jeudi 28 juillet 2011

[Critique] : Green Lantern : passage au feu (pas vraiment) vert (14/06/11)

GREEN LANTERN
De Martin Campbell
Avec Ryan Reynolds, Peter Saarsgard, Blake Lively, Mark Strong…

Sortie le 14 juin 2011

Après les premières images dévoilées au Comic-Con 2010 (qui ont déçu), on pouvait s'attendre au pire. N'en déplaise aux détracteurs les plus farouches (et il y en a !) et les puristes du genre comics, cette adaptation de Green Lantern est un challenge honorablement relevé. À l'inverse de son rival Marvel, DC Comics n'a pas encore trusté les salles de cinéma avec tous ses super héros. Seuls Batman et Superman ont eu le droit à leur multiples opus. Face à ces deux géants, Green Lantern fait figure de petit poucet : mal connu du grand public, un héros sans richesses ni pouvoirs donnés à la naissance... L'exercice s'avérait périlleux.

Et pourtant, ce qui différencie Hal Jordan, tête brûlée façon Maverick dans Top Gun, de ses grands frères Bruce Wayne ou Clark Kent réside dans sa simplicité et son humanité. Il est maladroit, irresponsable, il ne réussit pas tout ce qu'il entreprend, et fait figure d'homme-à-femmes bourreau des cœurs car incapable de s'engager. Comme beaucoup d'entre nous, il doit apprendre de ses erreurs. En intégrant le Green Lanter Corps (l'élite des gardiens de la galaxie), il apprend à confronter peur et volonté, pour mieux grandir.

Qui dit super-héros méconnu, dit obligation d'installer un univers et de l'expliquer aux profanes. De ce point de vue là, le réalisateur Martin Campbell s'en tire à merveille, tout en restant fidèle au matériau d'origine. Il ne nous assomme pas avec des millions de références pour nerds férus de comics, et parvient à donner du rythme à l'intrigue (un peu convenue, tout de même). L'évolution en parallèle du héros et du méchant - l'excellent Peter Sarsgaard, qui aurait mérité une plus grande place à l'écran - se fait naturellement. Mais le scénario pour y parvenir est un peu léger, voire brouillon. L'histoire semble vouloir incorporer beaucoup trop d'éléments.


Ce n'est jamais évident de commencer une nouvelle saga. Mais là, les dialogues sont parfois à la limite du risible. Les rares moments intéressants (la séance d'entraînement qui est extrêmement spectaculaire et imprévisible) sont plombés de longues et pénibles conversations moralisatrices sur la nécessité de prendre son courage à deux mains et de vaincre sa peur. Elles seraient moins lourdes si le film ne se prenait pas autant au sérieux. Et à quoi bon présenter des personnages qui ont tous des problèmes avec leur père si ce n'est pour ne pas explorer cette prometteuse prémisse ? Pourquoi avoir au générique des acteurs de haut vol telle que Angela Bassett, Tim Robbins ou encore Mark Strong si c'est pour leur coller un rôle insignifiant et monolithique ? Et que dire de l'éternelle ancienne petite amie faussement fâchée qui finira par tomber dans les bras du héros à la fin ? Une guimauve et des plans faussement romantiques qui n'ont d'intérêt que de justifier la présence de la belle Blake Lively (décidément cantonnée au rôle de bimbo comme dans Gossip Girl). Même si les sourires sont parfois arrachés, ils s'avèrent souvent primaires. Un peu de dérision façon Iron Man ou Watchmen n'aurait pas été vaine.

Il faut tout de même souligner la frénésie et l'efficacité de la mise en scène, un tant soit peu timide en séquences d'action. Martin Campbell prouve qu'il a de bonnes idées et le matériau de base avait de quoi lui en donner. Quoi de de plus cool qu'une bague qui a le pouvoir de matérialiser à l'infini tout ce à quoi on pense ? LA scène abracabrantesque dans laquelle Hal Jordan apparaît pour la première fois en public sous son masque vert est assez bluffante. De même que la scène d'entraînement avec Kilowog, où tout est sans limite pour ses défendre... (la vie sur la planète Oa vaut aussi le détour). C'est dans ces moments que la 3D est la bienvenue. Malgré quelques images un peu hasardeuse (certaines incrustations numériques se révèlent trop voyantes) ou avec un effet de déjà-vu (le méchant Parallax avance dans l'espace comme l'entité "nuageuse" et menaçante du Cinquième élément de Besson ou encore celle qui se déplace avec le Surfeur d'argent dans le 2e opus des 4 Fantastiques), la 3D fait enfin son office, contrairement à d'autres superproductions récentes. En même temps, Green Lantern n'a pas le budget d'Avatar ! Mais les 150 millions de dollars sont assez confortables pour éviter ses errements artistiques.

En résumé : un bon divertissement d'été qui ne tourne pas (trop) au marshmallows (vert), et qui laisse son imagination faire le reste à la sortie. Les filles auront au moins de quoi baver sur le corps d'Apollon de Ryan Reynolds à défaut d'apprécier les combats à coup de bague super-puissante. Pour les puristes, gardez les comics sous forme papier, vous ne pourrez être déçus ! D'ailleurs, ne bougez pas de votre siège avant la fin du premier générique. Vous manqueriez un teaser...


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