dimanche 18 septembre 2011

[Critique] Restless: un duo maudit touchant (21/11/11)

RESTLESS

De Gus Van Sant
Avec Mia Wasikowska, Henry Hopper...

Ils dénotaient sur la Croisette de par leur simplicité et leur fraîcheur. Mia Wasikowska et Henry Hopper (fils de feu Dennis Hopper) font partie des jeunes acteurs encore non usés et blasés par le métier. Et ça se voit ! Le duo qu'ils forment dans Restless, le dernier long métrage de Gus Van Sant, est d'une élégance rare et d'une sensibilité à fleur de peau éblouissante.



D'une rencontre de deux solitudes adolescentes, qui vont faire un bout de chemin ensemble, même si ce dernier est un cul-de-sac annoncé. Elle, est condamnée par une tumeur au cerveau, qui lui laisse quelques mois à vivre. Lui, assiste à des enterrements à répétition depuis qu'il a manqué celui de ses parents, à cause du coma dans lequel il est tombé après un accident de voiture (qui a coûté la vie à ses parents). Réunis par une fascination morbide pour la mort, ils avancent dans un destin ombragé, sans se laisser gagner par le spleen que la situation leur impose. Vivre à fond le moment présent sans penser au lendemain.


L'idée en elle-même pouvait sentir le sentimentalisme et le pathétique à plein nez (et à des kilomètres de la pellicule !). Mais Gus Van Sant, décidément inspiré par l'adolescence (après Will Hunting et À la rencontre de Forrester), a privilégié les éclats de rire aux larmes, les situations incongrues à celles attendues. Et tout du long, malgré le poids de la maladie, l'apaisement fait place à la noirceur.
À les voir tous les deux, on se dit que ce film leur ressemble et ne pouvait être joué que par eux. D'une douceur amère, tel un parfum de jasmin laissé sur un mouchoir ancien brodé. Mélancolique mais pas larmoyant (pourtant, c'était tentant !). Drôle aussi, emporté par un cynisme délicieux (que l'on constate déjà en voyant l'affiche du film...).

On peut regretter des personnages un peu clichés; mais leur complicité, la candeur et la luminosité de Mia, et la fraîcheur et le romantisme physique d'Henry nous entraînent malgré nous dans une réalité que leurs personnages ne se cachent, mais qu'ils détournent. L'innocence apparente des dialogues est est souvent rattrapée par quelques notes de cruauté. Mais les mots d'amour, comme ceux écrits par le fantôme d'un kamikaze japonais (ami imaginaire du jeune homme) avant de disparaître, ou la scène où les deux jeunes amants se donnent l'un à l'autre, sont d'une infinie douceur. Celle-ci qui laisse place à l'espoir malgré la douleur. 

En résumé : Un véritable manifeste contre le scepticisme et le cynisme ambiants, sans complaisance ni facilité.


Messages les plus consultés