samedi 30 janvier 2016

[Avis] The Revenant : Transformation héroïque (24/02/16)

THE REVENANT

De Alejandro G. Inarritu
Avec Leonardo Di Caprio, Tom Hardy (Legend), Domhnall Gleeson (Ex Machina, Il était temps, Brooklyn), Will Poulter (Une famille en herbe), Forrest Goodluck, Paul Anderson (Legend), Kristoffer Joner (Babycall)...

Sortie le 24 février 2016

Inspiré de faits réels...
Hugh Glass est un trappeur au temps où l'Amérique était encore profondément sauvage. Après une féroce attaque d'ours, il a été abandonné par ses équipiers, laissé pour mort. Mais Glass fait partie de ces hommes qui ne s'avouent pas facilement vaincus. Poussé par l'envie farouche de vivre et de se venger, il va parcourir seul plus de 300 km armé de son courage et de son amour pour sa femme disparue et son fils, assassiné sous ses yeux. Sa volonté sans faille va transformer son périple en acte héroïque pour traverser de nombreux obstacles, revenir dans son camp et trouver la paix.

Alejandro G. Inarritu semble se faire un devoir de faire de plus en plus grand et dément sur la planète Hollywood, compilant tout ce qui travaille le cinéma contemporain. Sur le papier, The Revenant avait de quoi faire peur au vu de la tâche à accomplir, ou de quoi frustrer si le résultat n'était pas à la hauteur de la volonté de son réalisateur et des attentes du public. Mais le Mexicain a plus d'un tour dans son sac et offre un film à la fois puissant, sanglant, démesuré, épuisant, beau et poétique. L'immersion dans ces étendues glacées est totale, et si la trame dramatique du survival est simple, les moyens humains et techniques déployés sont de taille XXL. Une course à la performance qui semble n'avoir qu'un but : fabriquer l'écrin parfait pour que sa star principale obtienne sa statuette dorée tant attendue (et méritée !). Et cela marche puisque Inarritu et DiCaprio sont tous deux nommés aux Oscars. 

Cette histoire vraie, déjà portée à l'écran par Richard Sarafian dans Le Convoi sauvage (1971), est basée sur le lâcher prise face à une nature hostile, l'endurance d'un homme ayant tout perdu, et une certaine communion entre l'homme et l'animal qui est en lui. Et animal, Leonardo Di Caprio l'est devenu sans aucun doute. Pendant plus de 2h, il brave la neige, un grizzli, la faim, les Indiens, le tout en grognant, bavant, vociférant telle une bête enragée. Et il va jusqu'au bout de son personnage en mangeant des feuilles, de la moelle à même le squelette, et même du foie de bison pour faire "plus vrai que la réalité". Rien ne lui (nous) est épargné. Impliqué à l'extrême, il dépasse toutes les limites. L'attaque de l'ours donne le vertige. Elle est tellement réaliste qu'elle a valu à ses concepteurs d'images de synthèse une nomination dans la catégorie Meilleurs effets spéciaux. Mais fallait-il en arriver jusque-là pour atteindre le Graal ? 

Tout ce qu'endure Hugh Glass finit par laisser perplexe, et à force d'en faire trop, on finit par décrocher émotionnellement. "Leo" et son personnage se détachent l'un de l'autre, et on ne voit plus que la performance de l'acteur. Ses épreuves finissent par être excessives, et les effets de caméra, très présente, n'arrangent rien. À grand renfort de métaphores surjouées à coup de contre-plongée (souvent sur des arbres), de gros plans en grand angle, de giclées de sang et de boue sur la lentille, on entre dans un symbolisme un peu imposé à coups de massue. Une technique dans l'artificiel à chaque plan (et de rajouter par la même occasion des longueurs) jusqu'à la voix off finale, inutile. Et les métaphores, Inarritu en use et abuse pour surligner un peu plus les difficultés du personnage. Il aime faire croire à la mort de ses personnages principaux (dans Birdman, Riggan Thomson semble se suicider plusieurs fois), mais là, il décide de faire renaître Hugh Glass encore et encore : lorsqu'il revêt une peau d'ours ou sort littéralement d'un cheval qu'il a évidé pour y passer la nuit... Spectacle garanti entre lyrisme et brutalité, mais fatigant à la longue. 


En résumé : Un film intense et éprouvant (physiquement) car il fait appel à tous les sens et toutes les émotions... Dommage que la caméra en fasse parfois trop pour imposer le tour de force du réalisateur et de son acteur, néanmoins impressionnant.

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