jeudi 11 août 2011

Critique : Captain America, First Avenger (17/8/11) : le soldat à la bannière étoilée renaît


CAPTAIN AMERICA : FIRST AVENGER

De Joe Johnston
Avec Chris Evans, Sebastien Stan, Dominic Cooper, Ugo Weaving, Stanley Tucci, Tommy Lee Jones...

Vu le costume du super héros et le contexte de Seconde Guerre mondiale, on aurait pu craindre que ce Captain America devienne une glorification de l'Amérique, qui sauve la veuve et l'orphelin du joug des méchants allemands, brandissant la bannière étoilée à tout-va. On aurait aussi pu craindre que les deux scénaristes des aventures de Narnia fassent plonger l'intéret de ce nouveau Marvel. Que nenni ! Joe Johnston a su tirer garder un cap très "humain" basé sur la naissance d'un héros hors-norme. On se trouve face à un film à la narration classique mélangeant film d’espionnage et le film de guerre, qui se concentre sur un destin extraordinaire plus qu’à un symbole, qui cultive l’american dream (n’importe quel looser peut devenir un héros finalement !). Le tout emballé dans un ton très premier degré, tout en laissant la place à des personnages suffisamment complexes et bien écrits pour qu’on s’y attache. 
Le ton parfois désinvolte mais également frondeur du récit se moque brillamment du culte de la personnalité et de la propagande nationaliste. Finalement, un film bien plus qu'une simple présentation de The Avengers (en tournage) prévu l'année prochaine, qui rassemblera Thor, Iron Man, et consor. Joe Johnston a su distiller les principaux éléments de ce prochain film habilement dans le prologue et l'épilogue qui voient apparaître Howard Starck (Dominic Cooper), le père d'Iron Man et Nick Fury (Samuel L. Jackson). 

1942. Steve Rogers (Chris Evans), un gentil gringalet veut comme son ami Bucky Barnes (Sebastian Stan) s'engager dans l'armée, quoiqu'il en coûte. Son entêtement aura raison d'un scientifique (Stanley Tucci) qui prépare une expérience médicale expérimentale. Celle-ci a pour objectif de créer un super soldat capable de tenir tête à l'Hydra, une redoutable organisation secrète au service du IIIe Reich, et dirigée par l'abominable Crâne Rouge (Ugo Weaving). Il n'en faut pas moins à Steve pour devenir volontaire et ainsi devenir Captain America.

Avec ses 8000 personnages dans son catalogue, Marvel Entertainment avait du choix pour matéraliser ses héros de papier. Captain America, apparu pour la première fois en 1941 (8 mois avant l'entrée en guerre des USA), s'est naturellement imposé. La couverture de l'album original montrant ce jeune américain arborant le drapeau étoilé et donnant un coup de poing à Hitler était un signe fort d'une prise de position politique radicale forte pour l'époque. L'objectif du héros était clair : les USA ne peuvent rester sur la touche en cette période troublée. Et Joe Johnston, sans minimiser son rôle de dirigeant de blockbuster, est resté très terre-à-terre en choissisant l'angle idéal pour raconter les aventures de ce super héros : celui d'un serial comme Spielberg l'avait fait avant lui avec Indiana Jones. Ainsi la psychologie du personnage principal et les valeurs humaines sont ici plus importantes que les explosions ou autres cascades impressionnantes (parfois un peu too much...). L'enchaînement entre les deux coule parfaitement, certaines répliques font mouche, surtout quand on sait que ce super soldat est d'abord utilisé commme porte-drapeau et faire-valoir de l'armée américaine dans des spectacles dansant.

Placé dans une période maintes fois éculée, ce Capatin America aurait pu en faire fuir plus d'un. Mais les décors rétro et cette classe old-school s'éloigne de l'esbrouffe et impose un certain clacissisme bien venu dans un blockbuster  hors-norme. Joe Johnhston sait de quoi il parle. Directeur artisitique pour Indiana Jones, aux effets spéciaux dans la trilogie Star Wars. Sa vision des années 40 est riche et loin d'être désuette. Les engins utilisés tels que les motos, les hélico ou encore l'avion du Crâne Rouge ont un profliage étonnamment futuriste. Clin d'oeil à ses années précédentes ou réelles déformations, les soldats de l'armée de l'Hydra ressemblent étrangement aux soldats de l'Etoile noire !

La romance tragique et impossible fonctionne bien, le portrait symbolique également. Etrangement, c’est du côté de l’action et du rythme que le film pêche un peu. Les séquences censées être percutantes sont finalement assez peu nombreuses alors qu'elles sont clairement positionnées au sein du récit comme des moments forts. Malgré des effets visuels à la Matrix (qui laissent perplexe) et des actions de bouclier forts sympa, elles ne remplissent pas complètement le rôle qui leur ait confié. Malgré l'impressionant CV artistique du réalisateur, la 3D ne sert à rien si ce n'est à remplir les caisses des cinémas. Et quelques séquences d'effets spéciaux laissent à désirer : la scène où Steve Rogers, encore gringalet, se trouve avec Peggy Carter (Hayley Atwell) dans une voiture est réellement ni faite à faire. Steve, sous prétexte d'être fluet, se trouve disproportionné face à une Peggy, devenue immense de par le fait qu'elle ne s'appuie pas sur le dossier de la voiture, de peur de démasquer la supercherie visuelle. Un détail.

En résumé : on aurait tort de bouder ce film de super-héros divertissant, porté par un casting formidable jusqu’aux plus petits seconds rôles (les acolytes de combats de Captain American valent le détour. On y verra un mari de Desperate housewives transformé). Et véritable bad guy sans réedemption possible campé par Hugo Weaving (l'agent Smith de Matrix, chef des elfes dans Le Seigneur des anneaux). Une jolie réussite, à l’ancienne et massive.

Messages les plus consultés