mercredi 18 novembre 2015

[Avis] Flesh and Bone : l'impitoyable danse

FLESH AND BONE


Actuellement sur Starz / OCS City US+24

Avec Sarah Hay, Ben Daniels, Emilie Tyra, Irina Dvorovenko, Damon Herriman, Josh Helman, Rachel Diane Weiner, Sascha Radetsky...

Claire est une jeune femme dont la passion pour la danse est dévorante depuis toute petite. On fait sa connaissance alors qu'elle s'enfuit de son foyer familial qu'on devine malsain et oppressant. Prometteuse, voire même surdouée, la ballerine est embauchée sur le fil dans l'une des plus prestigieuses compagnies de New York, the American Ballet Compagny. Réservée, à fleur de peau et mais déterminée, Claire doit face face au monde impitoyable de la danse classique : compétition, cruauté de ses pairs, rudesse de son maître de ballet… Elle va devoir endurer un entraînement physique et moral épuisant et éprouvant.



Plié, pas-de-bourrée, arabesque… tais-toi et danse !

Flesh and Bone est une mini-série un peu à part, qui s'attache à un monde rarement décliné sur le petit écran : la danse classique. Evidemment, le scénario de départ ressemble peu ou proue à celui du film Black Swan de Darren Aronofsky. On retrouve la jeune fille débutante, timide, faisant forte impression à un mentor aussi tyrannique que torturé. Elle est aussi choisie pour interpréter le rôle majeure d'une nouvelle production et va devoir s'affirmer parmi ses pairs, parmi lesquels figurent des filles délurées et affirmées tant dans leur vie que dans leur passion.

La série n'évite pas les clichés depuis longtemps véhiculés par ce milieu artistique fait de discipline mâtinée de tyrannie, de ses danseurs inamicaux et des souffrances corporelles endurées. Mais Flesh and Bone va plus loin. On nous montre l'envers du décor pas toujours joli-joli que vivent ces jeunes artistes plein de fougue, prêt à tout pour réussir et rester en haut de l'affiche : drogue, sexe, manipulation… La nuit, les pointes et juste-au-corps sont troqués pour des talons vertigineux et lingerie minimaliste pour une autre forme de danse : topless dans un cabaret un peu spécial… Là, commence la deuxième vie de Claire. 

Flesh and Bone avance à pas jetés sur une ligne indéfinie entre le politiquement incorrect et le trash, sans pour autant dépasser les limites de l'insupportable. Des sujets tabous tels que l'inceste y sont dévoilés avec une certaine pudeur, sage et violente à la fois. Les images, les chorégraphies sont léchées (le sublime générique met d'ailleurs la barre de la facture assez haute…). Et les personnages s'épaississent en complexité à chaque nouvel épisode, y compris pour les rôles secondaires (jolie composition de Damon Herriman en SDF/poète un peu dingo mais visionnaire et tellement attachant). On entre dans leur intimité profonde, et barrières et préjugés glissent et se transforment peu à peu. 

Dans la peu de Claire, une jeune débutante aussi. Sarah Hay est une véritable ballerine, soliste dans une compagnie de Dresde, en Allemagne. Elle n'en est pas à son premier essai cinématographique en tant que danseuse : elle a fait partie du corps de ballet de Black Swan. Elle impressionne dans ce rôle complexe tiraillé entre traumatisme passé, auto-flagellation et envie de réussir. Le reste du casting (dont l'ancienne danseuse solo du véritable American Ballet de NY, Irina Dvorovenko) est évidemment aussi convaincant, tant dans la danse que dans le jeu.

En résumé : une série sombre, intense, intimiste et dérangeante, qui vous embarque dans un univers tendu, plein de grâce et de vacheries.

 

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