vendredi 28 février 2014

[Interview] Non-Stop : Embarquement immédiat pour un moment de tension

En hommage à la saga Airport (film catastrophe de 1970, avec tempête de neige sur un aéroport international et une bombe dans un avion), Non-Stop est un petit film de genre plutôt sympa. Dans la lignée de Sans identité, le précédent thriller de Jaume Collet-Serra, Non-Stop fait passer un bon moment… avec un peu moins de subtilité, tout de même. Sortie le 26 mars 2014.
Alors qu'il est en plein vol, un agent de la police de l’air reçoit des SMS d’un inconnu qui dit être à bord et vouloir assassiner un passager toutes les 20 minutes s'il ne reçoit pas 150 millions de dollars. 
Rencontre avec Julianne Moore et Liam Neeson, deux passagers un peu particuliers… et très taquins !

En avion, quel est votre voisin-passager idéal ?

Liam Neeson : Sublime, bien sûr. Et qui ne veut pas dormir. (rires)
Julianne Moore : Il veut parler, tout le temps. (rires) Moi j'aime lire ou dormir dans l'avion. Parfois, quand quelqu'un commence à me faire la conversation, ça m'agace dans un premier temps. Et puis je me dis, sois un être humain et parle lui, c'est comme ça que j'ai rencontré des gens intéressants.
Liam Neeson : J'aime me plonger (me vider la tête) dans un bouquin. En fait, je ne sais pas si tu es comme moi (en parlant à Julianne), on fait tellement de films qu'on est reconnu très vite (par les gens). J'ai tendance à ne pas engager une conversation parce que je redoute de devoir terminer la conversation très vite, parce que je ne veux pas qu'elle finisse par parler de mes films.
Julianne Moore : pareil, ça ne me gène pas de parler aux gens, tant que ce n'est pas de films. Certains parlent de leurs enfants. Il n'y a pas si longtemps, j'ai voyagé avec une maman et son bébé, et j'étais tellement contente de voyager à côté d'elle -- et pas un de ces hommes d'affaires qui ne l'auraient pas aidée. Elle était seule avec son enfant donc je l'ai aidée à le porter quand elle a eu besoin d'aller aux toilettes. C'était drôle.

Avez-vous peur en avion ?

Liam Neeson : non. J'ai juste peur qu'on me perde ma valise (rire).
© StudioCanalJulianne Moore : non pas peur. Parfois, on peut être énervé. On est toujours dans ce même schéma : on se dépêche pour arriver dans l'avion, boucler sa ceinture en vitesse, et finalement on attend assis-là 1h30 parce qu'il y a 10 avions qui attendent les uns derrière les autres, et les hôtesses ne veulent pas ouvrir le bar et ne veulent pas servir tant qu'on n'est pas en vol… 
Liam Neeson : On appelle mon fils "monsieur vacances" parce qu'il est le plus cool des voyageurs en avion que je connaisse. Il monte dans l'avion, il commande un Sprite, il enlève ses écouteurs et il enfile ce qu'on appelle un oreiller Ostrich, c'est comme un bonnet qui recouvre toute la tête pour ne laisser passer aucun son, et qui a un trou devant pour respirer par la bouche. Et terminé, il s'endort.

Qu’est-ce qui vous a plu dans votre personnage ?

Julianne Moore : J'ai bien aimé mon personnage. Elle est triste mais c'est un rôle passionnant. Elle s'intéresse à la vie, et elle s'engage. C'était marrant de la jouer. 
Liam Neeson : et elle est mystérieuse. Et elle est intéressante pour l'histoire puisqu'elle devient aussi une suspecte. 
Et mon personnage est brisé, il essaie de recoller les morceaux comme il peut. Il est comme un tabouret à trois pieds. Il est très stable. Et il a un problème d'alcool. Et puis finalement, des choses extraordinaires lui arrivent, ainsi qu'aux autres.

Comment s’est passé le tournage ? N’étiez-vous pas claustrophobes à la fin de la journée ?

