jeudi 5 juillet 2012

Critique : Piégée : Messieurs, surveillez vos arrières ! (11/07/12)



Après le palpitant, viscéral et littéralement toxique Contagion, Steven Soderbergh revient à ses premières amours : le thriller. Au vu de sa renommée internationale et de ses succès publics, il se permet à nouveau d'aligner un casting de premier choix façon Ocean's Eleven dans Piégée... autour d'une inconnue. Gonflé ? Une expérience. La sculpturale et non moins féminine Gina Carano, championne d'arts martiaux, est sa Mallory. Rien qu'en sachant cela, on ne peut qu'imaginer des scènes de castagne sévère. Mais Piégée ne se résume heureusement pas qu'à cela...


On ne nous cache rien... le titre est à prendre au sens littéral. Mallory est un agent d'une compagnie privée qui obtient des contrats pour effectuer des missions officieuses pour le gouvernement, pas toujours jolies-jolies, mais toujours dangereuses. La demoiselle, bagarreuse redoutable à la gâchette facile, est en fuite. Après avoir rempli un contrat, elle se retrouve coincée dans un guet-apens fomenté par l'un de ses proches collaborateurs (je vous laisse découvrir qui...). On cherche à la tuer et elle est bien décidée à ne pas se laisser faire. Son plan ? Remonter la piste de ceux qui l'ont trahie pour leur refaire le portrait. 

À qui faire confiance ?

Si les premières images nous laissent un peu perplexes (le montage en flash-backs, et même en flash-backs de flash-backs, fait froncer les sourcils à maintes reprises...), on finit par apprécier la qualité d'écriture du scénario (même si celui-ci nous rappelle vaguement un certain Jason Bourne version Tomb Rider). Sans oublier les superbes plans typiques de Soderbergh. On sent clairement que Piégée est davantage une nouvelle expérience de la part du réalisateur, plus qu’un réel divertissement pur jus de biscotos (même si le sujet fait penser le contraire). Certains partis-pris de montage sont relativement originaux : contrairement aux derniers action movies à la mode, ici point de montage saccadé et d'images filmées façon montagnes russes caméra au point (même dans la scène de poursuite sur les toits, loin du grand huit de La Vengeance dans la peau). 

Comme dans Contagion, l'esthétique oscille entre le jaune et le bleu, avec quelques plans séquences exécutés avec la précision d'un chirurgien. Car chez Soderbergh, rien ne doit dépasser et rien est inutile. Une manière de faire qui a le défaut de ses qualités : il empêche parfois le spectateur de s'immerger dans la scène (comme celle musclée avec Fassbender, entièrement filmé au ralenti, en noir et blanc, sur une musique jazzy). Une quasi contradiction entre le fond et la forme, marquant à elle seule toute la singularité et la dissonance du film. Mallgré son ambiance de thriller efficace et ses imbroglios bien ficelés, la réalisation s'enlise un peu dans la lenteur. On ne regarde pas tout à fait sa montre mais tout cela manque de punch. Un choix certes délibéré qui permet à Soderbergh de placer quelques surprises et retournements de situation bien venus ici et là, et qui redonnent de la force à l'ensemble.

Gina Carano : la nouvelle Angelina "Tom Rider" Jolie ?

En engageant une championne de MMA pour tenir le rôle principal, le réalisateur annonçait la couleur. Il la sublime en lui laissant carte blanche pour exécuter des scènes de bagarres avec un réalisme impressionnant (filmées en plans larges ininterrompus pour bien montrer qu'on ne fait pas semblant). Je tiens d'ailleurs à tirer mon chapeau à Michael Fassbender (loin d'être habitué aux rôles physiques) car il tient la dragée haute avec brio à la championne d'arts martiaux dans leur duel musclé (contrairement à Ewan McGregor). 

Mais faire reposer tout un film sur les seules épaules (aussi carrées soient-elles) d'une débutante était un pari risqué, et parfois au bord de la perdition. Le résultat patine parfois, en particulier sur les scènes dites d'émotion pure, malgré un casting 4 étoiles engagé pour la soutenir au mieux. À ce propos, avec de telles têtes d'affiche (Ewan McGregor, Michael Fassbender, Channing Tatum, Michael Douglas, Antonio Banderas, Bill Paxton et Mathieu Kassovitz), on s'attend à ce que l'un d'entre eux soit plus impliqué d'une façon ou d'une autre dans l'affaire ou nous révèle quelque chose d'énorme. Mais finalement, on attend pour rien. Il ne sont là que pour se faire dézinguer par la belle. Même si l'exécution est impeccable. 


En résumé : Le résultat final fonctionne plutôt bien faisant de Piégée un thriller qui tient ses promesses et qui ne laisse pas indifférent... comme le charme particulier de son actrice, mi-ange, mi-démon.


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