dimanche 25 novembre 2012

Critique : Royal Affair : un agitateur secoue la cour danoise (21/11/12)


ROYAL AFFAIR

De Nikolaj Arcel
Avec Mads Mikkelsen, Alicia Vikander, Mikkel Boe Folsgaard...

Au XVIIIe siècle, la princesse anglaise Caroline Mathilde est mariée à Christian VII, son cousin, à l'âge de 15 ans, sans qu'elle n'ait jamais rencontré son promis. Roi du Danemark de son état, le-dit cousin est excentrique, instable, voire un peu siphonné. De bonne grâce, elle accepte une vie insipide et sans amour. Jusqu'à l'arrivée du Dr Struensee appelé à la rescousse pour être le médecin personnel du souverain. Peu heureuse dans son mariage, la jeune reine se prend d'affection pour ce physicien de l'âme et libre-penseur allemand, qui vient la séduire avec des idées révolutionnaires inspirées des philosophes des Lumières français. Amants et passionnés par le destin de leur pays, ils vont bouleverser l'avenir de leur peuple plié sous le poids de l'obscurantisme, et installer peu à peu la démocratie. Bien évidemment, il ne sera pas du goût des dignitaires de la cour, qui ne jurent que par l'oppression, de se laisser mener à la baguette par un étranger fauteur de troubles...

Le pouvoir aux mains des esprits libres

© Jour 2 Fête / Chrysalis FilmsOn aurait pu croire à un énième film en costumes barbant, sans réel attrait scénaristique au vu du résumé de cette partie de l'Histoire, peu connue au-delà des frontières danoises. Et pourtant, c'est bien là l'une des forces du film. Le réalisateur nous offre une lecture passionnante du patrimoine culturel du Danemark sans qu'elle tourne à un cours magistral soporifique.

© Jour 2 Fête / Chrysalis FilmsSi la forme est un peu académique et sans audace, et le fond sans véritable prise d'engagement politique, Royal Affair a le mérite d'apporter une réelle dramaturgie et une tension politique et psychologique impressionnantes. Le roi, adorateur du gentil docteur, devient l'instrument du changement en devenant la marionnette politique dirigée par Struensee au service des intérêts du peuple. La lutte entre la force du progrès et l'immobilisme de la tyrannie face à la naissance de deux amitiés sincères mues par des intérêts communs est déployée avec une intelligence minutieuse (sous la plume du scénariste de Millenium). Et si l'amour né entre ces deux âmes sœurs illégitimes (que sont le médecin et la reine) d'une passion pour la liberté du peuple est excitant, l'intrigue politique inattendue ne l'est pas moins (même si elle est peu historiquement fidèle).

© Jour 2 Fête / Chrysalis FilmsCar l'ennui ne s'installe jamais. Royal Affair est servi par un casting impeccable et captivant. Mads Mikkelsen est toujours aussi magnétique et puissant. Alicia Vikander (qu'on retrouvera dans Anna Karenine prochainement), réussit parfaitement son passage en dehors des frontières du cinéma danois. Avec son physique de femme-enfant, elle mêle douceur, fraîcheur et détermination avec finesse. Et que dire que la très belle découverte en la personne de Mikkel Boe Folsgaard, qui offre au personnage du roi un jeu remarquable, passant du tragique au comique avec subtilité. Il n'a pas volé son prix d'interprétation au dernier festival de Berlin.

En résumé : Une œuvre classique passionnante, sans éclat ni défaut, qui vaut d'être vue sans détour. Un joli coup de cœur.

Messages les plus consultés