Julianne Moore : Les décors étaient chouette. C'était agréable d'arriver et de ne pas avoir à tourner à l'extérieur, ne pas avoir froid, de faire face à la pluie ou à la neige.
Liam Neeson : On a tourné juste après l'ouragan Sandy, il y avait des vents terribles, des pluies torrentielles, et ensuite de la neige. Donc à l'intérieur on était protégé, on dormait dans un lit rien que pour nous. 
Julianne Moore : on était content de pouvoir tourner à NY City parce que c'est plutôt rare. Et on voyait le Soleil le matin en arrivant. Parfois, on tourne tellement loin de chez soi donc, de n'avoir que 20 minutes de voiture à faire pour arriver, c'était vraiment exceptionnel. Et en plus de jouer avec de grands acteurs, un merveilleux réalisateur et un scénario qui nous plaisait, c'était vraiment bien. 
Liam Neeson : on a tourné seulement 40 jours, ce qui est peu pour un film d'action. 

© StudioCanalAvez-vous eu des difficultés eu des difficultés particulières lors du tournage ?

Julianne Moore : Non, aucune. C'était du pur plaisir. Et en plus on avait Internet ! (rire). Voilà une autre chose à laquelle il faut penser qd on est sur un tournage parce parfois on tourne avec notre téléphone pour avoir du réseau.

Quelle a été votre première réaction en lisant le scénario ?

Liam Neeson : Le scénario a passé le test de la tasse de thé. Quand je commence à lire un script, et que je m'arrête à la 12e page pour me faire une tasse de thé, il y a des chances pour que je finisse ma lecture à la fin de la semaine… peut être. Et là, de la première page à la p.111, je n'ai pas arrêté de lire. Il est fantastique pour ce type de film.
Julianne Moore : Il surprend totalement. Mon personnage m'a aussi surpris, et les autres aussi. Ce qui est bien c'est qu'il a toujours un métro d'avance sur le spectateur, et le film joue sur ça tout le temps. C'est agréable de regarder un film et de ne pas avoir l'impression de savoir dès les premières minutes ce qu'il va se passer. 

Quel est votre moyen de transport préféré ?

Julianne Moore : j'aime l'avion parce qu'on peut aller loin. Mais j'aime la voiture parce qu'on peut en avoir le contrôle. Comme on voyage beaucoup et qu'il y a souvent des retards, ça n'est pas évident. Mais si c'est possible, je prends ma voiture. J'aime l'idée de partir comme ça (claquement de doigts) si j'ai besoin.
Liam Neeson : j'aime les trains, je vais redécouvrir le train puisque je prends l'Eurostar ce soir pour aller à Londres. Ca fait quelques années que je ne l'ai pas pris. Et j'aime conduire aussi mais ce n'est pas pour une histoire de contrôle. Mon plus jeune fils vient d'avoir son permis et il est très prudent, donc j'adore me laisser conduire. 

Liam, vous faites de plus en plus de films d’action. Comment s’est déroulée la cascade où vous « voler » dans l’avion ?

Je ne l'ai pas faite en entier. J'ai fait les premiers plans et les derniers mais au milieu, c'est ma doublure qui a fait la cascade. On a fait 15 films ensemble et c'est aussi lui qui a fait les scènes les plus compliquées. 

Si vous aviez à donner les défauts et les qualités, quels seraient-ils ?

Liam Neeson : ce n'est pas juste ça comme question ! (sourire)
© StudioCanal
Julianne Moore : je l'adore, c'est un superbe acteur, il est sensible/empathique, c'est sûrement pour ça que le public l'aime tant et lui rend bien. Je ne vois pas de défaut à vrai dire. Sauf peut être le fait qu'il soit Irlandais, mais ça, c'est trop affreux à dire (rire). Mais je dis toujours à Liam que ma mère est Ecossaise et en général, les Ecossais et les Irlandais ne se supportent pas (rires). Et mon arrière-grand-mère était Irlandaise mais elle ne l'a jamais admis. C'était un secret. Et maintenant, les gens vont lire ça et vont croire que je n'aime pas les Irlandais. Et qu'en plus, je te l'ai dit en face ! (rire)
Liam Neeson : A mon tour ! J'ai adoré venir bosser avec elle tous les jours car elle est pleine d'entrain. Elle est une incroyable actrice à tel point qu'une phrase toute bête comme "passe moi l'eau, s'il te plaît ?", elle va mettre tellement de nuances dans l'interprétation que finalement, on ne va pas tout de suite voir le sens premier /basique de la réplique. C'est parfait pour les films d'horreur. Et son défaut : elle est trop écossaise… (rire).



