lundi 15 avril 2013

[Critique] Promised Land : Quand Matt Damon s'empare d'une cause écolo (17/04/13)


PROMISED LAND

De Gus Van Sant
Avec Matt Damon, Frances McDormand, John Krasinski, Rosemary DeWitt, Hal Holbrook

Sortie le 17 avril 2013

Steve Butler (Matt Damon), commercial d'une grande société, avec sa collègue Sue (Frances McDormand), doit convaincre les fermiers d'une petite communauté de Pennsylvanie souffrant de la crise, de lui accorder les droits de forage sur leurs terres pour l'exploitation de gaz naturel. La méthode par fracturation est risquée pour l'environnement, il le sait, mais n'en parle pas, leur faisant miroiter les énormes profits de la future exploitation. Les habitants vont devoir se décider.

Avec Promised Land, l'acteur et co-scénariste Matt Damon part en quête de "l'identité américaine" en prenant pour toile de fond l'exploitation du gaz de schiste, un sujet écologiquement explosif depuis deux ans en France. Des débats toujours d'actualité en dépit de l'interdiction, à l'été 2011, de la technique de forage contestée, la fracturation hydraulique. Avant sa sortie officielle, le distributeur français a profité de ce contexte porteur et du débat lancé par le gouvernement sur l'énergie pour organiser plus d'une centaine d'avant-premières à travers la France.

© Mars DistributionIl y a deux ans, le documentaire choc américain Gasland avait connu un joli succès d'audience dans l'Hexagone et contribué à la mobilisation contre ces gaz de schiste.
"John Krasinski (acteur et co-scénariste) et moi avons fait beaucoup de recherches sur la fracturation (hydraulique) et les gens qui sont chargés de passer des contrats avec les habitants à la campagne. On a rencontré beaucoup d'entre eux et appris comment ils les abordent, ce qu'ils leur disent, l'un avouant porter une casquette avec une marque de tracteur connue, l'autre rouler en pick-up pour faire couleur locale. On n'a rien inventé", expliquait Matt Damon lors de la Berlinale en février. Le film a tout de même été récompensé d'une mention spéciale lors du festival dans la capitale allemande.

© Mars DistributionMalgré tout, le film, réalisé par Gus Van Sant (avec lequel Matt Damon avait obtenu un Oscar pour Will Hunting en 1997) est moins un manifeste ou une charge frontale anti-gaz de schiste qu'un regard sur l'Amérique contemporaine. "Il s'agissait en fait de faire un film sur l'identité américaine. Le sujet lui-même est secondaire. Il s'agissait de montrer comment nous prenons nos grandes décisions", disait Matt Damon. "Traditionnellement, il y a un sens de la communauté, on se serre les coudes et je crois que l'Amérique s'est éloignée de cela et nous voulions l'aborder (...). On voulait des personnages qui parlent au nom de la génération précédente (toutes les générations sont représentées dans le film, ndlr)", avait ajouté l'acteur. On est loin de l'engagement dont le réalisateur avait fait preuve avec Elephant (sur le massacre d'élèves dans un lycée) ou encore Gerry (sur les premières victoires de la cause gay).

© Mars DistributionPromised Land a reçu des critiques très mitigées aux Etats-Unis où il a fait peu d'entrées. Pourtant, on retrouve des éléments qui avait fait le succès de Will Hunting : la découverte d'un homme sur lui-même grâce au concours d'un facétieux agitateur, une description plutôt affûtée d'un milieu populaire et un savoureux mélange entre humour et émotions. On peut noter la fabuleuse interprétation de Frances McDormand, véritable trublion à la limite du cartoon. On assiste au déclin de l'Amérique rurale où les enjeux sociaux, moraux et écolos sont presque mis en sourdine face à une galerie de portraits riches et justes.

En résumé : Promised Land n'est peut être pas le film de l'année, mais il vaut la peine d'être vu pour se faire une idée des méthodes des compagnies pétrolières qui profitent de l'essor de l'extraction des gaz de schiste aux Etats-Unis. Et bien évidemment, pour son jeu d'acteurs. 



(Avec AFP)

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