samedi 1 juin 2013

[Critique] The Bling Ring : Une jeunesse dorée en perdition (12/06/13)

© Pathé Distribution
THE BLING RING

De Sofia Coppola
Avec Emma Watson, Israel Broussard, Claire Julien Taissa Farmiga, Georgia Rock, Leslie Mann...

Sortie le 12 juin 2013

Los Angeles. Des adolescents - un garçon et quatre filles - plus passionnés par les célébrités et leurs garde-robes qu'à l'école, passent leur temps entre soirées, défonce et shopping. Car ils ont "tout pour être heureux"  : des parents pleins aux as, souvent absents pour des raisons professionnelles ou permissifs à l'extrême. Leur passion ? Décortiquer les marques portées par les "people". Le gang, surnommé plus tard le "Bling Ring" par la presse, suit au jour le jour l'agenda des célébrités sur la Toile pour ensuite cambrioler leurs résidences en leur absence et s'emparer de plus de 3 millions de bijoux, vêtements, chaussures et autres sacs de luxe. Jusqu'au jour où, il s'est fait pincer…



© Merrick Morton
Sofia Coppola est la cinéaste de l'adolescence par excellence. Pas étonnant qu'elle reprenne ce faits divers, dans lequel une bande de gosses de riches désarmants de vacuité vivent dans une bulle d'insouciance, persuadés d'avoir tous les droits et de n'exister que par ce qu'ils portent. Après le sublime Virgin Suicides et ses sœurs romantiques, et Somewhere où elle dépeint la superficialité et le vide - légion à Los Angeles, elle signe avec The Bling Ring une chronique d'une jeunesse dorée narcissique obsédée par les marques et les célébrités, inspiré d'un vrai gang d'ados cambrioleurs qui sévissait dans la Cité des Anges. Si le postulat de départ pouvait paraître un peu léger pour en faire un film (les faits divers du genre ne manquant pas…), le résultat oscille entre le superficiel et le portrait plutôt bien vue d'une jeunesse fortunée en perdition, biberonnée à la télé-réalité. 
© Merrick MortonLe scénario aux dialogues minimalistes laisse place à un enchaînement de fêtes, de musique à fond, d'abus de substances en tout genre entre deux cambriolages, durant lesquels ils s'admirent et se prennent en photo avec leur butin pour alimenter leur page Facebook. Un peu répétitif ? Assurément. Si les images impose impose un rythme soutenu, à l'instar de la musique (essentiellement electro et Rn'B), l'énonciation de toutes les enseignes haute-couture présentes dans les placards de stars fait parfois penser à The Sex and the City, le film : un grand déballage de marques dignes des Galeries Lafayette, Macy's et autres grands magasins. Il faut bien financer le film, me direz-vous... 

© Merrick MortonEt pourtant, on prend un certain plaisir à admirer les collections de chaussures, de sacs, de bijoux, de paires de lunettes et autres frou-frou qui sont exposés dans les dressings des stars, en particulier celui de Paris Hilton (qui fait une brève apparition dans un club, et qui a prêté sa villa supra kitsch pour le tournage. Pas rancunière, l'héritière !). Entre strass, plumes, cuir, satin et mousseline, les plus accro au shopping en baveront sûrement ! 
Malgré tout, la réalisatrice se refuse à juger ces jeunes. Elle préfère montrer une bande de décérébrés dans toute leur splendeur, en total raccord avec leur temps et son environnement. Même si tous les personnages font n'importe quoi, ils n'en font pas plus que ce qu'ils voient à la télé ou sur Internet avec les blogs-people. 
© Merrick MortonAvec sa "coolitude", ses répliques parfois drôles, et son vide abyssal de matière grise de ces jeunes, le film devient lui-même le symptôme volontaire de la déchéance qu'il montre. A grand coup de "J'adore Chanel" et autre Louboutin, et de "Qu'en pense Lindsay (Lohan) ?" lorsqu'une des voleuses, en interrogatoire, découvre qu'on a parlé de ses agissements à la star, on se dit qu'il n'y a plus beaucoup de place pour l'humain chez ces jeunes. Alors on essaie de leur trouver des excuses : l'absence parentale répétée, le besoin d'adrénaline car tout tombe tout cuit dans leur bec depuis leur naissance, ou tout simplement l'ennui. A la fois vertigineux et affligeant. Non pas comme son casting, plutôt brillant. La performance de l'ex-magicienne, Emma Watson, qui a bien grandi depuis sa sortie de Poudlard, se fait remarquer... et dans le bon sens (déjà amorcé avec Le Monde de Charlie). Inspirée par l'émission des Kardashians, s'en sort avec les honneurs en pseudo starlette, hypocrite et prête à tout pour se faire une place parmi les célébrités qu'elle envie. Sans oublier Katie Chang, la meneuse du gang. Une belle découverte.

En résumé : Un résultat (sur)colorée (à l'image de son affiche façon magazine people), qui décolle par intermittence, sauvée par une mise en scène qui ose avec des plans de cinéma purs, et un casting survolté. Pas un bijou mais se laisse regarder.

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