Merci à Audrey pour son interview (traduction : TvCinephages).

vendredi 21 février 2014

[Trailer] Les gardiens de la galaxie arrivent…


La bande-annonce du blockbuster-événement interplanétaire (au moins !) Les Gardiens de la galaxie, vient de nous être dévoilée. Le studio Marvel a mis les petits plats dans les grands. Enfin… les grands moyens. 



Réalisé par James Gunn, sur une histoire de Nicole Perlman et James Gunn, nous partons dans l’espace avec Chris Pratt dans le rôle de Peter Quill alias Star-Lord, Zoe Saldana dans le rôle de Gamora, Dave Bautista (Riddick) dans le rôle de Drax le Destructeur, Lee Pace, Michael Rooker, Karen Gillan, Djimon Hounsou, John C. Reilly (sic), Glenn Close (re-sic) dans le rôle de Nova Prime Rael et Benicio del Toro dans celui du Collector (vu dans l'épilogue de Thor 2 : le monde des ténèbres). Mais aussi Vin Diesel pour la voix originale de Groot et Bradley Cooper pour celle de Rocket. 

Petit rappel de l'histoire… Peter Quill est un aventurier traqué par tous les chasseurs de primes pour avoir volé un mystérieux globe convoité par le puissant Ronan, dont les agissements menacent l’univers tout entier. 
Lorsqu’il découvre le véritable pouvoir de ce globe et la menace qui pèse sur la galaxie, il conclut une alliance fragile avec quatre aliens disparates : Rocket, un raton laveur fin tireur, Groot, un humanoïde semblable à un arbre, l’énigmatique et mortelle Gamora, et Drax le Destructeur, qui ne rêve que de vengeance. En les ralliant à sa cause, il les convainc de livrer un ultime combat aussi désespéré soit-il pour sauver ce qui peut encore l’être …

À première vue, rien de nouveau dans l'univers Marvel. On prend la même recette et on recommence : les effets spéciaux ont l'air tout à fait corrects, le scénario semble jouer sur la carte "humour-à-point-nommé" comme celui qui a fait le succès des Iron Man (et même un temps soit peu Thor 2). En effet, les vannes sont bien présentes tout du long ce premier trailer. En espérant qu'il n'y ait pas que ça…


[Critique] Un été à Osage County : réunion de famille orageuse (26/02/14)

UN ÉTÉ À OSAGE COUNTY

De John Wells
Avec Meryl Streep, Julia Roberts, Ewan McGregor, Chris Cooper, Juliette Lewis, Benedict Cumberbatch, Abigail Breslin, Margo Martindale, Dermot Mulroney, Julianne Nicholson, Sam Sheperd…

Sortie le 26 février 2014

Après la disparition de leur père, trois sœurs se retrouvent dans la maison familiale, perdue au milieu des plaines d'Oklahoma, pour soutenir leur mère malade, paranoïaque, lunatique et impossible à vivre. Ayant emprunté des chemins opposés, toutes ne s'étaient pas vues depuis quelques années, et ont peu de choses en commun. Mais de nouveau réunies, elles vont vivre avec le reste de la famille, venue pour l'occasion, des retrouvailles douloureuses et mouvementées où des secrets vont être enfin dévoilés…


