrire le rôle ! J'ai l'habitude de travailler avec des enfants, et c'est souvent difficile d'en trouver un qui soit capable de comprendre le texte, ce que fait son personnage et pourquoi il le fait. Claudia (Vega) dégage une réelle empathie et elle a une palette de jeu incroyable. Elle était d’ailleurs tellement parfaite (elle ne se plaignait jamais du froid polaire, par exemple) que la blague récurrente sur le plateau était de dire que nous avions casté un robot ! 
Quels sont vos prochains projets ?
Je ne sais pas. Me reposer. Voir s’il y a des bons scripts de fantasy… Mais je reste ouvert à d’autres genres de films : action, mélo, comédie musicale… Nous sommes actuellement sur plusieurs premiers jets de scénario mais, sérieusement, je ne sais pas quel est mon prochain projet.
Pas de Eva 2, le Retour de prévu donc ?
(Rires) Non, non ! Je laisse ça aux Américains… S’ils veulent faire un remake, un reboot, une suite, une prequel ou une sequel, cela me ferait très plaisir !

mardi 20 mars 2012

John Carter : des martiens qui font mal... au porte-monnaie !


En général, lorsque les Martiens débarquent, les humains finissent à la casserole. Et bien avec John Carter (critique ici), ce sont les producteurs de chez Disney qui risquent leur peau au vu des résultats catastrophiques seulement deux semaines après la sortie de ce qui devait être un blockbuster. En Amérique du Nord, le film n'a rapporté à ce jour qu'un peu plus de 53 millions de dollars en 15 jours.
La petite plaisanterie visuelle d'Andrew Stanton va coûter la bagatelle de 200 millions de dollars aux studios aux grandes oreilles selon les chiffres annoncé par le groupe lundi dans un communiqué. John Carter est loin d'avoir atteint les objectifs d'un film au budget estimé de 250 millions de dollars, auxquels s'ajoutent 100 millions de dollars de promotion.

Andrew Stanton, un cinéaste d'animation, nous avait plutôt habitué à frôler les sommets des affiches avec un pedigree jusqu'alors irréprochable (il a signé les chefs-d'oeuvre de Pixar Le monde de Nemo et Wall-E, ainsi que les scénarios des trois Toy Story).

Disney compte maintenant sur les grosses machines de ses filiales Marvel et Pixar pour renverser la vapeur dans les mois qui viennent, comme Avengers, qui réunit les super-héros de Marvel (fin avril en Europe et le 4 mai aux États-Unis), tandis que Brave, dernier opus original de Pixar, est attendu le 22 juin en Amérique du Nord et début août en Europe.

The Amazing Spider-Man : une promo qui démarre fort !


La promo de The Amazing Spider-Man commence à se faire de plus en plus visible... En guise d'amuse-bouche : un site internet, une affiche et une nouvelle vidéo virale, tout en dérision, en attendant qu'elle tisse sa toile dans les salles le 4 juillet 2012.






Tout d'abord, si voir voler l'homme-araignée (rôle repris par Andrew Garfield) entre tous les buildings vous insupporte, que de le voir sauver la veuve et l'orphelin et attirer l'attention sur lui vous exaspère ou encore, qu'il sorte avec la belle Gwen Stacy (Emma Stone), vous pouvez enfin agir ! Aidez le capitaine George Stacy (Denis Leary) à coffrer l'homme en juste-au-corps en dénonçant ses agissements sur webbedmenace.com. Sur ce site lancé par Sony pour promouvoir la sortie de The Amazing Spider-Man, vous trouverez aussi un poster à l'effigie du gars le plus recherché par la police, vous donnant les coordonnées des forces de l'ordre si vous le voyez passer.



Une fois votre petite affaire de délation citoyenne faite, vous pourrez vous convaincre d'avoir fait une bonne action en regardant un (faux) reportage réaliser par le journal où travaille Peter Parker (alias Spider-Man, pour les plus éloignés de la saga...), le Daily Bugle. Dans ces images, une bande d'artistes de rue soutenant l'action de l'homme-araignée tague l'emblème du sauveur masqué partout dans la ville. Ce qui ne manque pas d'énerver Georges Stacy, policier de son état et accessoirement père de Gwen, la petite amie de Peter Parker. (Ça va ? Tout le monde suit ?)


Voilà une promotion bien ficelée qui joue sur la frontière fiction/réalité et qui risque de cartonner auprès des fans. Petit rappel, The Amazing Spider-Man est le reboot de la trilogie de Sam Raimi. Dans ces nouvelles aventures, notre arachnide humaine en collants préférée fera face au Lézard et tentera de découvrir pourquoi ses parents ont été assassinés.



Eva : au-delà des effets techniques...


