dimanche 11 septembre 2011

Critique : Terri (en compétition à Deauville) : un laisser pour compte au grand coeur (08/08/12)

Jeune-homme au physique "hors norme" (Jacob Wysocki), Terri vit seul dans une maison isolée avec son oncle, qui commence à perdre la boule. Tête de turc toute trouvée pour des lycéens cruels et sans tact, il est la cible de moqueries permanentes. D'autant plus lorsqu'il décide d'aller en cours en pyjama. "Mais c'est confortable", répond-t-il à l'étonnement de son proviseur. A part quelques retards, aller au lycée n'est pas un problème pour Terri. Jusqu’au jour où le proviseur Fitzerald (John C. Reilly) le convoque dans son bureau. Une nouvelle "amitié" se créé entre les eux hommes, dans laquelle Terri se sent enfin accepté tel qu'il est. Mais le jeune-homme se rend compte que cet homme si jovial et farfelu n’aide pas que lui, mais plusieurs "cas atypiques" de son lycée. Il se sent trahi d’avoir été assimilé à ce groupe de jeunes  "freaks". Parmi eux, un tout jeune garçon brillant, anxieux et violent qui s’arrache les cheveux en permanence : Chad (Bridger Zadina). Malgré tout, une amitié naît entre les deux jeunes. Par ailleurs, Terri sauve la jeune et sensuelle Heather (Olivia Crocicchia) d’un renvoi après qu’elle a accepté des attouchements d'un lycéen au sang chaud. Aussi différents soient-ils, Terri, Chad et Heather, vont se soutenir dans leur mise aux rebuts de la norme. Et la rencontre inattendue avec le proviseur adjoint de son lycée, qui voit en lui l'adolescent qu'il était autrefois, va bouleverser l'existence de Terri, et lui faire découvrir que la vie peut être aussi faite de joie et de partage.

Un véritable coup de coeur inattendu. Davantage pour les deux acteurs principaux que pour le scénario parfois un peu abscons dans l'enchaînement de ses scènes. Inspiré du Cercle des poètes disparus et traversé par le genre teen movie (sans les lourdeurs scathologiques), ce portrait d'un adolescent mal dans sa peau taille XXL, au cœur sensible derrière une nonchalance gauche, est interprété avec brio par le jeune Jacob, tout aussi à l'aise avec son côté "outsider" à la ville comme à l'écran (interview "adolescence" à venir, que j'ai adoré faire. Encore un coup de coeur professionnel).

Ce deuxième film présenté en compétition à Deauville par Azazel Jacobs (après Momma's Man en 2008), aurait pu séduire le jury pour un prix, pour ses qualités aussi bien humaines que cinématographiques. Le scénario trouve le ton juste, des phrases qui font mouche, sans jamais forcer le trait ni caricaturer le propos. Il évite l'écueil du garçon à problèmes que rien ne sauve et qui en fait des tonnes pour se faire remarquer, (même si sur le fond, il les accumule pour son jeune âge). Il évite aussi soigneusement de s'enfoncer dans les clichés d'une dramatisation outrancière.

Alors qu'il est plutôt porté par un mode en demi teinte pendant toute sa première partie, le film prend une autre dimension lors d'une soirée à laquelle Heather s'est invitée chez Terri. Enthousiaste, il ne peut s'empêcher d'en parler à Chad, qui s'incruste pour une scène qui peut paraître en dehors du temps mais tellement parfaite de justesse. Les ados s'alcoolisent, avalent les médocs de l'oncle et le tout part joyeusement en sucette. Bridger Zadina est impressionnant pour son jeune âge. Cette soirée aurait pu virer au "threesome" sans la pudeur de Terri qui éclate en sanglots quand Heather, imbibée, le déshabille et lui montre ses seins. Voilà qui n'est pas courant lorsqu'il s'agit d'ados ! Une scène qui montre le point culminant de la sensibilité des propos tenus depuis le début. Le lendemain quand il se réveille, il découvre un mot de la lycéenne (correspondance déjà entamée en classe est également ravissante de nostalgie et de réalisme). C'est avec M. Fitzgerald qu'il le partagera avant de repartir heureux sans avoir "conclu" mais conscient d'avoir frôlé cette idée d'absolu amoureux (comme c'est mignon...) qui inspire tant les ados, et d'être devenu à cette occasion un peu plus adulte.


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