© Tobis Film"On ne choisit pas ses parents, on ne choisit pas sa famille", chantait Maxime Le Forestier il y a quelques années. La famille… c'est ce vaste sujet, souvent bien compliqué, qu'a choisi d'explorer  Tracy Letts, auteur de la pièce dont est tiré Un été à Osage County. Après un triomphe à Broadway (et un Tony award), la lauréate du Prix Pullitzer (rien que ça !) a adapte sa pièce et écrit le scénario. On n'est jamais aussi bien servi que par soi-même… Elle parle de la manière dont nous rions avec nos proches de situations tragiques, et de la manière dont nous nous faisons du mal plus ou moins consciemment, tout en étant toujours présents les uns pour les autres. 
© Wild Bunch DistributionEn voyant le film de John Wells, on pourra penser à Another Happy Day de par le schéma scénaristique classique "réunion de famille après la disparition du patriarche et déballage des vérités autour d'un repas", ou encore à Festen ou à Le prénom. Une tradition dans la littérature américaine, d'autant plus au théâtre. On aurait pu craindre que le passage de la scène à la pellicule renforce une impression de huis-clos suffocant, avec une unité de lieu ennuyeuse. Mais il n'en est rien. Le scénario laisse des bouffées d'air entre deux scènes de prise de bec, assurées par un casting en grande forme.

Forte de l'accueil de la pièce et de la drôlerie de certaines scènes, la brochette d'acteurs principaux, aussi éclectique que bourrés de talents, n'a pas eu de mal à s'engager auprès du cinéaste (plutôt habitué à la production executive), et de son producteur, George Clooney. Ils nous offrent une performance haute en couleurs et plutôt réaliste, même si ses personnages sont un peu trop stéréotypés. 

© Tobis FilmMeryl Streep est parfaits en mère acariâtre, plus accro à ses pilules qu'à ses propres filles. Un rôle à part, hors normes, comme elle en a désormais l'habitude (et qui lui vaut une nouvelle nomination aux Oscars). Mais en face, ses consœurs ne sont pas en reste. On redécouvre une Julia Roberts au jeu d'une grande qualité. Passionnée, mais mal dans ses baskets, jolie mais qui se laisse un peu aller, et qui n'accepte pas sa récente séparation. Une prestation qui lui vaut aussi une nomination aux Oscars, en tant que second rôle. Juliette Lewis (Tueurs nés) joue toujours aussi bien les désaxées, petite cervelle en quête de l'amour mais misant sur le mauvais cheval. Et que dire de Benedict Cumberbatch… ce caméléon aux milles visages. On le pense d'abord peu perdu au milieu de tout ce joyeux bordel, et finalement, il apporte une dose de fragilité et de sensibilité qu'on lui a rarement vue. Bien loin de son personnage esclavagiste dans 12 Years a Slave ou du cynique peroxydé Julian Assange dans Le Cinquième pouvoir.
Seul point noir de cette "dramédie", son côté hystérique où les secrets finissent par s'additionner comme des couches d'oignon interminables, donnant à la fin un côté totalement rocambolesque, voire poussée jusqu'au ridicule. La scène du diner (la plus jouissive, mais aussi la plus décevante) finit par agacer.

En résumé : le portrait d'une famille en crise comme on en voit souvent, une touche d'hystérie en plus. 


mardi 18 février 2014

Une équipe de choc et de charme pour Monuments Men

Le casting 5 étoiles du film historique Monuments Men était à Paris la semaine dernière pour présenter le film à la presse française. Une belle brochettes d'acteurs talentueux et qui ne manquent pas d'humour… et de charme. George Clooney, Matt Damon, Bill Murray, John Goodman, Bob Balaban, Dimitri Leonidas, Jean Dujardin. Ils étaient accompagnés de Grant Heslov, producteur et co-scénariste et de Harry Ettlinger, l’un des derniers véritables « Monuments Men ». Ils ont répondu tout en détente et en complicité aux journalistes lors d’une conférence de presse plutôt épique.

Les acteurs ont notamment rendu hommage à Harry Ettlinger et aux actions des Monuments Men et ont su rappeler l’importance de cette histoire hors du commun.
L’équipe du film est également revenue sur les conditions de tournage avec beaucoup de dérision : Bill Murray explique que « D’habitude, George Clooney est considéré comme étant poli, joyeux mais avec Bob Balaban il était cruel, sauvage et monstrueux ! » Et nombre d'entre eux se sont essayé à la langue de Molière. Grande classes messieurs !
Attention, si vous ne connaissez pas l'histoire, et si vous ne voulez pas vous faire spoiler, zappez la question à 2'40 et reprenez à 2'03. Pour la critique, il va falloir attendre la fin du mois… En attendant, profitez !