Pour vous donner envie d'aller voir Eva (critique ici), mon coup de cœur du moment, voici quelques vidéo du making-of (et l'interview du réalisateur). Et pour en remettre une couche, il faut tout de même rappeler que ce petit bijou visuel a été de nombreuses fois récompensé entre autre avec le Prix du Public au festival du film fantastique de Gérardmer, le Grand Prix du Jury aux Utopiales de Nantes, et 3 Goyas (l'équivalent des César en Espagne).

Petit rappel pour la mémoire (ou pour ceux qui n'auraient pas cliquer plus haut...
"2041, Alex, un ingénieur de renom, est rappelé par la Faculté de Robotique, après dix ans d'absence, pour créer le premier robot libre : un enfant androïde. Il retrouve alors Lana, son amour de jeunesse, et son frère David, qui ont refait leur vie ensemble. Et il va surtout faire la connaissance d'Eva, sa nièce, une petite fille étonnante et charismatique. Entre Eva et Alex se crée une relation particulière, et ce dernier décide alors, contre l'avis de sa mère Lana, de prendre Eva pour modèle de son futur androïde..."


L'histoire  (cliquer ici) :


La neige :

 

Le rétro-futurisme :

Critique : Hunger Games : Préparez-vous à vous battre ! (21/03/12)

HUNGER GAMES 
De Gary Ross
Avec Jennifer Lawrence, Liam Hemsworth, Jsoh Hutcherson, Stanley Tucci, Elizabeth Banks...

Quelque 30 millions de jeunes dans le monde ont déjà lu un ou tous les volumes de la trilogie Hunger Games, lancée en 2008 et écrite par Suzanne Collins. À l'instar des sagas Harry Potter et Twilight, Hunger Games est le dernier best-seller de la littérature jeunesse et un blockbuster dont le succès est d'ores et déjà annoncé. Un phénomène de société en puissance qui tombe à point nommé... Le sorcier à lunettes à définitivement rangé sa baguette, Edward Cullen et sa clique rentreront une bonne fois pour toute leurs crocs en novembre prochain. La voie est donc libre pour une nouvelle épopée fantastique. Et les 100 millions de dollars investis par LionsGate le prouvent bien (c'est à peu près le triple de ce qui avait été mis dans le premier Twilight). En espérant que le succès soit au rendez-vous...


Pour maintenir la paix, la cohésion sociale et prévenir toute révolution, le gouvernement de pays baptisée Panem, a recours à… un show télévisé ! Chaque année, un garçon et une fille âgés de 12 à 18 ans vivant dans les 12 districts sont tirés au sort pour participer à un jeu d'un genre particulier. L'unique règle : survivre quoiqu'il en coûte. Sous le regard des téléspectateurs hurlant d'enthousiasme, les enfants s'entre-tuent, manipulés par les astuces mortelles du producteur de l'émission pour en mettre plein la vue. L'héroïne, Katniss Everdeen (Jennifer Lawrence), est une tireuse à l'arc d'exception originaire d'une région minière qui devient une véritable Jeanne d'Arc, faisant figure de rebelle sacrifiée : elle se désigne volontaire pour participer à ce jeu létal à la place de sa petite sœur.

La violence des romans n'a pas dégoûté les jeunes lecteurs, loin de là. Suzanne Collins a su trouver le juste équilibre entre une amourette entre deux héros que tout oppose (qui vire à un trio "déchirant"), un terrain hostile qui fait tout pour les séparer, des méchants arrogants (et stupides), etc. Et le tout dans un décor improbable et des milliers de figurants aux costumes incroyablement colorés et fantasques. Une configuration mais plus qu'efficace.



Dans l'arène... se battre pour survivre


Bien que la saga possède une base de fans commune à Twilight (et un marketing passé au bulldozer) Hunger Games est susceptible d'attirer un public beaucoup plus large. Oubliées les mièvreries vampiriques, les thèmes que cette nouvelle sage traite et décortique avec talent explorent la culture du jeu, la dictature de l'image, l'abrutissement des masses… Des sujets résolument d'actualité, en ces temps d'images violentes et peu censurées sur tous les écrans, pouvant intéresser autant les filles, les garçons, toutes générations confondues.

Gary Ross à qui l'on doit La Légende de Despereaux, Pur Sang - la légende de Seabiscuit, Pleasantville (entre autres) réalise un véritable tour de force : une adaptation qui se transforme en vraie création cinématographique visuelle (sans en faire de trop), sans pour autant faire l'impasse sur la profondeur des personnages et sur un scénario construit et intelligent. Tour à tour présentés plutôt finement (même traitement réservé aux rôles secondaires), ils se révèlent (ou se confirment) être parfaitement interprétés pour la plupart. On pense notamment à la petite Rue (Amandla Stenberg) saisissante de justesse, à la fois jeune innocente jetée dans l'arène et un brin espiègle. Quant à Katniss, Gary Ross parvient à la rendre touchante et guerrière froide à la fois. On s'attache à son histoire et son apparente distance révèle une force physique et mentale à toute épreuve. Dans ce rôle, Jennifer Lawrence nous offre un jeu naturellement efficace (souvent un peu mono-expressif), qui se révèle petit à petite, dans cet univers bien ficelé.


