samedi 1 octobre 2011

Critique : Les trois mousquetaires : Tous pour un et un... pour un navet (12 octobre)

Il est difficile d'imaginer que le réalisateur des Resident Evil et de Mortal Kombat ait "toujours voulu adapter" le roman d'Alexandre Dumas. Non, ce n'était pas une blague... Voilà un pari risqué au vu du nombre d'adaptations déjà effectuées (plus d'une vingtaine). Le Masque de fer, très librement inspiré de l'oeuvre de Dumas, n'avait pas attiré que des compliments malgré la présence d'un casting 4 étoiles.
N'ayez crainte, ici point de zombies ou de courses de voitures effrénées dans le Paris du XVIIe siècle. Mais la patte de W. S Anderson est bien présente. Damoiseaux, damoiselles, Les trois mousquetaires version 2011 est une version un tantinet grand-guignolesque, voire un film de série B, mais à l'évidence tout à fait assumé. Passer un bon moment vous pourrez, si vous le prenez au 3e degré...

Cette co-production franco-germano-britannique est plutôt fidèle quant à l'histoire imaginée par Dumas, tout du moins en ce qui concerne la première partie. Un jeune venu de la campagne gasconne nommé D'Artagnan (Logan Lerman) voyage jusqu'à Paris pour devenir un Mousquetaire (comme son père) c'est-à-dire l'élite de la garde royale ayant juré de protéger le trône de France. Ce dernier est occupé par le roi Louis, un adolescent (Freddy Fox) pourri gâté, peu sûr de lui et manipulable à merci par le Cardinal de Richelieu (Christoph Waltz). A peine arrivé dans la capitale, D'Artagnan se fait trois ennemis, et non des moindres puisqu'il s'agit d'Athos (Matthew McFadyen), de Porthos (Ray Stevenson) et d'Aramis (Luke Evans), les trois Mousquetaires les plus fidèles (et les plus ivrognes aussi) de la garde rapprochée du roi. Mais en combattant à leurs côtés face aux troupes de l'effroyable Cardinal, D'Artagnan devient l'un d'eux. Unis "tous pour un et un pour tous", ils déjouent un complot visant à faire tomber le roi, orchestré par le duc de Buckingham (Orlando Bloom), aidé de l'agent double Milady De Winter (Milla Jovovich).

Une esthétique très BD avec quelques pointes de gothique anachronique, des costumes très rock'n roll (mais somptueux), des décors fastes et pompeux (versant parfois dans le carton pâte, que la 3D ne pardonne pas...), un casting surprenant de diversité... Tout ce joyeux bazar organisé fonctionne plutôt bien. De nombreuses libertés prises par rapport au récit initial donne au film un vent de modernité (les armes, le langage...), devenant une œuvre d'aventure et d'action, certes un poil enfantin mais assez plaisant.

Ce n'est en rien le film du siècle mais il a une identité visuelle bien à lui. On ne pourra s'empêcher de lui trouver quelques ressemblances avec Pirate des Caraïbes. Ainsi, les Britanniques ont aussi une supériorité de taille : une machine de guerre impitoyable (inspirée des plans de De Vinci), à savoir un bateau-volant, armé de la poupe à la proue. Ce qui évidemment conduit à une bataille sans pitié déjà vue chez Gore Verbinski. Ou clin d'oeil trentenaire du Time Bandits de Terry Gilliam ? Sans oublier l'image finale d'un Orlando Bloom, figure conquérante sur un navire, annonciateur d'un second opus. Déjà ? Voilà un optimisme non dissimulé...

W. S. Anderson n'a pas oublié d'intégrer ce qui a fait de lui un réal de science-fiction futuriste à succès avec la saga Resident Evil : Mila Jovovich et ses cascades d'espionne de charme au ralenti et... en jupons ! Les autres ne sont pas en reste entre les combats à l'épée (où les ralentis façon Matrix sont trop récurrents) et les explosions spectaculaires dans les scènes de bateaux. Parfois too much mais on finit par se faire une raison... Et si seulement la 3D était inventive et créative ! Pas pour un sou m'sieur, dame...

D'Artagnan ici retrouve son âge véritable, à savoir celui de l'arrogance et la spontanéité de la jeunesse. Celui d'un adolescent qui croit être invincible et capable de gouverner le monde. Logan Lerman est pétillant et fougueux, mais fait davantage figure d'un ado du XXIe siècle à la langue bien pendu qu'un épéiste du vieux continent du XVIIe siècle. Voilà qui manque au charme suranné d'un grand héros national et nous fait décrocher de son objectif premier : nous faire croire à la légende d'un grand défenseur de la France. Mais nous ne sommes plus à un anachronisme près ! On peut tout même rendre hommage au travail des trois autres mousquetaires, plutôt crédibles dans leur rôle de mystérieux (Aramis), d'homme droit et solide (Porthos) et de mélancolique, meurtri par l'amour (Athos). Malheureusement, il n'en va pas de même pour Orlando Bloom qui, ici, mérite la guillotine (voilà qui ferait l'affaire de son brushing épouvantable) ! Peu crédible dans le rôle de méchant, il en fait des caisses, et desservant totalement la "badass-attitude" subtile requise pour jouer le duc de Buckingham. Il fait de lui une véritable caricature.

En résumé : Explosions, kung-fu (eh oui, ils savaient se battre au XVIIe siècle !), combats de sabres, de canons, de fusils, de la poudre partout, rien ne manque... Si vous avez moins de 15 ans, vous allez sûrement adorer. Quant aux autres, voyez-le comme un film pop-corn qui ne fera aucun mal à vos neurones et qui soulèvera vos zygomatiques involontairement. Pauvre Alexandre Dumas, qui doit se retourner dans sa tombe !


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