Les monuments men, c'est aussi ça, en vrai :
(cliquez dessus pour agrandir)


dimanche 16 février 2014

La Grande aventure Lego : drôle et techniquement impeccable (19/02/14)

LA GRANDE AVENTURE LEGO
De Phil Lord et Chris Miller

Avec une grande inventivité et une bonne dose de subversion, La grande aventure Lego relève le défi de donner vie à l'univers des célèbres briquettes multicolores, dans un film d'animation au rendu visuel époustouflant. Après des débuts tonitruants au box-office américain la semaine dernière, le film arrive sur les écrans français. Il est signé Phil Lord et Chris Miller, déjà aux manettes des deux opus de Tempête de boulettes géantes et de 21 Jump Street (2012), la version grand écran de la série télévisée à succès. 

Les cinéastes, également auteurs du scénario, avaient la lourde tâche de donner vie à l'univers de Lego, certes mondialement connu et vénéré par des générations d'enfants - et d'adultes -, mais dépourvu de dramaturgie propre. On en connaît d'autres qui ont fait des films avec moins que ça, genre Battleship qui a été monté autour du jeu simplissime de la bataille navale ! Bon… ce n'est pas spécialement un chef-d'œuvre…
"Nous sommes chanceux parce que Lego est une marque vraiment créative et nous avons été inspirés par leurs valeurs", expliquait récemment à la presse Phil Lord. "Cela fait un peu brosse à reluire de dire ça, mais ces valeurs d'innovation, de créativité et de liberté ont dicté l'ensemble du projet. Cela ne veut pas dire que nous n'avons pas aussi essayé des choses qu'ils ont refusées, mais dans l'ensemble, nous étions sur la même longueur d'ondes", dit-il.

© Warner Bros.Le film retrace les aventures d'Emmet, un petit personnage de Lego identique à des milliers d'autres, sans histoires et sans aspérités, passant ses journées à empiler des briquettes sous les ordres de "constructeurs-en-chef" et l'autorité suprême de l'autocrate Lord Business. Sa vie calme et monotone, régie par un manuel sur les règles à suivre quotidiennement pour être heureux, est brusquement chamboulée lorsqu'il est pris, à tort, pour un "sauveur" par un groupe de rebelles bien décidés à faire tomber Lord Business.

© Warner Bros.Chris Pratt, qui donne sa voix à Emmet (Arnaud Ducret dans la version française), a ironisé sur sa ressemblance avec son personnage apparemment sans relief, du moins au début du film. "Vous avez ce gars, très lambda, très terne, à qui on donne l'opportunité de faire quelque chose d'extraordinaire. Je crois qu'ils n'auraient pas pu choisir une meilleure personne que moi pour le rôle", a déclaré l'acteur, que l'on verra bientôt en Star-Lord dans Les gardiens de la galaxie de Marvel.

© Warner Bros.Le film convoque également toute une galerie de héros et super-héros célèbres, comme Gandalf, Superman, le robot C-3PO de Star Wars, et surtout, un extraordinaire Batman (mis en voix par Will Arnett), adepte de maximes absurdes et à mille lieues de ses incarnations récentes au cinéma.
Dans la veine des meilleurs films de Pixar ou du récent Les mondes de Ralph de Disney, La grande aventure Lego cible les enfants mais aussi leurs parents, avec un scénario à morales multiples.
© Warner Bros."Je pense que le message est subversif", affirme Elizabeth Banks, la voix de la figurine multi-talents Cool-Tag (la chanteuse Tal dans la version française). "C'est en allant à l'encontre les règles qu'on grandit en tant qu'être humain et que l'on révèle sa propre nature". Chris Pratt va dans le même sens. "Le film invite à penser différemment", dit-il. "Pour les enfants, il y a un message sur la singularité et la créativité. Et pour les adultes il y a l'idée qu'il faut savoir lâcher la bride, ne pas vouloir tout contrôler et de ne pas se satisfaire uniquement de ce qui est attendu".