Le réalisateur fait faire au spectateur des va-et-vient entre l'intérieur de l'arène et l'extérieur (les populations des districts devant leurs écrans, les dirigeants du Capitole, le producteur contrôlant les événements du jeu...), le tout en permanence relié à Katniss. Le scénario se révèle à la fois très dense et plus en retenu sur les scènes de chasse à l'homme qui risquaient d'alourdir le tout inutilement. On apprécie des moments de pause distillées ici et là comme pour instaurer le calme entre deux moments de violence, sans pour autant quitter complètement la compétition. Une violence dans un monde futuriste qui rappelle celle que l'on voit tous les jours, à longueur de JT.


Hunger Games dénoncent le voyeurisme banalisé et le sadisme convenu des émissions de télé-réalité qui ont envahit nos petits écrans depuis plus d'une décennie. Ici point d'histoire malsaine faisant l'apologie de la violence et du meurtre de sang-froid. On reproche à l'écrivain d'avoir fait des enfants la cible (et les acteurs de par le fait...) du massacre. Un tabou que le roman et le film japonais Battle Royale avaient déjà brisé (bien plus violemment encore) en 1999. L'innocence des enfants doit être préservée. Mais au vu du succès du en librairie de Hunger Games, il sera difficile de les éloigner de ce qui sera assurément un succès de la culture populaire cinématographique. Les paris sont ouverts !

En résumé : Hunger Games est finalement plus qu'un "teen movie". Point de naufrage littéraire avec des dialogues sirupeux ou des regards langoureux qui durent des plombent. Les scènes d'action sont maîtrisées et les acteurs crédibles. Que l'on soit fan des livres ou non, on se prend au jeu. Hunger Games permet à chacun d'y trouver son bonheur et on peut d'ores et déjà s'attendre à une trilogie qui sera réussie (en tout cas on l'espère).


Cliquer sur l'image pour voir la bande-annonce :





lundi 19 mars 2012

Président ou tueur de vampire ?

Abraham Lincoln : Vampire hunter... Rien qu'en lisant le titre, certains prendront leurs jambes à leur cou. Les autres se diront "encore un titre loufoque qui se veut original, à la Cowboys & Envahisseurs". Et ceux qui restent pourront déclarer "encore un film pop corn qui n'encombrera pas mon disque dur cérébral". On peut en penser ce qu'on veut, mais ce titre annonce la couleur : rouge hémoglobine.

"History prefers legends to men"

L'Histoire est revue est corrigée à coup de crocs et de pieu. Adaptée du roman de Seth Grahame-Green (auteur d'Orgueil et préjugés et zombies), ce nouveau-métrage de Timur Bekmambetov (Wanted) nous embarque au XIXe siècle, dans la lutte occulte du Président des États-Unis (interprété par Benjamin Walker) contre les vampires qui veulent contrôler le Nouveau Monde. D'autres littératures se sont essayé au mélange des genres, sans grand succès (Jane Slayre et Queen Victoria : Demon Hunter). Mais on trouve l'inspiration où l'on peut ! Grahame-Green a trouvé la sienne dans une librairie où une pile de romans Twilight faisait face à une autre qui parlait de Lincoln. Il n'en n'a pas fallu plus pour en faire une histoire. En espérant que le résultat sur grand écran sera plus à la hauteur que le navrant Van Helsing.

Nous avons à ce sujet un espoir car Abraham Lincoln : Vampire Hunter est produit par Tim Burton, décidément très occupé cette année (avec Frankenweenie et Dark Shadows). Ce second trailer truffé de bastons, de haches affûtées, et de scènes très sombres à plus la vocation d'en mettre plein la vue, avec des effets visuels biens connus du réalisateurs, que de retracer l'avancée historique en matière de droits de l'Homme du président Lincoln. Rempli de ralentis tranchés à coup d'armes en tout genre (et pourtant, aucune giclée de sang à l'horizon... pour l'instant), il est censé nous mettre dans l'ambiance à coup de grandes phrases éloquentes, mais qui ont plus l'effet d'une enclume que d'un coup de rasoir aiguisé. Le tout accompagné d'un morceau de Johnny Cash pour appuyer le fait que "seuls les vivants peuvent tuer les morts". Voilà qui augure un film pour les fans du genre. Pourra-t-il dépasser ses frontières-là ?


samedi 17 mars 2012

Tim Burton : Deux pour le prix d'un !

C'est Noël avant l'heure. Quelques jours après l'ouverture de son exposition à la Cinémathèque Française, à Paris, Tim Burton ne chôme pas ! Celui que les "monstres réconfortaient étant petit" nous dévoile deux bandes annonces de ses deux films les plus attendus par les fans. 

