jeudi 24 mars 2011

Des bulles à la bobine avec Zep, papa de Titeuf

Titeuf, le sale gosse à la mèche blonde de la bande dessinée éponyme, débarque dans les salles obscures le 6 avril. Zep, son créateur, présente son long-métrage, qu'il a réalisé de bout en bout durant 2 ans, ne voulant laisser son "bébé" dans les mains de personne. Finalement, c'est à près de 700 personnes qui auront participé au projet...


Comment vous est venu le goût du dessin ?
Dès l’âge de 4 ans, j’ai su que je voulais en faire mon métier. J’étais impressionné par ceux qui faisaient les bandes dessinées. Pour m’occuper, ma mère me donnait des feuilles et je passais des heures à recopier mes BD préférées. Et puis je suis devenu le dessinateur de l’école car tout le monde me demandait de dessiner.

Comment étiez-vous quand vous étiez enfant ?
J’étais plongé dans un monde imaginaire et j’étais très timide. J’avais envie d’être grand très vite, de choisir ma vie et de ne plus aller à l’école (rires). J’aurais aimé être plus comme Titeuf. Il se pose beaucoup de questions, comme de savoir si cela fait du bruit quand on appuie sur les seins d’une fille (rires). Contrairement à moi, il teste tout ce qui lui passe par la tête, même si ça tourne souvent à la catastrophe.

Comment est né le personnage de Titeuf ?
Un peu par hasard. Titeuf est mon lien à l’enfance. C’était un personnage qui traînait dans ma tête quand j’ai écrit mes souvenirs d’école. J’ai dessiné mes copains... Et quand il a fallu me représenter, j’ai repensé à ce petit bonhomme avec une mèche qui ressemblait à un œuf. Je pensais n’en faire que 2 pages... (rires).

Qu’est ce qui fait le succès de Titeuf, selon vous ?
Je ne sais pas vraiment. Le premier album était atypique. Le bouche-à-oreille a fait tout le travail. Toutes les prévisions que les éditeurs avaient faites se sont avérées fausses. Donc on me laisse écrire comme je veux. Dans Titeuf, il n’y a pas de tabou car, comme dans la «vraie vie», les enfants parlent de tout, même de sexualité. Et il n’y a rien de pire que de dire à un enfant «Tu ne dois pas t’inquiéter» car c’est là qu’il s’inquiète le plus si on ne lui explique pas la situation.

Quel est le point de départ du film ?
J’avais envie d’une comédie, d’une histoire autour du quotidien de Titeuf, très réaliste. Et de faire un film pour tout le monde, et pas que pour les lecteurs de Titeuf. Et je voulais garder ce lien entre l’enfance et le monde adultes qu’il y a dans la BD. Les blagues potaches (comme les concours de rots) et les problèmes d’enfant côtoient les difficultés que traversent les parents.

En quelques mots, que raconte le film ?
Titeuf a un gros problème : il n’est pas invité à l’anniversaire de Nadia, celle qu’il aime. Mais quand il se tourne vers ses parents pour demander de l’aide, il s’aperçoit qu’eux aussi sont dépassés par leurs ennuis de couple, au bord de la rupture. Finalement, on s’aperçoit que les adultes ne comprennent pas mieux la vie que les enfants. Qu’ils se débarrassent des questions gênantes en disant «Tu comprendras quand tu seras plus grand» car ils ne connaissent pas la réponse et qu’ils sont toujours en train de la chercher.


C’est votre premier film, comment s’est passée la réalisation ?
C’est un projet qui a duré 2 ans. Au début, j’ai travaillé tout seul pour écrire l’histoire, les dialogues et le story board. Puis viennent les différentes équipes : les story boarders (car je ne peux pas faire tous les dessins tout seul), les coloristes, les animateurs... On a été jusqu’à 700 personnes à travailler sur le film. Et ça n’est pas facile de gérer tant de monde !

Et le doublage ?
Les comédiens n’ont pas pu enregistrer leur voix sur le film, comme d’habitude, car il n'existait pas encore. Il n'avait que quelques lignes de scénario. Et j'ai dû leur expliquer l’histoire scène par scène. Et quand ils ont posé leur voix, je les ai filmés afin de pouvoir recopier leurs expressions dans les dessins. avec des acteurs de cinéma, cela a été une opération compliquée car ils bougent tout le temps et se baladent, contrairement aux comédiens qui ont l'habitude de faire de la post-synchronisation.

Qu’avez-vous retiré de cette expérience ?
Je n’avais aucune notion technique, je suis parti de rien. Donc je me suis documenté. J'ai regardé des comédies de genres différents. Mais le vrai plaisir du cinéma, c’est de pouvoir ajouter des tas de détails impossibles à dessiner : jouer avec le son, jusqu’au bruit des pas des personnages, avec la musique qui montrent les différentes émotions de chacun. Et j’avais enfin plus de place que des bulles pour faire parler Titeuf, qui est très bavard ! (rires).

Propos recueillis par Marie

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