Une qualité visuelle impressionnante


© Warner Bros.A l'inventivité de l'écriture s'ajoute une qualité visuelle stupéfiante. Mêlant animation numérique et constructions réelles, le film reproduit à la perfection le côté carré, voire mécanique, du Lego, en adoptant un rendu proche du "stop-motion" (animation en volume). Les personnages ont les mêmes caractéristiques techniques - et limitations - que les figurines, et tout ce qui apparaît à l'écran a été conçu sur la base de pièces de Lego existantes. "Le danger, avec l'animation par ordinateur, c'est que tout est possible", observe Phil Lord. "On aurait pu inventer toutes les briquettes dont on avait besoin, mais ça n'aurait pas été drôle et il n'y aurait pas eu de créativité. On a fait ce que font les constructeurs de Lego : trouver des solutions avec un éventail de pièces limité".

À vous de voir si vous avez envie de casser des briques ou faire joujou avec les pièces de construction…



(Avec AFP)

[Critique] : Only lovers left alive : du sublime mélancolique (19/02/14)

ONLY LOVERS LEFT ALIVE

De Jim Jarmusch
Avec Tilda Swinton, Tom Hiddleston, Mia Wasikowska, John Hurt…
Sortie le 19 février 2014

Adam, musicien underground déprimé et Eve, vampire érudit et ultra stylé, vivent depuis plusieurs siècles une véritable histoire d'amour, pur et éternel, même s'ils sont parfois à des milliers de kilomètres l'un de l'autre. Mais qu'importe, celle-ci traverse les âges et les paysages sans s'affadir. Mais leur idylle est bientôt perturbée par l'arrivée de la petite soeur d'Eve, Ava, extravagante et écervelée, qui avec son "jeune" âge vient bousculer les habitudes de ses aînés…


© Pandora Film - Exoskeleton Inc.© Pandora Film - Exoskeleton Inc.Les vampires façon Twilight n'ont définitivement plus la côte, et ça n'est pas plus mal. Et lorsque le cinéaste américain Jim Jarmush qui s'empare du mythe des Carpates, on remet les compteurs à zéro et on revient aux fondamentaux. Comme ses personnages, le cinéaste sexagénaire traverse le temps sans être altérer, menant une carrière à la marge avec un cinéma rock et existentiel, où la vie n'est qu'un road movie en noir et blanc. A son image, ses héros, des immortels multi-centenaires grandioses et décadents, vivant dans une temporalité qui leur est propre, et se lovant dans une langueur poétique et un mystère épais. Ils traînent leur être dans une atmosphère contemplative, éprise de beauté et d'élégance, loin de la frénésie des humains, ces êtres faibles qu'ils appellent "les zombies". 
Cette comparaison laisse aux héros la place d'observateurs désabusés d'une humanité irresponsable et répétant ses erreurs, qui survivent dans une société déliquescente et une planète en perdition (eh oui, même les vampires ont le droit d'être écolos !). Et Jarmusch de trouver son double parfait en Adam, musicien de génie capable de jouer de n'importe quel instrument et collectionneur de vinyles, fuyant les lumières de la célébrité comme des gousses d'ail accrochés aux fenêtres.


© Pandora Film - Exoskeleton Inc.Comme souvent dans son œuvre, Jarmusch détourne les codes. D'abord ceux du western dans Dead Man, puis ceux des samouraïs dans Ghost Dog et aujourd'hui ceux des suceurs de sang. Mais il le fait avec humour et sophistication. L'esthétique soignée et romantique (au sens littéraire du terme), inquiétante et familière à la fois, et la bande-son léchée, accompagnent des réflexions mordantes et mélancoliques sur la société. Comment vivre quand on a déjà vécu plusieurs vies, surtout au sein d'une humanité qui semble sur le déclin ? Nous, simples hommes, serions-nous terrorisés par notre propre mortalité comparé à ces vampires éternels ? Le cinéaste s'interroge aussi sur l'amour et pose la question : comment peut-on "vivre" et rester amoureux comme au premier jour depuis quatre ou cinq siècles ?