Tout d'abord, Frankenweenie. Un conte émouvant sur le jeune Victor et son chien Sparky pas tout à fait comme les autres. Réalisé en stop-motion (comme L'Étrange Noël de Monsieur Jack, Les Noces Funèbres de Burton, et Coraline de Henrry Selick), en noir et blanc (un petit goût de "reviens-y" de The Artist ?) et entièrement créé en 3D. Une bande-annonce d'une beauté hors du temps et attendez patiemment sa sortie en salles prévue le 31 octobre prochain.




Le second trailer concerne évidemment Dark Shadows. Inspiré d'une série télé américaine des années 60, le film raconte l'histoire de Barnabas Collins (interprété par Johnny Depp). Ce jeune et riche séducteur commet un jour l'erreur de briser le cœur d'Angélique Bouchard, une sorcière terrible. Pour se venger, la jeune femme lui jette un sort. Barnabas est alors transformé en vampire et enterré vivant. Il se réveille deux siècles plus tard, en 1972, et découvre sa descendance.
Après un début sombre dans le style de Sleepy Hollow, la bande-annonce prend une autre tournure inattendue avec les tubes de T. Rex et Barry White. Dark Shadows se révèle être une comédie d'horreur avec des personnages hauts en couleurs (et à croquer...), tel celui interprété par Johnny Depp. L'acteur incarne un vampire à mille lieues de l'univers de Twilight (pour notre plus grand soulagement...). Bien déjanté comme on l'aime... Début des hostilités : le 9 mai prochain... On a hâte !

Interview : Daniel Radcliffe : Petit, tu deviendras grand (et flippant)


C'est non sans un certain plaisir que j'ai retrouvé Daniel Radcliffe pour la quatrième fois. Mais grande nouveauté : il a laissé tombé les lunettes, la robe de sorcier et fait disparaître la cicatrice de son front pour venir présenter La Dame en noir (critique ICI), un film "d'horreur" sonnant le retour des studios mythiques Hammer. C'est avec gentillesse, sourire et entrain (et une grosse migraine) que le jeune acteur britannique nous a parlé de sa carrière déjà bien remplie, de ses peurs et de ses envies.



Un film d'horreur après la saga Potter... Un drôle de choix pour quelqu'un qui n'aime pas avoir peur !
Il est vrai que je ne suis pas fan du genre en règle général. Ma première expérience avec les films d'horreur a été Dracula, qu'on nous avait diffusé à l'école dans un de ces moments où les profs nous collent devant un écran parce qu'ils ne savent plus comment nous occuper en fin d'année.

Vous commencer fort en participant à un film de la Hammer ! Vous connaissiez le travail des studios ?
© Metropolitan FilmExport
Sur la saga Harry Potter, j'ai travaillé avec des gens qui ont eux-mêmes bossé pour la Hammer, ou qui sont des descendants de ces gens-là. La personne qui s'occupait de mon maquillage sur Potter était la fille d'un des grands maquilleurs de la Hammer. Les œuvres de ce studio ont donné à l'industrie du film britannique une réelle identité et une place à l'international. Et à l'époque, c'était un vrai phénomène ! On avait l'impression que sur ce terrain-là, les Britanniques étaient meilleurs que les autres. Et j'ai grandi avec l'idée que les films produits par la Hammer ont donné à l'Angleterre une confiance en elle sur ce terrain-là, du point de vue commercial surtout. C'est une fierté de faire partie de la renaissance de la Hammer. À travers toutes les interviews que j'ai faites pour La Dame en noir, tout le monde m'a répété à quel point la Hammer a changé le monde du cinéma. Mais personne n'est capable de me citer l'un des derniers films qu'elle a produit (rires) ! On ne parle plus de ces films que comme des série B étranges et devenus un peu ringardes… C'est plutôt amusant.

Est-ce que la célébrité due à Potter est un frein ou un avantage ?
Pour l'instant, les réalisateurs que j'ai rencontrés ne sont pas obnubilés par mon rôle de Potter, et heureusement ! La célébrité apporte sont lot d'avantages et d'inconvénients. Les gens pensent que la façon dont je suis entré dans le monde du cinéma est la meilleure, à savoir être découvert et participer à une grosse franchise. Dans un sens, ça l'est. C'est un entraînement fabuleux; cela vous met sous les lumières et vous rend la vie plus facile. Mais la meilleure façon d'y arriver est plutôt d'être découvert à Sundance ou à Cannes parce que vous êtes remarqué par un directeur ou un scénariste pour ce que vous êtes. Arriver dans ce monde n'est pas tant de lutter pour se faire remarquer, mais de susciter la "bonne" attention. Je suis bien conscient que ma présence dans un film va aider les producteurs à le monter financièrement. Mais je ne veux pas devenir celui qu'on appelle pour amasser l'argent plus facilement. Dans le meilleur des cas, la célébrité devrait d'abord être le produit dérivé d'un bon travail. Si vous cherchez la célébrité à tout prix, vous allez vous planter et vous le mériterez. Mais si vous travaillez, si vous vous améliorez, le reste viendra tout seul.

