LADY VEGAS
De Stephen Frears
Avec Rebecca Hall, Bruce Willis, Catherine Zeta-Jones, Vince Vaughn, Joshua Jackson...
Beth Raymer (Rebecca Hall), une jeune femme ravissante et pétillante, souhaiterait abandonner son métier de call-girl avant que les choses tournent au vinaigre pour elle. Elle quitte donc la Floride pour Las Vegas; Son ambition ? Devenir barmaid. Malheureusement les opportunités se font rares. Elle fait pourtant la connaissance de Dink (Bruce Willis), parieur sportif professionnel qui, croyant déceler un vrai potentiel chez la rayonnante Beth, lui offre un boulot. La voilà plonger dans l'univers des chiffres et des coups de téléphone donnés à 100 à l'heure. Dink a trouvé la perle : la jeune femme se révèle particulièrement douée et ne tarde pas à devenir sa mascotte, jusqu’à ce que la roue ne se grippe.
Lady Vegas, mémoire d'une joueuse est un Stephen Frears en mode mineur. Si le réalisateur britannique est friand d'adaptations littéraires depuis plus de 40 ans (My Beautiful Laundrette, Les Liaisons dangereuses, Haute-Fidélité, Chéri, Tamara Drewe) et des biopic (La Dame de Fer), il transforme ici une histoire vraie en gentille comédie légère (trop pour un Frears) anecdotique sans grand intérêt. Son premier défaut ? Une histoire de parieurs sportifs restant à son niveau le plus basique : on observe des gens énoncer des chiffres au téléphone, point barre. Les non-initiés sont largués. Mais le réalisateur tente de concentrer davantage sur les personnages (comme souvent), leur psychologie, leurs failles, leurs doutes, leurs forces et les relations qu'ils nouent entre eux, en oubliant certaines cohérences de scénario. Sans réel succès.
Aussi Rebecca Hall (révélée par Woody Allen dans Vicky Christina Barcelona et qui signe là son premier grand rôle) joue avec pep's cette jeune femme volontaire façon Erin Brokovitch, qui n’a pas froid aux yeux et qui se bat pour changer de vie tout en gardant sa fragilité. Quant à Bruce Willis, on le retrouve drôlement accoutré en short long, tee-shirt large et chaussettes montantes... Voilà qui contraste avec son image de héros sans peur et sans reproche qui a l'habitude de sauver le monde ! Et ça lui va bien ! Dink, un angoissé chronique plutôt sympa et bienveillant, mais capable de grosses colères injustifiées contre son équipe. Dommage que le simple début d'émotion ressentie fasse ressortir son éternelle moue unique si propre à lui.
Et Catherine Zeta-Jones, qui retrouve Stephen Frears 10 ans après Haute-Fidélité, incarne avec délectation Tulip, sa femme autoritaire et jalouse, pour un couple qui semble artificiel à première vue. Un rôle qui s'éloigne une fois de plus de son image lisse et bourgeoise, comme elle l'a fait récemment dans Rock Forever, mais somme toute ici sacrifié, tant la profondeur psychologique ne tient qu'à un lifting et une croisière.
Les second rôles ne sont pas négligés. Chacun prend peu à peu sa place autour de Beth, de façon un peu manichéenne, entre l'instable Holly, "copine" dévorée par le démon du jeu, Rosie (Vince Vaughn), bookmaker arriviste à l'opposé de Dink qui perdre Beth, et Jeremy (Joshua Jackson), coup d'un soir qui s'avère être l'homme de sa vie. Un peu simpliste et des interprétations finalement peu brillantes. On retiendra surtout le ton nasillard (et finalement agaçant) de Rebeca Hall qui passe de l'excitation euphorique à la gravité sans profondeur en un claquement de doigt (tout en tournant ses cheveux dans ses doigts telle une petite fille de cinq ans). On sent qu'elle a du mal à trouver le ton juste et que le réalisateur dirige tout ce petit monde en pilote automatique.
En résumé : Au final, Lady Vegas ne restera pas dans les annales. On a rarement vu un Stephen Frears aussi peu inspiré. Finalement, seuls les comédiens ont l'air de s'amuser.