lundi 25 juin 2012

Critique : Bel Ami : R.I.P au classique de Maupassant (27/06/12)

Robert Pattinson aime les coups de poker et les paris risqués pour effacer son image lisse et adolescente. Si l'amorce d'une carrière après le phénomène Twilight s'est amorcée avant même la fin de la saga  (le gentillet De l'eau pour les éléphants, puis le sulfureux Cosmopolis), on ne peut pas dire que le résultat soit toujours à la hauteur de nos espérances. Surtout lorsqu'il s'agit de Bel Ami, un monument de la littérature française. La figure romantique que le jeune britannique s'est construit malgré lui, ne fait pas tout pour incarner Georges Duroy !

Faut-il encore rappeler l'histoire rebattue et éculée du roman ? Aller, pour ceux qui auraient un trou de mémoire...
Au XIXe siècle, à Paris. Un jeune sans le sou débarque dans la capitale dans l'espoir de faire fortune. Au hasard des rencontres, il se forge une certaine réputation et finit par travailler comme scribouillard dans un journal. Vient alors l'obsession de l'ascension sociale. Arriviste et séducteur, Duroy comprend très vite qu'il ne peut rien entreprendre sans l'aide de la gent féminine, véritables maîtresse de l'échiquier du grand monde. Alors le sexe devient un instrument de domination. Pendant ce temps, les médias fricotent avec la politique... Un siècle nous sépare de la parution du roman, mais les thèmes n'ont jamais paru aussi d'actualité.


Sois beau gosse, et tais-toi ?

Tel un gamin élevé au rang de divinité, Robert Pattinson est plutôt convaincant en Duroy. Entre deux moues renfrognées et silences pesants, il affiche une arrogance assez juste (même si son regard perdu, voire inexpressif, trahi parfois son mal-aise et son manque cruel de direction). Mais si Edward Cullen est (presque) enterré, Pattinson reste un attrape-minettes et le film semble tout à fait construit pour les jeunes (et moins jeunes) groupies. On entendrait presque les cris des filles en fleur se pâmer devant les nombreux plans où la lumière, plus ou moins brillante ou légère, mettent en avant la plastique avantageuse de l'acteur. Mais avoir une belle gueule ne suffit pas...

Ce qui aurait pu devenir une adaptation brûlante, entre jeux de manipulations et de séduction à la Liaisons dangereuses, se retrouve être une pâle adaptation poussiéreuse et trop sage, sans véritable rythme. Pour rien arranger, les acteurs (pourtant plus aguerris que Pattinson) en font des tonnes sans décoller du texte original, parfois à la limait du ridicule. Quelle déception de voir l'excellente Kristin Scott-Thomas s'amouracher de cet ado de cette façon, comme une petite fille à qui l'on confisque son jouet préféré ! (alors qu'elle était géniale en garce autoritaire dans Des saumons dans le désert).

Et que dire d'Uma Thurman en grande prêtresse de la ruse et mentor de Duroy sans sentiment ! Elle surjoue dans l'hystérie afin de pallier à un vide réel de réalisation, très rudimentaire et théâtrale (normal puisque Declan Donnellan et Nick Ormerod viennent du monde de la scène). En revanche, la seule qui résiste à tout cela, c'est Christina Ricci qui, face à celui qui l'a séduite, devient sensuelle, voire féline, mutine et ensorceleuse tout en restant fragile.
Enfin, petit regret personnel : si l'ambiance de la Belle-Epoque est bien retranscrite, il aurait été bien d'avoir un accent un peu plus parisien dans les décors, trop peu exploités (problème de budget ? Assurément puisque le tournage à eu lieu à Budapest. D'organisation ?), et dans le phrasé des acteurs (du fait de son casting mi-américain, mi-britannique).

En résumé : Rob a beau boire (comme un trou) et fricoter avec tous les jupons de Paris, on ne saute pas au plafond. On ne s'ennuie pas ferme, mais... on sent que le jeune Britannique a pris conscience de ce dans quoi il s'est embarqué au moment du tournage : une adaptation qui ne restera pas dans les annales (pour rester polie). Et ils étaient deux pour donner ce résultat ?!


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