dimanche 27 mai 2012

[Critique] Marley, la légende : l'humain avant la star (13/06/12)

MARLEY, LA LEGENDE

De Kevin Macdonald
Documentaire

Sortie le 13 juin 2012

Get Up Stand Up, No Woman No Cry, Is this Love, Could you be loved, Exodus... Voilà des titres inoubliables, ayant fait le tour du monde et qui, 30 ans après, donnent toujours autant la pêche. Merci Bob Marley ! Le chanteur est à l'honneur dès le 13 juin avec la sortie dans le salles du documentaire Marley, The Definitive Story, réalisé par Kevin Macdonald (remarqué pour son Dernier roi d'Écosse). Un dernier hommage au "pape du raggae", mort le 11 mai 1981.
Premier documentaire approuvé par la famille, largement contributrice avec des images et des sons inédits, Marley, The Definitive Story  n'est pas un dock de fan pour les fans. Il montre la place du chanteur dans l'Histoire de la musique, son statut de figure sociale, son engagement politique et son héritage unique. Ce natif de la Jamaïque a popularisé le ska, mélange de musique caribéenne et de blues, et donnera naissance au raggae et au rocksteady à force de mélange de culture et d'envie de partage. 
Au-dela des clichés, Marley a bâti une légende qui a permis à sa musique et à son aura de lui survivre, et toucher des générations postérieures à la sienne, tant chez les amoureux du raggae que chez les artistes. Punk, rockers, chanteurs de hip-hop, rappeurs s'inspirent et reprennent du Bob Marley. Chez nous, c'est l'inimitable Gainsbourg qui va chercher le meilleur de Bob pour écrire Aux armes etc. en 1979. Et que de vocations lancées grâce à ce va-nu-pieds venu de la rue... Car la star mondiale, au-delà de son statut de modèle et de gardien de la liberté, est avant tout un homme. Et c'est avant tout ce que l'on découvre dans ce documentaire poignant et criant de vérités parfois dures à admettre.


Malgré ses 2h30, Marley, The Definite Story nous livre une destin hors-norme à grand renfort de témoignages rares et passionnants, de photos et de bandes sons inédites, d'images d'archives incroyables. Le réalisateur, sans parti pris, nous fait visiter les lieux où le chanteur à vécu. Il nous présente les témoins et les acteurs de son ascension, comme Bunny Wailer, avec qui il enregistre sa première chanson en 1962. Grâce à des personnages à la fois drôles (parfois déjantés) et attachants, et une narration limpide (voire didactique), l'univers de Marley se dévoile petit à petit. Au départ, il est un peu question de pédagogie (tout en restant fun) pour ceux qui ne sont pas familier du genre musical de Bob avec les origines du rythme reggae. Puis, on nous explique les influences du rastafarisme (un mouvement de pensée venu d'Éthiopie), véritable philosophie et manière de vivre de Bob Marley. Des moments forts montrent à quel point le chanteur croyait à l'unité des peuples malgré leurs différences : tel un apôtre de la paix, on le voit réconcilier le temps d'un concert deux représentants de partis politiques d'extrêmes qui se sont fait littéralement la guerre durant des mois.


Loin des clichés du rasta gavé de fumette, on apprend (avec étonnement) qu'il aimait composé très tôt le matin, qu'il buvait beaucoup... de jus de fruits, qu'il gardait sa maison toujours ouverte à quiconque voulait entrer, sans pour autant qu'il y règne le bazar. Plus étonnant encore, on le découvre en papa sévère et peu concerné, aux démonstrations affectives restreintes, aux dires de ses enfants. Lui qui donne tant aux autres ne fait pas de même avec les siens. Et de constater que le mariage n'était pour lui qu'un rite sans réelle implication émotionnelle au vu de ses innombrables maîtresses (et non moins innombrables enfants illégitimes). Un pincement au cœur se fait alors sentir lorsque sa femme parle de l'infidélité de l'artiste, qu'elle a fini par considérer avec philosophie et bienveillance... par défaut.

Conséquence logique de ce docu si prenant : une fin qui tire la larme au moment de la maladie et de la mort de Marley, emporté par un cancer à 36 ans. Une fin qui tire aussi un peu (trop) en longueur et qui laisse un goût amer après 2h d'éveil citoyen, de volonté de partage et de bonne humeur communicative. 

En résumé : un docu qui donne le sourire, fait battre la mesure au pied, découvrir une autre facette du personnage et chanter les tubes immortels de Bob un bon moment après la fin de la séance.

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