dimanche 1 janvier 2012

Critique : Une vie meilleure : surendettement et galères, mais une envie de vivre à toute épreuve (4 janvier)


Les drames de société sont nombreux ces derniers temps sur le grand écran. Cedric Khan (Feux Rouges, Les regrets) a quant à lui préférer offrir avec Une Vie meilleure une vision très actuelle, sans fioritures et pertinente, sur la spirale infernale de l'endettement emprunté par un jeune homme un peu paumé mais ambitieux. D'après l'œuvre de Philippe Routier, Pour une vie plus douce, le réalisateur nous plonge dans ce long métrage engagé où la lutte quotidienne est de mise pour survivre dans une époque où les banques prêtent à n'importe qui sans aucune garantie. Une ère de crédits revolving et de difficultés économiques mise en scène de façon crue et frontale, ancrée dans le réel, avec des comédiens professionnels ou non, et où l'improvisation a toute sa place pour être "plus vrai que nature". 


De quoi s'agit-il ?

© Mars distribution
Yann (Guillaume Canet), cuistot dans une cantine scolaire, vient tout juste de rencontrer Nadia (Leila Bekhti), jeune serveuse et maman seule avec son jeune fils Slimane (Slimane Khettabi). C'est le coup de foudre. Le couple voit grand et veut retaper une bicoque perdue au milieu de nulle part pour end aire un restaurant. Ils empruntent à la banque, mais malgré le serrage de ceinture, les difficultés financières s'accumulent et l'argent vient à manquer. Afin d'y voir plus clair et de trouver les fonds nécessaires pour accomplir leur rêve, Nadia part au Canada pour trouver un job et confie son enfant à Yann. Commence alors une course pour la survie de deux êtres qui se connaissent à peine...


Système D et rage de vivre

© Mars distribution
À travers l'histoire dramatique d'un jeune couple rêveur, Cédric Kahn dénonce les travers du système libéral et la brutalité avec laquelle sont traités les plus démunis. Un point de vue maintes fois traités au cinéma, le surendettement aurait pu agacer, mais il n'en est rien. Le réalisateur contourne tous les écueils et les clichés du drame pour proposer une histoire à échelle humaine qui touche tant elle est amenée avec justesse et simplicité. Avec d’un côté, un système qui ne pardonne aucune erreur, et de l'autre, des personnes qui ne demandent qu'à s'en sortir, le réalisateur a su faire de ce film, une œuvre ancrée dans la réalité.

© Mars distribution
Malgré une certaine accumulation des problèmes, Une Vie meilleure ne se veut jamais mélodramatique et larmoyant. Yann (incarné par un excellent Guillaume Canet, loin de ses rôles habituels) dégage une hargne salutaire. Il ne se laisse pas facilement mettre la tête sous l’eau, même si les sacrifices sont nombreux. Sa confrontation quotidienne avec le gamin de sa petite amie (qui ne donne plus signe de vie) donne lieu à des séquences intenses qui doivent beaucoup à l’improvisation des acteurs. À la fois tête à claques et attachant, le jeune Slimane Khettabi fait preuve d’une belle présence à l’écran. Il pousse d’ailleurs Guillaume Canet dans ses retranchements à de nombreuses reprises (la scène d'engueulade pour une paire de baskets volées est poignante). Alors que l’ambiance sombre pouvait entraîner le film vers la morosité, ce chouette duo tire l’histoire vers un semblant d'espoir, comme pour signifier qu'à un moment ou un autre, la vie finit toujours par nous sourire. C'est ce que l'on remarque du moins à travers la relation qu'entretient Yann avec le jeune Slimane. Ils s'adaptent l'un et l'autre à une nouvelle vie. Ainsi une complicité s'établit petit à petit entre eux et devient touchante. 

© Mars distribution
On peut regretter un temps soit peu que les scènes de rapprochement entre ces deux âmes esseulées ne soient pas plus fouillées, plus profondes et pas plus nombreuses. Car le personnage de Guillaume Canet n'amène pas une empathie immédiate. Obstiné, impulsif et même violent, se débattant avec ses galères au quotidien, il nous laisse parfois sur le bord de la route de l'ennui. Accumulés, ses problèmes deviennent à la limite du crédible, ce qui donne au film une impression de tourner en rond et de perdre son rythme. Malgré tout, le film qui aurait pu finir de façon très dramatique, s'ouvre sur une belle leçon de vie (même si le happy end du rêve nord-américain fait un peu cliché), est tout de même une assez bonne réussite.

En résumé : Malgré un sujet qui pourrait être plombant, Une Vie meilleure ne tombe pas dans les travers du film-dossier et propose une histoire profondément touchante qui reste sans cesse à hauteur d’homme. 

Messages les plus consultés