samedi 4 janvier 2014

[Critique] Lovelace : Sur les traces d'une star du porno... malgré elle (08/01/14)

LOVELACE

De Rob Epstein et Jeffrey Friedman
Avec Amanda Seyfried, Peter Sarsgaard, Hank Azaria, Bobby Cannavale, Sharon Stone, Adam Brody, James Franco, Chloë Sevigny, Juno Temple...

Etats-Unis, fin des années 1960. Linda est une adolescente bien sous tout rapport mais en avance sur son temps. Accompagnée d'une copine délurée, elle trouve que ses parents ne lui laissent pas assez de liberté. Entre une mère rigide aux principes religieux immuables et un père qui ne lui dit pas grand chose, elle explose à 20 ans. Malgré sa timidité et sa naïveté, elle tente de vivre sa vie telle qu'elle l'imagine. Elle rencontre Chuck, un homme plus âgé qui lui fait miroiter monts et merveilles, et lui donne cette liberté dont elle rêve. Totalement éprise de cet homme au charisme viril, elle décide de quitter le nid familial pour l'épouser et s'installer avec lui. Manipulateur et appâter par l'argent facile, il incite sa jeune épouse à se laisser filmer lors de leurs ébats amoureux, puis de jouer quelques scènes dans un film pornographique. En 1972, la sortie du film érotique Gorge Profonde fait un tabac et Linda (devenue Lovelace) devient une star unique... mais à quel prix ! La célébrité cache souvent des blessures profondes et des vérités difficiles à entendre.


© Hélios FilmsLe destin de Linda Lovelace aurait dû être un sujet brûlant au vu de la vie de cette starlette "reine de la fellation" sur les plateaux ciné devenue la plus farouche des féministes et tête de proue du mouvement anti-porno au début des années 1980. Mais Rob Epstein et Jeffrey Friedman ont préféré concentrer leur biopic sur la relation toxique et destructrice que Linda entretenait avec son mari, et les sévices qu'il lui faisait subir. Donnant à l'ensemble une version superficielle, à la limite du voyeurisme, d'un parcours pourtant fascinant. Dommage. On aurait préféré voir la reconstruction de l'actrice écorchée et son combat contre les violences conjugales et l'industrie pornographique. 

© STUDIOCANAL Home EntertainmentSi la forme peut s'avérer un temps soit peu originale, il faut surtout retenir l'interprétation des comédiens principaux (et la pléiade d'artistes qui les accompagnent, dont la méconnaissable Sharon Stone). Un temps attribué à Olivia Wilde, le rôle de Linda Lovelace sied parfaitement à Amanda Seyfried. Un rôle d'ingénue qu'elle a déjà pratiqué de nombreuses fois (dans le mauvais Chaperon Rouge et dans le moins mauvais Les Misérables), mais jamais aussi approprié. Icône d'une époque à l'avant-garde des starlettes de télé-réalité en quête d'affection, de reconnaissance et de gloire, Linda gobe tout ce qu'on lui raconte, plus par amour que par réelle idiotie. Les moues de Seyfried en fillette vulnérable, ses yeux de biche effarouchée et ses accès de petite fille à qui l'on pardonne tout, contraste parfaitement face à la brutalité terrifiante de Peter Sarsgaard. 

En résumé : Décevant mais parfaitement interprété.

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