mardi 19 mars 2013

Critique : The Place Beyond the Pines: De l'importance de ses actes et de leurs conséquences (20/03/13)

THE PLACE BEYOND THE PINES

De Derek Cianfrance
Avec Ryan Gosling, Bradley Cooper, Eva Mendes, Ray Liota...


Cascadeur à moto, Luke (Ryan Gosling), est réputé pour son spectaculaire numéro du "globe de la mort". Un jour, il découvre qu'il a un fils que lui a caché son ex (Eva Mendes). Pour subvenir à leurs besoins, il plaque tout et s'improvise braqueur de banque. Mais il va bientôt croiser la route d'Avery, un policier aux dents longues (Bradley Cooper), décidé à grimper rapidement les échelons. Mais celui-ci découvre que sa hiérarchie est gangrenée par la corruption. Mais il est déterminé à réussir, quitte à laisser son propre fils de côté. 15 ans plus tard, le destin réunit les enfants de Luke et Avery dans la même école. 


Pour mieux apprécier le film et ses rebondissements, mieux vaut ne pas trop en dire. Sinon, ce serait du gâchis.




Derek Cianfrance continue d'explorer la famille à travers une fresque linéaire en trois actes, bâtie à partir d'un événement déclencheur et de ses conséquences, étalée sur près de deux décennies.
© StudioCanal
Le réalisateur avait déjà bluffé les cinéphiles avec Blue Valentine. Mais avec The Place Beyond the Pines, son ambition est décuplée. Il veut décoller son étiquette de "ciné-indé bon pour Sundance". Et il y parvient avec nuances, grace et esthétisme (sans parler du premier plan très serré sur les abdos du beau Gosse-ling, qui en fera baver plus d'une...). À coups de plans séquences d'une beauté mélancolique, il nous balade dans son drame avec subtilité, avec son ton inimitable mêlant thriller et mélo. Si les les abordés ne sont pas nouveaux (crime, poids de l'hérédité, destin presque déterminé et fatalité...). Le moindre détail superflu aurait pu tout faire basculer dans le larmoyant interminable. Cianfrance dose habilement son récit pour lui donner un côté intemporel et une belle complexité sans lourdeur.
© StudioCanal
S'il essaie de nous émouvoir sans y parvenir vraiment, sa mécanique narrative forte est infaillible. Elle sert au mieux ses personnages : chaque partie à sa raison d'être, se complétant sans s'opposer. Habitué des ruptures de rythme, tantôt discrètes, tantôt abruptes sans pour autant endommager son œuvre, il distille une mélancolie à fleur de peau sur fond de thriller classieux avec une intrigue à tiroirs parfaitement huilée. On peut tout de même regretter quelques grosses ficelles scénaristiques et une conclusion un tout petit peu faible en intensité par rapport au début. Mais on peut lui pardonner tant l'ensemble reste en tête un moment...


© StudioCanal © StudioCanal
Cianfrance se pose en narrateur omniscient sans jamais porter de jugement sur ses personnages. Il filme un état de fait qu'il ne questionne pas ni ne moralise. Au départ, on ne sait pas quel chemin il va prendre, car on suit l'histoire de Luke avec toute l'attention qu'elle mérite. Si on est habitué aux moues de gros dur attendrissant de Gosling - qui se prend pour un James Dean peroxydé et archi-tatoué, on (re)découvre Bradley Cooper (récemment nominé à l'Oscar pour Happiness Therapy) dans un rôle qu'on lui connaît peu : celui d'un arriviste cynique, qui préfère s'occuper des problèmes des autres plutôt que de resoudre les siens et de s'occuper de ses proches. Et cela lui va bien ! L'autre jolie surprise est la belle Eva Mendes qui, loin de ses habituelles partitions de potiche, livre ici sa plus belle prestation depuis longtemps. Sans fard ni franfreluches, elle apporte avec subtilité le brin de féminité à cette histoire d'hommes avec un personnage tout en contradiction. Les deux plus jeunes, Dane DeHaan (Des hommes sans loi, Chronicle) et Emory Cohen (le fils de Julia dans la série Smash) ne sont pas en reste ! L'un pourrait être le frère de Léo DiCaprio tandis que l'autre un Brando rajeunit. Ados à fleur de peau, ils complètent le casting à merveille, reflétant le mal être instauré par leur géniteur.


En résumé : Un film sombre et passionnant sur la paternité et la transmission, ou comment les actes des aînés affectent les générations futures, servi par le charismatique Ryan Gosling et le troublant Bradley Cooper. Du grand cinéma !

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