Êtes-vous content de vous être "libéré" de votre rôle de sorcier ?
© Metropolitan FilmExport
C'est marrant parce que je ne veux pas vraiment abandonner Potter parce que j'aime ce rôle. Il m'a tout donné : une vie géniale, la passion du cinéma, 10 ans d'expérience sur un plateau, l'opportunité de faire du théâtre avec Equus et une comédie musicale How to succeed without really trying. Mais un peu quand même ! (rires). Je ne me fais aucune illusion quant au fait que les gens vont voir La Dame en noir en se disant "oh, ce n'est plus Harry Potter, c'est un acteur complètement différent". Mais ce que j'espérais -- et ce qui est en train de se produire -- c'est que ce film est une bonne transition. Je sais que celle-ci va prendre quelques années et demander 3 ou 4 films. Le challenge est de trouver plusieurs rôles à la suite qui vont me dissocier de Harry,  et de "bons" rôles qui amèneront le public à me voir dans de nouveaux environnements. Plus personne ne parle aujourd'hui de Sean Connery en tant que James Bond… euh, ce n'est pas vrai (rires). En revanche, on n'a jamais eu l'impression que ce rôle l'ait enfermé ou empêché de faire autre chose. De même pour Harrisson Ford et son rôle de Han Solo. Si vous regardez leur carrière après ces films, ils n'ont pas arrêté de tourner. En particulier Harrisson Ford. Et c'est là que tout se joue : il faut montrer aux gens que tu as envie de faire des choses différentes et que tu le feras en apparaissant dans des films divers. Pas forcément le plus souvent possible. Mais j'aimerais au moins faire deux films cette année, et dans un monde idéal un troisième pour rappeler aux gens que je vais faire autre chose que Potter maintenant.

Quand on a votre succès, est-ce qu'on a des craintes, des doutes ?
© Metropolitan FilmExport
Je suis terrifié par l'idée de ne pas accomplir tout ce que je souhaite faire dans la vie et dans mon métier. Je serai ravi de pouvoir mourir à 90 ans sur un plateau de tournage. Si je n'ai pas la chance d'y passer autant de temps que cela, je serai déçu. J'ai surtout peur que quelqu'un me dise "tu ne peux plus faire de film" car j'adore tellement cela et je suis tellement heureux sur un plateau… Je suis à l'aise avec les conférences de presse, les junkets, les interviews, ça fait partie du job. Mais je sais que je suis surtout fait pour être sur un plateau, et rien ne m'en fera partir. C'est un endroit confortable car j'y suis depuis l'âge de 10 ans. En ce qui concerne les échecs, tout ce que je ne pourrais pas accomplir et le fait de ne pas pouvoir établir une vraie carrière au-delà de Potter... je ne sais pas comment je le prendrais. Mais je serais sûrement dévasté. Probablement, dans 10 ans, j'aimerais pouvoir passer à la réalisation. Mais pour le moment, je me concentre sur le métier d'acteur.

Vous aviez vu le travail de James Watkins (le réal, ndlr) avant d'accepter ?

J'ai vu Eden Lake la nuit précédant ma rencontre avec James. J'ai été terrifié ! Je me suis demandé de quel esprit bizarre était sorti ce film. Et puis j'ai rencontré cet homme intelligent, calme et très poli,  qui n'est pas du tout ce à quoi vous vous attendiez… En ce qui concerne le scénario, ce qui m'a attiré c'est qu'il ose être différent. C'est un film d'horreur mais ses thèmes sont tellement forts (la perte d'un être cher, la peine qu'elle engendre et ce qui pourrait nous arriver si on n'arrive pas à dépasser cette perte…) qu'ils diffèrent ce qu'on peut voir dans les autres films d'horreur. Je sais que c'était plutôt inattendu que je fasse ce type de film après Potter. Mais j'ai pensé que les fans du genre seraient surpris par ce film. En fait, j'aime faire ce que les gens n'attendent pas de moi !
© Metropolitan FilmExport
Il y a des points communs à Eden Lake et La Dame en noir : les villageois qui ne veulent pas de cet homme inconnu sans qu'il sache pourquoi, et le plus frappant : l'utilisation des décors comme un personnage à part entière. Comme la maison (et même toute l'île) dans La Dame en noir et la forêt dans Eden Lake. Ils ont une place prépondérante dans les deux films et James les utilisent pour créer un sens de panique, de confusion et de peur dans Eden Lake. Dans La Dame en noir , il joue sur la claustrophobie.


