samedi 30 juillet 2011

Critique : Killing Bono : Deux destins contrariés (3 août)

© Pyramidefilms
Nous vivons dans une société qui se fait le chantre de la célébrité et de la réussite. Et ceci alors même que la plupart d'entre nous n'en connaîtront jamais la couleur, car, il n'y a pas assez de place pour tout le monde. C'est l'histoire "presque vraie" des frères McCormick que le réalisateur Nick Hamm a voulu adapter. Il s'est inspiré du livre I was Bono's Doppelganger, écrit par Neil McCormick pour écrire un film ultra romancé. Seul un mensonge a été inventé par le Neil du film pour éviter que son frère Ivan n'intègre pas U2 à leurs débuts.

De quoi ça parle ?
Dublin, 1976. Neil McCormick n'en doute pas : une vie de rock star l'attend. Il est beau, jeune, talentueux. Un génie en herbe. Mais son camarade de classe Paul a les mêmes ambitions ,et c'est à lui que la chance sourit en premier. Il obtient l'unique place de chanteur au sein de The Hype, le groupe du lycée. Qu'importe : Neil monte sa propre formation avec son frère Ivan, Shook Up, déterminé à laisser The Hype dans son sillage. Seul hic : The Hype se rebaptisé U2. Et Paul s'appelle désormais Bono... Une seule solution s'offre alors à Neil pour se faire une place sur la scène musicale des années 1980 : devenir plus gros que U2. Mais ce n'est pas sans embûches que les deux frères veulent faire leur trou dans le milieu de la musique.

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Sur le papier, le duo Ben Barnes (Les Chroniques de Narnia, Le portrait de Dorian Gray) / Robert Sheehan (la série Misfits, Le Dernier des templiers) n'inspirait pas grand chose. Et pourtant la complicité entre les deux acteurs est plus qu'évidente. L'énergie désespérée déployée par Ben Barnes, qui incarne Neil McCormick, se mêle à la perfection avec la jeunesse bouillonnante de Robert Sheehan, interprète d'Ivan. Et plus les galères se multiplient, plus les mensonges s'alourdissent et plus ils échouent alors que leur ancien copain de lycée, Paul (Martin McCann), réussit plus ils sont humains et de plus en plus attachants.  
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"J'ai l'impression que tu vis l'existence qui aurait dû être la mienne", a dit Neil à Paul. Celui-ci a lui répondu "C'est parce que je suis ton double maléfique (doppelganger, en anglais). Pour récupérer ta vie, il te faudra me tuer". C'est sur cette glaçante répartie que le film commence... Un funeste projet résultat d'une suite de mauvaises décisions sous prétexte de faire le mieux possible et sans l'aide de personne. Killing Bono est une succession d'anecdotes tour à tour tragiques, révélatrices de caractères, poignantes mais aussi drôles et débordantes de vie.

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Après une première partie sombre et un peu longuette (l'installation des deux destins artistiques des copains de lycées met un peu de temps à se mettre en place, il faut l'avouer), la réalisation de Killing Bono reprend du poil de la bête dans la dernière demi heure, donnant aux deux acteurs principaux de vraiment pousser la chansonnette tels deux véritables chanteurs de rock. Deux performers avec des charismes bien différents mais qui nous embarquent. Et si les choix de Neil avait été différents ? Cet anti héros, passionné mais à côté de la plaque, trouve son équilibre entre agressivité et douceur. Grâce à Ben Barnes, c'est l'humanité de Neil qui transparaît à travers son ambition, où l'amour/haine transcende ce looser magnifique. Quant à Robert Sheehan, c'est une force de la nature dont les choix sont instinctifs et originaux. Il joue l'équilibriste entre émotions et comique. Le sérieux et la vulnérabilité de l'un contrastent parfaitement avec l'irrépressible détermination de l'autre.
Un seul écueil : les scénaristes ont choisi de grossir le trait de certaines situations, d’embarquer l’histoire dans les contrées parfois périlleuses de la comédie sociale à l’anglaise, manquant de souffle et de panache nécessaire. Sachant que le fond est vrai, l’exagération et la déformation comique de certaines situations nous laissent parfois incrédules (comme les déboires avec le gangster local, qui n'apportent pas grand chose).
En résumé : une histoire profondément irlandaise, qui rend justice à une musique talentueuse dans une époque florissante. La BO est une petite merveille pour les amateurs de rock (et la version originale est obligatoire !).

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