samedi 5 mars 2016

[Avis] Triple 9 : Triple dose de polar noir (16/03/16)

TRIPLE 9


De John Hillcoat
Avec Chiwetel Ejiofor, Casey Affleck, Kate Winslet, Anthony Mackie, Aaron Paul, Clifton Collins Jr, Woody Harrelson, Norman Reedus, Teresa Palmer, Michael K. Williams...

Sortie le 16 mars 2016


Trois fois 9 n'est pas le signe du diable caché à l'envers (quoique...) mais le code utilisé par la police lorsqu'un policier est à terre ou abattu en service. À ce moment-là, toutes les unités sont mobilisées pour retrouver le coupable. Une bande de criminels, barbouzes et policiers corrompus l'utilisent pour faire diversion et commettre un casse pour la mafia russe. Mais Ils n'avaient pas prévu de se heurter au flair et à l'opiniâtreté d'un flic un peu trop perspicace et intègre...

Triple 9 pourrait être un nième film de casse au vu de sa scène d'exposition (cependant très réussie). Mais John Hillcoat en fait un polar noir à l'intensité permanente sans temps ou presque. On sent le réalisateur de clip derrière (celui de Dépêche Mode, entre autre). Après avoir fait ses armes sur des types de films très codés (le survival avec La Route, le western avec The Proposition, le film de gangsters d'époque avec Les Hommes sans loi),  il revient avec un film de casse pas si classique qu'il en a l'air. Évidemment, il joue sur le taux de testostérone de ses acteurs, galerie de personnages hauts en couleurs. Au menu : courses poursuites, règlements de compte et confrontations dans les bas-fonds avec les membres des gangs. De quoi faire fleurir le langage !

Hillocoat fonce dans le tas avec une mise en scène intense (montage cut pour plus de dynamisme, focales prononcées pour plus d'immersion dans l'action...). Une approche frontale et viscérale hyper efficace, qui contourne les moments les plus délicats par des ellipses, parfois déroutantes. Le film n'en oublie pas de compliquer l'affaire lorsque les flics sont en proie à des prises de conscience contrariant leur code moral. Pas si facile d'être des deux côtés de la barrière. Mais pas de quoi en faire des sacs de nœuds pour psychanalystes non plus. Ce parti pris est survolé et rapidement balayé. Peut-être à tort car les événements s'enchaînent pour ne pas laisser le spectateur respirer, mais au détriment des personnages auxquels finalement, on n'a pas le temps de s'attacher alors qu'au final, il s'agit d'un drame humain avant tout (non, je ne spoile rien en disant cela...).

On retrouve un casting impeccable avec un Casey Affleck qui, depuis Gone Baby Gone (The Killer inside me, Les Amants du Texas, Les brasiers de la colère, The Finest Hours) s'est fait un prénom de choix à Hollywood. pour notre plus grand plaisir car s'il est souvent attiré par des rôles sombres et torturés, il montre qu'il peut tout jouer avec tout autant de conviction, d'aplomb et de savoir-faire. Dommage que Woody Harrelson fasse du Woody Harrelson, toujours alcoolisé et un peu borderline. La faute à son rôle aux contours bien plus flous que ceux qu'il défendait par exemple dans la série True Détective  ou bien encore moins déglingué que dans Rampart. Un coup de chapeau à Aron Paul en camé plein de remous, et à Kate Winslet, à qui les rôles de chef machiavélique vont vraiment bien (Divergente). Elle est ici méconnaissable (maquillée comme un camion volé) en chef mafieuse.

En résumé : Un polar noir un peu inégal mais à l'atmosphère poisseuse, au rythme nerveux et percutant, à la mise en scène efficace et à l'intensité continue.



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