On a l'impression que vous aimez vous trainer dans la boue et la poussière dans vos films...
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Il est vrai que j'aime trainer dans tout ce qui est sale et boueux (rires). Il y a une scène où je dois aller récupérer quelque chose dans un marais. Et le tournage s'est fait sur 2 longs jours dans cette mixture gluante qui fait la boue (scène que James a déjà fait subir à Kelly Riley dans Eden Lake. Je suis trop gentleman pour oser lui faire ça, moi ! (rires)). C'est l'un de ces jours où vous vous dites "ok, c'est pour cela qu'on me paie et je ne vais pas me plaindre". J'ai horreur des acteurs qui se plaignent et gémissent dans ce genre de situation. Voilà pourquoi parfois les acteurs ont cette réputation d'excentriques et capricieux (même s'il n'y a pas de raison qu'on sache faire ce que fait un cascadeur… (rires)). Donc même si je suis dans ce genre de moment difficile où se plaindre et gémir serait normal, il faut savoir prendre sur soi et être à fond. Et quand James m'a dit à la fin des prises qu'il ne connaît aucun acteur qui l'aurait fait, j'ai fait "Yes !" (rires). C'est pareil, quand j'étais à Broadway l'année dernière, je n'ai pas manqué un seul spectacle, alors que maintenant, tout le monde manque au moins une soirée. Quand je me fixe un but, je ne veux pas y déroger. Quand j'ai tourné cette scène très intense, je me suis revu à 11 ans sur ce balai qui me faisait un mal de chien, et je me disais "ça va être génial à l'écran"…

Qu'est-ce que cela vous fait de vous voir sur d'énormes affiches partout quand vous vous balader dans les rues, comme à New York l'année dernière ?
Ce qui était le plus drôle, c'est quand les affiches du dernier Potter et celle de How to succeed étaient en face l'une de l'autre à Times Square... C'était un moment incroyable. Et c'est ce genre d'instants dont il faut profiter, même si cela paraît irréel et bizarre. C'est aussi une certaine fierté. J'ai travaillé comme un dingue sur la saga Potter et j'ai aussi travaillé comme un fou sur How to succeed. Non pas que ces affiches soient une validation de ce que j'ai fait. Mais c'est génial d'y penser alors que je n'ai que 22 ans (rires). Mais en général, je ne vois plus mon visage quand il est placardé. Mon esprit a dû développer un certain filtre qui me rend invisible à mes yeux.

Faire peur est-il devenu une seconde nature chez vous ?
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J'ai un certain plaisir sadique à faire peur aux adolescents. Mon plaisir le plus délectable et malsain est de choisir une personne dans la salle lors des avant-premières (en général une fille…), de la regarder pendant la projection et de guetter les moments où elle va sursauter. C'est aussi pour cela que j'ai accepté le rôle. C'est plutôt cool de jouer dans un film qui réellement flippant. Quand j'ai lu le scénario dans un avion, il y a eu quelques moments pendant lesquels j'ai eu un mouvement de recul (et tout le monde me regardait se demandant ce qui m'arrivait).
Sur le plateau, ce n'est pas effrayant car il y a toujours des membres de l'équipe dans les parages. Cela ne laisse pas le temps de réellement se perdre dans le sentiment que vous êtes en danger. Avec ma doublure (qui me remplace depuis le 4e Harry Potter) on avait l'habitude de se faire peur sur le plateau. Et je dois dire qu'il a réussit son coup ! Une nuit, il s'était placé côté passager dans la voiture sur le sentier (de la maison, ndlr) et quand j'ai ouvert la porte, il a bondi sur moi.

Fini les bouquins d'école, les profs et les devoirs... Qu'est-ce que cela vous a fait de prendre un coup de vieux en quelques mois ?
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Quand j'ai appris que j'allais jouer un personnage plus vieux que moi, je me suis dit que ça m'aiderait si la relation que je devais avoir une réelle alchimie avec "mon fils" pour être crédible. Alors j'ai demandé à James de faire passer une audition à mon filleul, Misha, parmi 5 autres acteurs confirmés. On ne peut pas substituer la réelle complicité que j'ai avec lui par une "construite". Et c'était vraiment très chouette de voir Misha sur le plateau car il était tout à fait conscient qu'il avait un travail à faire, qu'il devait être concentré pour y arriver. Et je n'ai pas réalisé sur le moment qu'il était vraiment excellent. Je pensais qu'il serait adorable mais il a vraiment délivrer une performance remarquable.

On a comme l'impression que Potter n'est quand même pas loin dans La Dame en noir...
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Bizarrement, La scène de mes adieux à mon fils c'est aussi dans une scène équivalente qu'on laisse Potter. Il est vrai que dans le dernier Potter, je dis au revoir à mes enfants sur le quai de la gare (face au train qui va à Poudlard, ndlr) et je fais la même chose dans le début de La dame en noir. Et encore plus bizarre, celui qui joue mon père dans Potter a joué Arthur Kipps dans la version originale télévisée de 1989. 

