samedi 10 septembre 2011

Critique : Trust : Ne faites confiance à personne (18 janvier)


Trust. L'acteur de Friends signe tout en émotion et retenue son second long-métrage, un drame policier présenté en compétition au festival.
Il est impossible de résumer David Schwimmer uniquement à Friends. Et au personnage du Dr Ross, le paléontologue fou amoureux d’une amie d’adolescence de la série-culte américaine, qui a fait les beaux jours du petit écran de 1994 à 2004. Au delà de la douceur, de la sympathie immédiate, de la simplicité qu'il dégage, on est très vite touché par l'homme. A 44 ans, le tout récent papa est mû par une sensibilité réfléchie et une profondeur dans son sujet. Après avoir fait ses premières armes de réalisateur en 2007 avec Cours toujours Dennis (comédie romantique interprétée par Simon Pegg, connu pour son « zombiesque » Shawn of the Dead), il s'attaque à un drame de société (lire interview).


De quoi ça parle ?

Une famille, des parents aimants, des adolescents qui s’épanouissent. Quand on les voit, Will et Lynn Cameron se sentent en sécurité dans leur banlieue tranquille. Chez eux, la nuit, ils dorment avec le sentiment que leurs trois enfants n‘ont rien à craindre. Lorsque Annie, 14 ans, rencontre virtuellement Charlie, un garçon de seize ans, sur forum de discussion, ses parents ne s'inquiètent pas. Ils se disent que c’est normal à son âge d’échanger grâce aux nouvelles technologies. Après plusieurs semaines de discussion en ligne, Annie se sent de plus en plus connectée, attirée et fascinée par Charlie, le seul être à la comprendre. Mais elle va réaliser peu à peu qu'il n'est pas ce qu'il prétend être…
Avec Trust l’apprenti réalisateur (comme il se définit) navigue à vue dans des eaux infestées de prédateurs. Un sujet casse-gueule tant le fond est encore tabou dont il tire des propos éclairés et non moralisateurs. Voilà qui nous
change !
 

Peut-on avoir foi et confiance en l'homme ?

L'analyse psychologique des personnages du film est d'une grande justesse. Et le résultat final est intelligemment filé, sans voyeurisme, ni pathos (tellement faciles dans ce genre de sujet…). Le prédateur sexuel (Chris Henry Coffey) qui séduit via internet une fillette de 14 ans (Liana Liberato, qui a l'âge du rôle) est manipulateur sans être lourdingue, faisant monter la pression petit à petit, tel le désir de celle qui le lit et l’écoute avec la plus grande attention. Il ment sur son âge, instaure un climat de confiance, de confidence, d'amitié. Il lui donne rendez-vous et… la viole. Tout en retenue, des images suggérées bien plus puissantes que si elles avaient été montrées. L’innocence perdue, l’adolescente continue à le défendre croyant encore à l’amour réciproque de son prince charmant.
Résultat : l’explosion d'une famille unie (Clive Owen en père empli de rage et Caterine Keener, mère compatissante). Et descente aux enfers d'une adolescente, qui oscille entre incompréhension, renfermement, rage, désespoir, dépression, déni de viol, acceptation et enfin résilience.

Un sujet que le réalisateur connaît bien étant membre du conseil d’administration de la Rape Center Treatment, une fondation qui aide les victimes de viol.
Touchant par son traitement émotionnel, révoltant parfois comme par exemple, lorsque l’un des amis du père d'Annie dit : « mais elle n’a pas été violée, elle le connaissait ». Et faisant parfois froid dans le dos lorsqu’on se rend compte à quel point Internet est insidieux et dangereux. Il instille un message de prévention, pour autant, le film ne fait pas l’apologie moralisatrice du monde sans nouvelles technologies. En espérant que ce témoignage, qui vaut ce qu’il vaut avec son enrobage fictionnel sauce grand public, fasse prendre conscience aux plus jeunes des dangers possibles des tchats sur Internet. Il est regrettable que le film soit interdit aux moins de 17 ans non accompagnés aux États-Unis...

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