dimanche 24 février 2013

Critique : Spring Breakers : dans les vapeurs d'alcool se trouve le Paradis ? (06/03/13)

© Mars Distribution
SPRING BREAKERS

De Harmony Korine 
Avec Vanessa Hudgens, Selena Gomez, Ashley Benson, Rachel Korine, James Franco

Quatre jeunes filles sans le sou perdues dans une petite ville n'ont qu'un désir : fêter Spring Break en Floride, comme il se doit. Mais pas d'argent, pas de fiesta. Pour financer leur voyage, elles décident de braquer un restaurant et ses clients, comme si elles avaient fait cela toute leur vie. Les billets verts en poche, elles atterrissent dans un motel où la fête bat son plein : les bikinis sont de sortis, la musique vibre dans les tympans, l'alcool coule à flot, la drogue s'enfile par tous les moyens... Mais l'expérience tourne court à l'arrivée de la police, qui embarque les quatre copines. Emprisonnée et présentée devant un juge, elles croient leur destin scellé aux barreaux lorsqu'un caïd du nom d'Alien paie leur caution et les prend sous son aile...

Harmony Korine n'est pas du genre à faire dans la dentelle. Issu du ciné indé américain, il est un cinéaste non-conformiste, connu des seuls initiés. Découvert avec Gummo en 1997, il préfère rester dans l'ombre, inaccessible, avec des productions loin du grand public. C'est donc avec un certain sens de la provocation assumé qu'il réunit un casting intrigant de filles plus habituées au monde des Bisounours, qu'il s'amuse à mettre dans des situations trash et racoleuse. Les fans habituels de ces midinettes version Disney risquent d'avoir une sérieuse surprise (ou déconvenue).

Shake your booty... mais pas que !


Passées les nombreuses scènes de débauche (grossières ?) façon clip digne de MTV pouvant irriter certains, Spring Breakers dégage une certaine nostalgie, voire une mélancolie. Le réalisateur nous invite à aller au-delà des apparences d'un monde dirigé par le sexe misogyne, les beuveries, la violence, l'argent et la glorification d'un monde où il n'y a rien de mieux qu'être célèbre.

Ces quatre étudiantes, reflet d'une génération paumée, ne rêvent que d'une vie meilleure, d'un monde où leurs soucis n'existeraient pas. Et quoi de mieux qu'une plage ensoleillée, où tout est beau et coloré, un paradis artificiel où la jeunesse est éternelle et insouciante pour s'abandonner corps et âme et fuir la réalité ?

La caméra de Korine va et vient au rythme de sons électro et hip-hop entre le monde terne et silencieux du quotidien morne et sans avenir des filles, et le monde surréaliste de la station balnéaire, qui jamais ne ralentit. Une illusion entretenue par les médias, qui mettent un point d'orgue à montrer cette période (nécessaire ?) où les étudiants se permettent tout avant de rentrer dans les rangs de la vie active. Un rêve sociétal vécu comme une crise d'adolescence en accéléré poussée à l'excès, et où tout est permis. Le montage style hip-hop des scènes de fête s'inscrit dans le parcours des protagonistes tel un refrain d'une chanson. Quoiqu'elles fassent, quelques bons moments qu'elles vivent, leur vie les rappelle à l'ordre. L'idéal tant recherché s'avère être beaucoup plus dangereux que prévu...
Une des forces du film : son visuel incomparable, laissant apparaître la signature toute particulière de Korine. Les couleurs en mettent plein la vue dans les scènes de fête, quelques effets disséminés ici et là en forme d'expérimentation complètent une bande son intense. Dommage que le scénario ne suive pas dans la seconde moitié du film. On sort de la salle en se demandant ce qu'il faut vraiment tirer de cette expérience. Le sujet de départ se suffit-il à lui-même ? Pas sûr...

Ce qui l'est davantage, c'est la performance bluffante de James Franco dans la peau du malfrat aux dents métallisées, plein aux as grâce au trafic en tout genre, fou d'armes à feu et de belles voitures. Dans l'excès, bien barré mais juste ce qu'il faut. Quant aux filles, elles assurent pas si mal en "bad ass" version bikini, avec un léger bémol pour Vanessa Hudgens qui, à force de vouloir s'éloigner de son image High School Musical en fait des caisses, pas toujours à propos.


En résumé : Entre comédie et violence, sexe et alcool, Spring Breakers est un film inclassable, particulier pour son ambiance suggestive et poétique à la fois. Mais à ne surtout pas mettre devant tous les yeux (même si messieurs s'y rinceront l'œil...) !


Messages les plus consultés