L'horreur et l'épouvante va être votre nouveau terrain de jeu ou vous aspirez à faire autre chose ?
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Je n'ai pas envie de jouer dans un type de film particulier. Si j'avais à choisir, je ferais bien une comédie car je n'en ai jamais fait. D'avoir fait How to succeed pendant un an et d'avoir fait un sketch pour le Saturday Night Live (talk show américain) a été un véritable entraînement et j'aimerais en faire davantage. Mais au-delà de ça, je n'ai pas envie de me refuser quoi que ce soit pour l'instant --  à part peut être une franchise fantastique… (rires). Je veux juste ne pas me répéter. Gary Oldman n'a jamais fait la même chose. Les meilleurs acteurs cherchent à aller là où ils ne sont jamais allés. Et j'aimerais vraiment y arriver. En ce moment, je tourne Kill your darlings dans lequel je joue un jeune homme de 19 ans (l'histoire craie du meurtre de David Kammerer par Lucien Carr, ami des écrivains Kerouac, Ginsberg et Burroughs, avec Elizabeth Olsen, Michael C Hall, Ben Foster, Dane DeHaan..., ndlr).

Comment pensez-vous construire votre carrière ?
Je n'ai jamais eu une façon de procéder. J'ai toujours fait confiance à mon instinct et pris mes marques. Et jusque là, ça a payé. Mais maintenant, quand je me regarde, je vois quand je ne donne aucune intention à mon jeu et que j'aurais dû faire ça plutôt que ça. Et sur Kill your Darlings, John (Krokidas) me donne des indications, des façons de travailler et je me dis "mais comment ne m'en a-t-on jamais parlé avant ?" Alors j'apprends et je vais désormais travailler de façon à ce que je sache exactement où je veux emmener la scène avant d'y aller et le résultat que je veux donner à chaque réplique. Et c'est ce sur quoi je veux travailler les prochaines années. Et si j'avais à travailler avec un réalisateur en particulier, ce serait les frères Coen. Car ils font des films drôles, noirs et humains à la fois.

Voilà un registre dans lequel nous aimerions le voir aussi, car on ne peut que constater que son pouvoir comique (visible dans la vie) ne demande qu'à s'exprimer à l'écran. Mais à trop vouloir casser son image, ne va-t-il perdre sa base de fans et se perdre tout court ? Le grand Leo (Di Caprio) l'a fait après Titanic. En espérant que Daniel aura toute l'intelligence (et le talent) pour suivre ses pas. En tout cas, on lui souhaite bonne chance !

© NBC

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samedi 10 mars 2012

Sur la route : les premières images...


Tout beau, tout nouveau... Le nouveau trailer de Sur la Route du Brésilien Walter Salles (qui avait déjà le goût du voyage en 2004puisqu'il a réalisé Les Carnets de Voyage). Ce long-métrage adaptant le plus connu des livres de Jacques Kerouc (publié en 1957) sortira le 23 mai prochain en France. 
À la production, on retrouve Francis Ford Coppola (sorti de Twixt et de ses rêves oniriques et vampiriques -- dont la critique sera ici sous peu). L'histoire, réputée inadaptable car peu narrative, pourrait bien être sélectionnée au prochain festival de Cannes. Mais patience, la liste des sélectionnés ne tombera pas avant un bon mois...

En attendant, voilà ce qu'on sait de l'histoire... 

Au lendemain de la mort de son père, Sal Paradise (nom fictionnel pour désigné Kerouac joué par Sam Riley), apprenti écrivain new-yorkais, rencontre Dean Moriarty (alias le vrai Neal Cassidy, interprété par Garrett Hedlund), jeune ex-taulard au charme ravageur, marié à la très libre et très séduisante Marylou (Kristen Stewart). Entre Sal et Dean, l’entente est immédiate et fusionnelle. Décidés à ne pas se laisser enfermer dans une vie trop étriquée, les deux amis rompent leurs attaches et prennent la route avec Marylou. Assoiffés de liberté, les trois jeunes gens partent à la rencontre du monde, des autres et d’eux-mêmes. 

Voyageant en auto-stop, logeant chez qui l'accepte, partageant femmes et alcool, Les héros s'abandonne à la loi du hasard, à la recherche d'une fraternité réelle. Des moments d'euphorie, de passages à vide et d'échecs ont fait le succès de ce livre de la "beat generation". 
La bande-annonce intrigue, tant par sa voix off brisée et envoûtante que ses moments psychédéliques de laisser-aller exutoires. En plus des 3 jeunes héros, on y retrouve Viggo Mortensen, Kirsten Dunst, Amy Adams, Terrence Howard. Que du bon ! Pourvu que le film le soit...

vendredi 9 mars 2012

Critique : John Carter : Attention Martiens, un humain débarque (14/03/12)

Si Avatar, La Planète des singes ou Star Wars n'avaient pas existé, il est certain que John Carter aurait amené une réelle nouveauté dans le genre fantastique, avec son jeune héros venu d'une autre planète, tombant amoureux d'une indigène et se faisant accepter par ce peuple du fond de notre galaxie. Finalement, le film d'Andrew Stanton et son budget faramineux de 250 millions de dollars s'avère être un film pop-corn (et un peu kitsch ?) plutôt agréable à regarder mais sans réel intérêt scénaristique. Mais sans nul doute, il va s'imposer comme un carton du box-office...


