lundi 15 octobre 2012

Critique : Bachelorette : Les filles se lâchent... (17/10/12)

BACHELORETTE
De Leslye Headland
Avec Kirsten Dunst, Lizzy Caplan, Rebel Wilson, Isla Fisher, Adam Scott, James Marsden...

Trois trentenaires amies depuis le lycée, à la réputation de fêtardes plutôt canons mais célibataires, se retrouvent à l'occasion du mariage de la quatrième de la bande... qu'elles prenaient régulièrement pour cible lorsqu'elles étaient plus jeunes à cause de son surpoids. Elles n'en reviennent toujours pas que celle qui était surnommée "la truie" se marie avant elles, avec en plus, le gendre idéal. Mais les voilà nommées demoiselles d'honneur. La veille de la cérémonie, après quelques verres et quelques grammes de poudre de trop, elles déchirent accidentellement la robe de la future mariée. Commence alors un compte à rebours pour réparer la-dite robe en quelques heures et recoller (tous) les morceaux d'une vie faite de frustrations.

La godiche, la coincée et la nympho


© Mars Distribution
Si la comparaison avec Mes meilleures amies de Paul Feig est inévitable de par le point de départ de l'histoire - le rassemblement de copines à l'occasion des noces de l'une d'entre elles - le résultat est tout de même bien moins drôle. Il est vrai que la caution Judd Apatow dans le premier a laissé des traces (scatho)... Si le film de Paul Feig fonçait tête baissée dans l'humour gras qui tache mais assumé, Bachelorette nous embarque dans une atmosphère particulière où malgré la comédie le mal être est palpable. Dommage que la psychologie des personnages, finalement assez communs, n'ait pas été davantage creusée. 

© Mars Distribution
Leslye Headland dresse le portrait d'une génération incapables de vivre une histoire d'amour, où les femmes sont vues comme le sexe faible, en plus d'être irresponsables, légères mais cruelles, irritables, inaptes à prendre une décision ferme et définitive. Regan (Kirsten Dunst) est devenue "une femme comme il faut" après des tas de sacrifices mais bégueule, engoncée dans une vie trop étriquée pour vivre des rêves. Gena (Lizzy Caplan) est une amoureuse déçue, abîmée par son passé et incapable de se projeter dans l'avenir. Et Katie (Isla Fischer) est une poupée écervelée sans aucun amour propre qui pense que coucher c'est aimer. Même entre elles, ce qu'elles appellent "amitié" a des relents d'hypocrisie et de jalousie mal dissimulée. S'il y en a une qui, par solidarité, consent à tenir les cheveux de la malade au-dessus du caniveau (et on compatit..), il en est d'autres qui ne se privent pas de casser du sucre sur le dos des autres.
© Mars Distribution
Le tableau n'est pas plus reluisant pour les hommes dépeints comme puérils, frivoles et futiles, qui usent et abusent de la gente féminine ou qui, au contraire, en espèrent beaucoup trop et finissent par se prendre les pieds dans le tapis... l'air benêt.


© Mars Distribution
Dans une ambiance hystérique des préparatifs de cérémonie, les scénaristes de Bachelorette ont davantage misé sur le côté provocation (qui avait plutôt bien fonctionner dans Mes meilleures amies), sortant l'artillerie lourdingue de la vulgarité à tout-va, des bons mots à tout prix et des gags de situation pas forcément drôles. Le résultat vogue entre feux d'artifice et gueule de bois. L'ensemble peut se voir comme un hommage à la cohésion féminine où des filles paumées, survivant en jouant les garces qui se démolissent toutes seules avant de démolir les autres, finissent par trouver à quoi tient le bonheur et essaient de s'en rapprocher de façon maladroite et grossière. 

© Mars Distribution
Si les grosses ficelles sont de sortie, il faut quand même souligner l'excellente prestation des actrices, en particulier celle de Lizzy Caplan. Cette trentenaire au succès discret malgré le ras de marée Cloverfield trace gentiment son chemin dans le monde de la comédie, surtout côté séries (Children Hospital, Party Down). En jouant la copine légèrement nympho dans Bachelorette, elle impose un style éclatant de fraîcheur, même en se lançant dans un monologue inspiré sur la fellation face à un inconnu dans un avion. Impassible mais rieuse, elle a ce charme piquant et craquant des actrices qui ont roulé leur bosse sans pour autant être blasée. Un plaisir de plus ? Voir Kirsten Dunst (surnommée "face de pute") se dévergonder à coup de vomi sur la robe et de petit coup vite fait dans l'ascenseur après le très sérieux et déroutant Melancholia.

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