dimanche 11 septembre 2011

Festival de Deauville : Une clôture toute en audace, chanson et poésie

10 jours de festival, de grandes stars sur le tapis rouges, 14 films en sélection, et 2 jurys qui ont sûrement dû s'arracher les cheveux pour désigner les favoris de cette 37e édition du Festival du film américain de Deauville. Lors de la cérémonie, Olivier Assayas, président d'un jury, a salué la "richesse" des 14 films en compétition - dont 9 premiers films et 3 seconds - qui, avec "souvent des budgets minuscules (...) maintiennent une liberté de ton".


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Le gagnant du Grand Prix est le très psychologique thriller Take Shelter. Porté par un Michael Shannon magistral, il a visiblement renversé le jury du festival présidé par Olivier Assayas. Take Shelter (sort le 7 décembre en France) nous embarque dans la tête de ses personnages, et particulièrement celle de ce père de famille obsédé par les tornades. Celui-ci fabrique un abri souterrain persuadé que ce phénomène météo touchera bientôt sa famille. Anxiogène à souhait, et incroyablement mis en scène, le film vaut surtout pour la performance de son acteur principal, aux nerfs à vif, à la limite du psychopathe, et qui gagne ici ses galons de stars. Cette œuvre avant déjà fait ses premières armes sur la Croisette et y avait reçu le grand prix de la semaine de la critique. Fort... très fort !

Le "Prix du jury" a été remis à un premier film (qui n'a pas encore de distributeur en France), The Dynamiter, de Matthew Gordon, qui s'est exprimé en français s'il vous plait, entre émotion et excitation.
De quoi ça parle ?
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Robbie, un adolescent de quatorze ans, n'est pas d'humeur à se réjouir des vacances qui viennent de commencer à Glen Allan, dans le Mississippi. En proie à une crise d'angoisse, sa mère a une nouvelle fois quitté le domicile familial et il doit dorénavant s'occuper, avec sa vieille grand-mère, de son jeune demi-frère. Le réalisateur dépeint ici une Amérique des laisser pour compte. On constate vite que l’argent est quasi absent, les repas frugales et l‘hygiène minimale. Robbie n’a jamais connu son père et sa mère est présente par intermittence, il s’est donc développé tout seul, d'où sont côte brute de décoffrage. Il vole, il fournit le minimum d’effort à l’école. Alors que ce film débute sur les vacances d’été, on découvre que  Robbie est capable de s’exprimer avec profondeur, comme on le découvre au travers de la dissertation qu’il doit rédiger pour son proviseur. Il s’exprime bien, il est capable d’une grande attention envers son demi-frère et il est également doté de courage, celui de travailler dur dans une station service et de prendre en charge ce qui lui reste de famille.
Comme le signifie le réalisateur, il s’agit d’un film sur la possibilité de créer de l’espoir dans le pire des contextes. Malgré les nombreux obstacles qui se dressent devant Robbie, il parvient au quotidien à entretenir le rêve d’avoir une famille. 
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Detachment de Tony Kaye a reçu le prix de la critique internationale et le prix de la Révélation Cartier. Ce film, qui retrace le quotidien d'un professeur remplaçant à New York, a été le plus applaudi lors de la cérémonie de remise des prix. Le public a été visiblement conquis par son réalisateur Tony Kaye, longue barbe blanche et lunettes rondes noires, qui est venu interpréter une chanson avec sa guitare... Un classique à chacune de ses remises de prix. Et un vibrant hommage à New York victime du 11 septembre 2001.

C'est ensuite la poésie et le comique de situation en noir et blanc qui a fait sensation avec la projection de The Artist (en salles le 19 octobre), récompensé à Cannes avec le prix d'interprétation pour Jean Dujardin. Entre rires et larmes, ce petit bijou esthétique offre à Jean Dujardin un rôle sur mesure. Il y joue tel un orfèvre particulièrement inspiré (et quelle classe !) face à une Bérénice Béjo, toute en espièglerie et pétillant.
Est-il besoin de rappeler le synopsis ? Aller, pour les retardataires...  L'intrigue se déroule dans les années 1930, en pleine époque du cinéma muet. George Valentin est une vedette incontestée en la matière et adulée par les femmes. Il rencontre une jeune comédienne qui le frappe en plein coeur sur un plateau : la rayonnante Peppy Miller. Ils ne s'avouent pas leurs sentiments et continuent leur carrière chacun de leur côté. Et cette étoile montante du cinéma va bientôt faire tomber George dans l'oubli, devenant une héroïne des premiers films parlant. Une longue descente aux enfers commence alors pour l'acteur désormais désuet. Mais c'est sans côté la flamme de l'amour qu'a Peppy pour George. Un film où l'expression des émotions est prépondérante, l'interprétation des acteurs est capitale. Même leur compagnon à quatre pattes est incroyable ! Voilà un film comme on aimerait en voir plus souvent : des émotions pures et simples, qui touchent directemeent le coeur. Chapeau M. Hazanavicius !


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