© Disney
Adaptation spectaculaire de La Princesse de Mars, le premier volume d'une série de 11 romans écrits par Edgar Rice Burroughs, papa de Tarzan, John Carter est un film qui mêle habilement le vieux et le neuf. La modernité avec la perfection des effets spéciaux numériques créant un monde imaginaire et des créateurs plus extravagantes les unes que les autres. On y retrouve des créature fascinantes première qualité des ouvrages de Burroughs, comme ces "hommes" verts de 3 mètres de haut dotés de 4 bras agiles et de défenses de mammouths, ce chien-lézard incroyablement rapide et affectueux, ces singes albinos géants et carnassiers et ces mammifères ovipares, ruminants aux longs bras avec une bouche au creux de chaque main. Le radiateur montre une imagination débridée tout en restituant avec fidélité l'univers presque centenaire de Burroughs. 
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Stanton garde pourtant une touche old school, avec toutes ces références évidentes et ses formes de récit qui ont très souvent nourri le cinéma populaire. Un soldat confédéré (Talyor Kitsch, alias John Carter) propulsé dans un monde qui lui est inconnu, où deux civilisations (Helium et Zodanga) se font la guerre. Sab Than (Dominic West), chef de Zodanga, possède une arme redoutable et veut soumettre le peuple d'Hélium en épousant Dejah Toris (Lynn Collins), la fille du roi (Ciaran Hinds). Bien évidemment, le preux chevalier John Carter, grâce à sa force physique et à sa ruse, va contrarier à plusieurs reprises les velléités du méchant Sab Than et défaire son armée. On retrouve avec un plaisir évident un type de récit qui renvoie au cinéma d'aventure hollywoodien, touchant aux péplums et aux films mythologiques talents de la fin des années 50 (toute proportion gardée...).

© Disney
  
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L'intrigue, simpliste et compliquée à la fois, est plutôt mal développée. On ne compte plus les fois où John Carter, cet Indiana Jones martien et gladiateur à ses heures, est capturé puis s'enfuit sans arrêt, inlassablement. Plus construit comme une suite d'incidents qu'une véritable histoire avec des arcs rythmés et des scènes élégamment enchaînées, le film se concentre sur le dilemme de la princesse Dejah, scientifique émérite qui n'a aucune envie d'obéir et de se marier pour des raisons politiques. A vouloir conserver leur identité (planétaire) propre et leur donner une certaine profondeur, les scénaristes ont fait de Dejah et John des personnages principaux basiques, de véritables archétypes : un bienfaiteur et une demoiselle en détresse. Leur romance amène de nombreux clichés à la limite du nain-nian, des minauderies irrépressibles et des regards (bleu lagon) sous le clair des lunes (oui, il y en a plusieurs sur Barsoom). Le scénario d'une platitude sans nom, et les dialogues dépourvu de reliefs, trop peu relevés par un humour basique, auront peine à faire lever les zygomatiques. On notera tout de même que le running gag du "Virginia" a fait son œuvre (je vous laisse la découvrir ci-dessous). Mais pour le reste, voilà une erreur étonnante quant on connaît le pouvoir hilarant de Pixar. On
© Disney
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Le réalisateur a confié qu'une fois les personnages "décryptés", tout reposerait sur le casting. Et là, on se demande bien comment les auditions ont été faites ! Taylor Kitsch, exilé de la série Friday Night Lights, manque encore d'expérience. Et s'il n'est pas mauvais dans la peau de John Carter, il n'arrive pas à transcender son personnage. Résultat, on a du mal à s'y attacher et à se soucier de son destin. Un peu dommage pour un rôle principal ! Quant à Lynn Collins, seule personnage féminin du film (en chair et en os... et en perruque !), est à la limite de provoquer de l'agacement. Si son verbiage l'ennuie, la gente masculine se contentera de regarder la superbe plastique de la belle dans son costume minimaliste. Seuls Mark Strong (Matai Shang, l'un des méchants) et James Purefoy (Kantos Khan, capitaine ami de John Carter) redonne un peu de couleurs à ce tableau délavé.


En résumé : Si ce blockbuster est un peu plat et gentillet, il n'en reste pas moins une chronique de science-fiction à grand spectacle, visuellement riche et étonnante. Les plus jeunes seront sûrement de meilleurs spectateurs que les adultes.

En bonus : 10 minutes du film, quelques extraits, et la nouvelle bande-annonce pour vous en faire une idée, et des interviews...
   
                         










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