lundi 29 octobre 2012

[DVD] Critique : Starbuck : Ce père inconnu, qui vous veut du bien

STARBUCK
De Ken Scott
Avec Patrick Huard, Juliette Le Breton, Antoine Bertrand, ...
Sortie DVD et Blu-ray le 7 novembre 2012

David Waozniak est un brave type vivant à Montréal, un gars que l'on pourrait qualifier de quadra atteint du syndrome de Peter Pan. Éternel ado, il est incapable de gérer sa vie professionnelle comme personnelle, enchaînant les mauvaises décisions. Il traîne sa carcasse dans la boucherie familiale sans véritable but dans la vie, jusqu'au jour où il apprend qu'il est le père biologique (accidentel) de 533 enfants suite aux erreurs à répétition de la banque de sperme où il allait (très) souvent plus jeune vendre sa semence. Les ennuis ne font alors que commencer : 142 d'entre eux ton formé une "class action" pour que la justice leur donne le droit de savoir qui se chaque derrière le pseudonyme Starbuck, nom emprunté par leur géniteur. Malgré le choc, David prend alors sa vie en main. Et inévitablement, il part à la rencontre de chacun tout en gardant son identité secrète. 


Foutrement humain

Si l'histoire n'a rien à voir avec la chaîne de torréfaction américaine, Starbuck en a l'arôme enivrant et la chaleur réconfortante et... humaine. Le film a un pitch aussi original et loufoque qu'imparable, mais à la question "que ferai-je si j'apprenais que j'ai 533 enfants?", le réalisateur tente de répondre par une comédie plein de bons sentiments dénués de cynisme, quitte à en rajouter un peu pour faire craquer les plus résistants.

Généreux, désarmant, on peut lui reprocher un manque de mordant et de tomber dans la caricature. Mais finalement, n'est-ce pas dans les rôles les plus marqués que les "feel-good movies" transmettent tout leur charme ? Finalement, tous ces archétypes sont appuyés pour mieux dégager l'unicité des caractères, ressentir l'humanisme débordant (mais pas dégoulinant) et la pluralité des individus comme essentiels à la vie, qu'on soit parent ou non. Il est clair qu'en cette période de crise et d'individualisme marqué, il est bon de voir que certains prône l'entraide, l'amour et l'acceptation des autres tels qu'ils sont. Non, ce n'est pas le monde des Bisounours pour autant !

David n'avait jamais pensé à la paternité, le voilà plongé en stage intensif malgré lui. Le réalisateur porte un regard doux-amer sur la situation, parfois avec un sourire crispé, mais toujours authentique. Si son personnage principal peut paraître pathétique au départ, il réussit à rendre certaines situations désespérées ou tristes drôles en offrant son ingénuité, sa simplicité et ses maladresses (et les vannes vaseuses de ses proches sur sa propension à sa branlette productive).

Sous ses traits de grand gamin pataud écrasé par la culpabilité, il veut essayer de faire au mieux en jouant les anges-gardiens auprès des ses progénitures. Bien évidemment, l'enchaînement des événements passe par le rappel des vertus de la famille, de l'honnêteté et de l'éternelle rédemption, très présente dans le cinéma nord américain. Mais les bons sentiments laissent transparaître un message double, critique et moralisateur qu'on constate au gré des différentes moues plus ou moins expressives de David face à ses enfants. Chaque démonstration de tolérance et de bonté d'âme est suivi de plans sermonneurs. Être un sportif reconnu est le summum de la réussite et de la satisfaction (vive le cliché du footeux plein aux as !),  être un bisexuel assumé aux multiples conquêtes est périlleux, être handicapé mental, c'est pas de bol mais on fait avec, et se droguer, c'est le mal absolu. On restera tout de même sur  la note positive disant qu'être père change un homme (et les fait grandir) même si la paternité n'est jamais idéale. Et pour les autres... tout n'est pas perdu pour autant, on vous rassure.

En résumé : Un film qui regonfle le moral, vous réconcilie avec la race humaine et donne l'envie d'aider son prochain.


BONUS :

- Entretien avec Ken Scott :
Le réalisateur raconte son partenariat avec Martin Petit dans l'écriture du scénario et l'importance du travail de groupe. Il explique les raisons du choix de Patrick Huard comme premier rôle, et le grand défi de la production, à savoir la multiplicité des lieux de tournage en fonction de chaque enfant rencontré.  Et particulièrement le tournage de la scène du match de football, qui s'est déroulée pendant un véritable match. Moment de stress pour tout le monde puisqu'il n'avait pas le droit à l'erreur.

- Scènes coupées :
Chapitre plutôt décevant car finalement, seules deux vraies scènes (pas capitales) ont été retirées du film final. Sinon, quelques phrases par-ci par-là on été enlevées. Sans réel grand intérêt.

- Le bêtisier :
Plutôt léger. Des bouts de scènes finalement peut nombreuses noyés parmi les moments les plus marquants et émotionnels du film. Ceci dit, l'ensemble n'est pas désagréable et c'est plutôt sympa de les revoir compilés.

- Le Quizz sur les expressions québécoises :
Plutôt ludique. On apprend ce qu'est un "Crisse de pawnshop" (qui ne s'utilise pas tous les jours), l'expression "Piger au hasard" ou encore "sloguer" quelqu'un. On voit alors ceux qui ont vraiment suivi le film !


Messages les plus consultés