INDIAN PALACE
De John Madden
Avec Judi Dench, Bill Nighy, Maggie Smith, Tom Wilkinson…
Sortie le 9 mai 2012
Un groupe de retraités (Judi Dench, Bill Nighy, Tom Wilkinson, Maggie Smith en tête), qui ne se connaissent pas, se retrouvent en partance pour un palace en Inde, chacun pour une raison différente et personnelle. L'une va se faire opérer de la hanche car les soins médicaux y sont moins coûteux qu'en Grande-Bretagne, l'autre va changer de vie pour des raisons financières et trouver du travail pour éponger les dettes de son défunt mari, d'autres espèrent trouver une nouvelle jeunesse ou encore un amour perdu... Mais leurs espoirs vont quelques peu vaciller à leur arrivée : le Marigold Hotel, le palace promis présenté comme un palais de Maharadjah n'est pas tout à fait celui de la brochure ! Tous ces sex/septuagénaires vont alors devoir s'adapter à ce nouvel environnement exotique, à la culture et ses traditions et mettre de côté leurs préjugés et leurs a priori sur l'Inde afin de vivre pleinement cette aventure.
La crème de la crème du cinéma britannique s'est donnée rendez-vous dans
Indian Palace, le dernier long-métrage de John Madden (
Shakespeare in love,
L'affaire Rachel Singer). Continuité sur grand écran du roman
Ces petites choses de Deborah Moggach, ce film est un
voyage d'une tendresse toute particulière et touchant de par ses
personnages incroyables que par
la beauté d'une province indienne : le Rajasthan.
Et si l'on devait mourir demain ?
Partir à la retraite, devenir veuf ou tout simplement apprendre à vivre pleinement ce qu'il reste à vivre s'avère être un tournant dans l'existence d'un être humain. L'idée aurait pu conduire à un film aux effluves de naphtaline et de colle dentaire. Loin de là ! Le point de départ a donné naissance à une
comédie sur le déracinement et la mélancolie liée au deuil, mais
le scénario est drôle, riche; et les tribulations et les joies qui accompagnent le désir de vieillir avec grâce et énergie confèrent aux personnages
un charme fou.
Tout au long du film, chacun se dévoile, racontant ses secrets, sa vie passée, ses envies d'avenir. Plutôt
détestables au départ, ils deviennent terriblement attachants. Sous leur carapace de British pure souche, ils s'avèrent capables de tolérance, d'ouverture d'esprit et de respect des autres (à une exception près). On notera tout de même que la
performance de Maggie Smith (l'inoxydable Professeur McConagall dans
Harry Potter) est de loin celle qui
nous fait sourire le plus, avec son air pincé, ses remarques xénophobes et son étroitesse d'esprit... Et qui évidemment sera celle qui évoluera le plus. Un autre ne démérite pas non plus : Dev Patel (
Slumdog Millionnaire), interprète de Sonny, le gérant du palais en ruine. C'est grâce à son attitude enjouée et enthousiaste que les résidents ne s'enfuient pas dès leur arrivée. Parfois
too much mais plutôt sympa.
Certes, l'ensemble forme un film assez fleur bleu, avec de bons sentiments et édulcoré de toutes visions dures du pays vivant dans la pauvreté. Et pourtant, John Madden ne tombe pas dans le sentimentalisme tire-larmes. Le pays est évidemment le grand personnage de l'histoire, un pays de contrastes, coloré, avec des paysages à couper le souffle, et des habitants d'une richesse intérieure indescriptible.
La carte postale n'est pas loin, et finalement, le réalisateur nous fait découvrir cet univers sans pathos surligné, au détour de rencontres et des visites faites par les personnages : le chaos sonore permanent d'une ville grouillante, les musiciens d'une ruelle, une famille de gens de castes inférieures... Aucun des personnages n'en sortira indemnes, tout comme pour les acteurs ayant déclaré que "l'Inde est une agression constante des sens et de tout ce que l'on tient pour acquis" et "un endroit enchanteur à tout point de vue. C'est un pays riche et pauvre à la fois, il y a une telle énergie, un tel enthousiasme partout... Une expérience unique au monde, tour à tour exaltante, ravissante, choquante et riche de tous les aspects de la vie". On peut regretter tout de même quelques stéréotypes un peu trop marqué, comme l'incompréhension des nouvelles technologies par les seniors... Mais qu'importe ! L'énergie, le ton et les bonnes réparties sont là et c'est tout ce qu'on demande !
En résumé : On pourra se dire "je veux vieillir comme cela" en sortant de la salle. Indian Palace prouve qu'il y a une autre vie après la vie si on s'en donne les moyens. À l'image de ses résidents, le Marigold Hotel décati et sans âme reprend des couleurs et revit grâce à la joie et la paix intérieure retrouvée de ses habitants. Une jolie bouffée d'air frais !