Des saumons dans le désert... En voilà une idée ?! Avec un titre pareil, on pourrait s'attendre à un docu animalier farfelu avec des personnages qui ne le sont pas moins. Ou encore une expérience d'un savant fou tombé sur cette invention comme la foudre sur le clocher d'une église. La vérité se trouve un peu entre les deux. Adapté du roman
Partie de pêche au Yémen de Paul Torday (2006), le film de Lasse Hallstrom vogue entre deux eaux : la rivière tumultueuse de la comédie à l'anglaise pur jus du départ finit par se jeter dans un delta romantico-dramatico pépère, voire lourdingue.
De quoi ça parle ?
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Un richissime cheik (Amr Waked) n'a rien trouvé de mieux que d'avancer 50 millions de dollars à quiconque rendrait réelle cette idée saugrenue : importer des saumons écossais dans une rivière yéménite en plein milieu du désert. Un caprice ? Pas tant que cela... En entendant déjà le froissement des billets dans le fond de ses coffres fort, le gouvernement britannique saisit l'occasion de redorer ses relations avec le Moyen-Orient, minée par des attentats. Avec l'appui politique forcené d'une pro de la comm' quasi tyrannique (Kristin Scott Thomas) officiant pour le bureau du Premier ministre britannique, et Harriet (Emily Blunt), une assistante dévouée, tout est mis en œuvre pour que ce projet se réalise. Elles remuent ciel et terre pour que le Dr Alfred Jones (Ewan McGregor), spécialiste en biologie marine, trouve un moyen de transporter ces fichus poissons entiers et... vivants jusqu'à destination !
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Si le livre a séduit la critique par son mélange d'esprit, d'humour, de drame, de romance et de satire politique acérée, le film, lui, fonctionne seulement un temps sur l'humour pince-sans-rire et blasphèmes non-retenus, pour se vautrer dans le sentimentalisme rose bonbon. Et pourtant, l'interprétation des acteurs est juste : Ewan McGregor est touchant dans ce rôle d'homme plein d'habitudes et coincé dans la vie comme dans son mariage, et Emily Blunt pétille de douceur.
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Heureusement, le charisme de certains porte le manque de rythme de la seconde partie, qui devrait être pourtant la plus excitante. Quoi de plus jouissif que de voir Kristin Scott Thomas en garce impitoyable qui mène son monde à coup de trique (loin de l'amoureuse éplorée et dégoulinante car éconduite dans Bel Ami). Et que dire du charme oriental et cinégénique d'Amr Waked, star en son pays l'Égypte, qui joue à merveille ce cheikh idéaliste et amoureux de son pays (loin des rôles de terroristes qu'on lui propose habituellement, comme dans Syriana).
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La mise en scène s'enfonce à mesure que les poissons montrent le bout de leurs nageoires. Et pourtant, on aurait pu compter sur le "suspens" piscicole, à savoir si la mission sera menée à terme ou non pour se défaire de l'inévitable histoire d'amour tragique. Même pas ! On ne s'ennuie pas tout à fait face à ses personnages pas vraiment insipides, un peu perdus dans une aventure bien trop grande pour eux, mais qui ne l'est pas assez pour le spectateur. On est charmé un moment mais on ne s'évade pas non plus. Pire, on nous rabâche à coup d'images de saumon qui remonte à contre-courant pour montrer que l'impossible devient possible si on y croit vraiment. Une allégorie lourdement amenée pour parler du cheminement des hommes vers l'accomplissement spirituel. Même si l'on veut y croire, on a du mal à mordre à l'hameçon.
En résumé : Une fable charmante mais qui ne ferrera pas tous les poissons cinéphiles
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