De Michael Bay
Avec Mark Wahlberg, Dwayne Johnson, Anthony Mackie, Tony Shalhoub,
Ed Harris…
Sortie le 11 septembre 2013
Floride, dans les années 1990. Dany Lugo est un bodybuilder formé à la dure et au casier judiciaire plus vraiment vierge. Malgré une réussite relative, il se sent exclu du fameux 'rêve américain' portée par le travail du self-made man. Pour lui, perfection physique rime avec réussite sociale et profond patriotisme. Il est jaloux de tout ceux qui ont atteint les sommets de l'American way of life, malgré leur tronche de travers et leur corps tout flasque. Il ne pense qu'à une chose : se venger. Chose qu'il va entreprendre de façon peu banale. Il réussit à convaincre deux copains culturistes, Paul Doyle et Adrian Doorball, pour convoquer les dieux du bling-bling. En parfait cerveau du groupe, il imagine une stratégie pour kidnapper un gringalet retors mais plein aux as, lui extorquer tout son blé en le torturant. Une fois le plan mis à exécution - où évidemment tout ne se passe pas comme prévu - ils laissent leur victime pour morte. S'ils ont acquis belles voitures, maisons immenses et comptes en banques bien fournis, ils ne vont pas en profiter bien longtemps. Cette bande de bras cassés va réussir à tout faire capoter...
Gros biscotos et cervelles rikiki ? Pas que...
Il est bien connu que Michael Bay ne fait pas dans la dentelle, et préfère le bon film d'action démesuré, monté à la hache, qui sent la testostérone et la poudre - à canon - que les films aux dialogues ciselés et aux images léchées. Ainsi Bad Boys, Armageddon, Pearl Harbor ou encore la saga Transformers est là pour en attester. Et malgré cette image de cinéma pop-corn sans cervelle, il s'en fout et assume car le public le suit à chaque fois. Qu'à cela ne tienne ! Il récidive avec No Pain No Gain où grosses cylindrées, belles gonzesses pas très habillées (et pas très malignes), sueur et langage fleuri (voire scatho) se bouscule dans un humour ras des pâquerettes.
Cette fois-ci, Michael Bay allie fond et forme. Ces codes qu'il utilise depuis une vingtaine d'années deviennent le sujet même du film. Sous couvert de violence sauvage, il déroule un pamphlet contre le danger des rêves faciles - souvent inaccessibles -, l'illusion que la beauté peut servir d'ascenseur social fulgurant, l'argent facile et le pouvoir censé être dû qui va avec. Ici, les valeurs absolues de l'Amérique forte et puissante sont réduites à néant, montrant qu'en croyant que tout est possible, finalement, la machine à succès fabrique autant de prétentieux suffisants que de petits cons qui n'ont pas grands chose dans le crâne.
Dany et sa bande sont l'exemple même des anti-héros, dont la vulgarité sert une farce jusque-boutiste lancée à fond la caisse, où finalement l'accès à la réussite se fait au détriment de toute moralité et sens du Bon et du Mauvais. On peut regretter que le réalisateur enchaîne, parfois sans mesure, les scènes absurdes qui, quelque part , finissent par être trop nombreuses et redondante pour servir le propos. Comme pour appuyer sur le fait que le scénario est basé sur une histoire vraie. Mais on rit de bon cœur à la bêtise de ces nœuds-nœuds survitaminés. Wahlberg n'est jamais aussi bon que lorsqu'il est sur le point de péter un câble et virer dans l'hystérie comique (comme dans Ted). Et que dire de Dwayne Johnson en criminel pieux, qui prend la foi comme excuse pour s'affirmer, prospérer et surtout absoudre ses méfaits. Drôlissime ! De dérapages et coups du sort, les trois compères nous rappellent avec ironie et humour que l'argent ne fait pas le bonheur.
En résumé : Michael Bay se venge de tous ceux qui le conspuent sur l'autel des blockbusters hors de prix qui l'ont construit et ont bâti une partie du nouvel Hollywood. Il répond qu'il faut ne pas être bien fute-fute pour imaginer qu'avoir de l'argent est une fin en soi. Le roi du gros film qui tache et qui casse tout fait mouche avec cette comédie shootée aux protéines.