lundi 5 septembre 2011

Festival de Deauville - J+2 : Parano, conduite, crocs et master class

(c) Tous droits réservés à TvCinephages pour les photos du festival, sous peine de poursuites


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Au matin de ce deuxième jour des festivités, les nuages sont de la partie, et n'ont pas eu l'intention de s'en aller avant la fin de la journée. Seule une poignée d'irréductibles fait le pied de grue aux abords d'un tapis rouge alors désespérément désert. En attendant les premières projections du jour, un écran géant rediffuse l'arrivée, sous les flashs des photographes, de l'équipe du film La Couleur des sentiment. 

En milieu de matinée, une rumeur persiste : l'étoile montante du cinéma américain Ryan Gosling (Blue Valentine, Drive - dont la critique sera en ligne ici sous peu) doit venir pour recevoir le soir même, l'un des tous nouveaux "Trophées du Nouvel Hollywood". Distinction que l'acteur doit partager avec Jessica Chastain. Rumeur éventée. Mais nous n'avons pas vu le bout du nez des nouvelles étoiles ! Concurrence de la Mostra de Venise ou désintérêt de la côte normande ? En tout cas, voilà qui n'est pas de bonne augure pour ce prix l'année prochaine !


Qu'importe l'essentiel était ailleurs. Entre le thriller psychologique Take Shelter (dont la critique est ici) et le film (parodique ?) de vampire Fright Night (la critique, c'est par ici), le "maître" est là. Après une apparition furtive la veille à l'ouverture, Francis Ford Coppola est venu discuter avec les festivaliers, en tout humilité mais sans oublier de révéler quelques secrets et fustiger le cinéma américain à gros budget. Extraits.


Culte de la célébrité, l'admiration qu'on a pour lui, lui qui a admiré Marlon Brando
"Ce sont deux époques différentes. Marlon Brando a été admiré et aimé dès l'âge de 25 ans, tout le monde voulait le connaître ou faire savoir qu’il le connaissait. Pour ma part, il m’a inspiré en tant qu’acteur. J’avais déjà Brando en tête pour un des mes premiers scénarios et aussi pour Conversation secrète, et finalement il a joué dans Le Parrain et Apocalypse Now. Ce dernier a été compliqué à monter (c'était la première production à propos de la guerre au Vietnam). en ce qui me concerne, j’ai dû batailler pour réussir à monter tous mes projets, j’ai dû me frayer un chemin vers la reconnaissance au fur et à mesure de mes films."

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Des films en 3D et son film interactif Twixt 
"L'idée de faire de Twixt une sorte de spectacle vivant m’est venue un peu en réaction contre l’enthousiasme de la 3D, surtout depuis Avatar. La 3D, ce n’est pas si nouveau, Alfred Hitchcock avait réalisé une version en 3D de son film Le crime était presque parfait, mais ça n’a pas lancé de révolution. Il est possible de rapprocher le cinéma d’autres formes d’art. Pour Twixt, je prévois des séances avec le montage en direct dans la salle, un peu comme un chef d’orchestre en musique. Le réalisateur présente ainsi à chaque fois une version originale. Ce titre Twixt signifie une zone d’ombre entre le jour et la nuit, entre le bien et le mal, entre la réalité et le rêve. Pour moi, ce film est à la fois un film personnel, une production à petit budget, et une romance graphique avec une certaine tradition gothique à la façon d'Edgar A. Poe."

Pellicule et numérique :
"La photo argentique disparaît au profit de la photo numérique. Il va se produire la même chose avec le cinéma. Dans quelques années, tout va se tourner en digital. Toutefois, ma fille Sofia refuse toujours de faire un film qui ne soit pas sur pellicule, elle préfère ce support traditionnel. Moi j’ai envie de découvrir ces technologies. Le passage du 35 millimètres aux images numériques transforme la manière de travailler. Maintenant on compose ses images avec des superpositions plutôt que par juxtaposition. On est à l’aube d’une période nouvelle pour l’art cinématographique, et cette évolution des moyens sera freinée par des intérêts économiques, on est dans une transition intéressante."
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L'influence des films américains et européens sur son œuvre
"Il y a cinquante ans, les studios hollywoodiens avaient une réelle influence et en même temps on découvrait un nouveau cinéma d’ailleurs : les films français et la nouvelle vague, les films italiens, Bergman et la Scandinavie, les films japonais… On voulait faire des films libres dans leurs sujets, mais les faire avec les structures américaines. J’ai eu cette double influence, je crois que je fais partie d’une génération bénie entre l'âge d’or d’Hollywood (Billy Wilder, King Vidor…) et les films européens avec des libertés de formes et de thèmes. Aujourd’hui ce qui est intéressant, c’est seulement le cinéma indépendant. Le cinéma commercial, ce n'est finalement que des suites ou les mêmes schémas dans les genres comédie/action/super-héros, il n’y a plus de drame. Certains cinéastes font des propositions intéressantes comme Wes Anderson, Steven Soderbergh et Woody Allen. L’enjeu est de réussir à faire des films très personnels.
Cette master class, fut surtout l’occasion de découvrir certains petits secrets du réalisateur :
- Il appelle Robert De Niro « Bobby ».
- L’un de ses films préférés est Cendres et diamant (du Polonais Andrzej Wajda).
- Son film Star Wars favori est L’empire contre attaque.
- Brando a jouer dans Le Parrain grâceà des petits cadeaux que Coppola lui a offerts : du vin et des petits gâteaux italiens. 
- Brando a longtemps été pris pour quelqu'un d'exécrable sur les plateaux de ciné pour son comportement. Mais ça n'était que quiproquo : l'acteur portait des boules Quiès en permanence.
- Les réunions de famille, dans ses vignes de Californie, sont sujettes à la création de pièces de théâtre en un acte à laquelle tous participent, pour donner aux petits le goût du spectacle. La recette a fonctionné avec ses enfants, Sofia et Roman, et ses neveux, Nicolas Cage et Jason Schwartzman. Et là, on aimerait bien être une petite souris.

(c) Tous droits réservés à TvCinephages pour les photos du festival



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