© Pandora Film - Exoskeleton Inc.Malgré toute cette mélancolie, Jarmusch n'en oublie pas pour autant l'humour lié au grand âge de ses héros (on n'a jamais vu des glaces comme ça !). Il n'hésite pas à citer les artistes qu'il aime en clin d'œil (certes, parfois un de façon un peu trop appuyée), sous forme de pensées moralisatrices sur le monde qui nous entoure. Ainsi Byron, Marlowe, Shakespeare, Mark Twain ou encore les musiciens Charlie Feathers, ou Eddie Cochrane font partie des "amis" de nos deux tourtereaux aux canines acérées. 
Finalement, la lenteur du rythme (parfois pesante), et tous ces artifices ne seraient pas grand chose sans les deux sublimes acteurs que sont Tilda Swinton et Tom Hiddleston. Fusionnels, envoûtants, magnétiques, irrésistibles tels des papillons attirés par la lumière d'une ampoule allumée. Ils nous embarquent dans leur monde jusqu'au bout… et quelle fin/faim !

En résumé : Présenté à Cannes cette année, Only lovera left alive est un film atypique, une parabole drôle et désabusée sur notre monde en déclin. Fascinant.

jeudi 6 février 2014

[Critique] La Voleuse de livres : Quand la poésie fait face à la violence (05/02/14)

LA VOLEUSE DE LIVRES

De Brian Percival
Avec Geoffrey Rush, Emily Watson, Sophie Nélisse

Sortie le 5 février 2014


À la veille de la Seconde Guerre mondiale, la jeune Liesel, 12 ans, est obligée de quitter sa mère car celle-ci est communiste. Elle est envoyée à Molching (une ville fictive en Allemagne) dans une famille d'adoption trouvée par la Croix Rouge. Elle fait la connaissance de Hans, facétieux joueur d'accordéon, et de son épouse Rosa, loin d'être un modèle de gaieté et de compassion. Encore sous le choc de la perte de son petit frère, mort pendant le voyage, Liesel a du mal à trouver sa place dans ce nouveau foyer. Et à l'école, elle est traitée de "dummkopf" (idiote) parce qu'elle n'a pas appris à lire. Heureusement, pour la soutenir, il y a le jeune Rudy, un blondinet aux rêves de course aux Jeux olympiques. Avec l'aide de Hans, Liesel va tout faire pour combler son ignorance. Elle déchiffre avec lui son premier livre (le manuel du parfait fossoyeur), qu'elle a volé lors de l'enterrement de son frère. Marquée par sa première lecture, elle ne pourra ensuite s'empêcher de subtiliser d'autres ouvrages. Sa chance, elle la trouvera auprès de la femme d'un militaire hitlérien, dont la bibliothèque est une sorte de paradis pour la jeune fille. Et aussi un bon moyen d'occuper Max, un jeune réfugié juif que la famille cache dans sa cave. Mais la guerre éclate… et les livres deviennent un échappatoire aux horreurs des combats.


«  Les choses ne prennent vie que lorsqu'on les nomme  »


© 20th Century Fox
La Voleuse de livre est l'adaptation du célèbre roman éponymes, écrit par l'Australien Markus Zusak, en 2005. Rares sont les films qui racontent la guerre du côté des Allemands, et celui de Brian Percival (Downton Abbey) fait office de récit initiatique à but éducatif. Si certains mouflets rechignent à lire, ils pourraient ainsi apprendre que la culture n'est pas une évidence pour tout le monde, et qu'elle peut être une arme destructrice contre toutes les dictatures. C'est par l'éducation que le peuple peut apprendre à réfléchir par lui-même et s'ériger contre toute forme de totalitarisme. Et Hitler l'avait bien compris en organisant des autodafés contre les livres et tableaux du pays durant sa prise de pouvoir. Et pourtant, ce sont bien les livres qui vont sauver la vie de cette jeune orpheline.

© 20th Century Fox Si La Voleuse de livres n'hésite pas à évoquer les atrocités du régime sanguinaire hitlérien, l'embrigadement de la jeunesse et les discours antisémites de propagande, elle le fait en toute superficialité. Tout n'est que suggestion, à quelques exceptions près (l'abandon d'une fille par sa mère, un père arraché à son fils pour aller au front, ou l'enrôlement des plus performants vers un camps d'entraînement...). Le tout avec une caméra en retrait pour ne pas choquer avec des images crues ou les suggérer en hors-champ.  Du coup, l'ensemble oscille entre la dureté de son sujet et le public auquel il s'adresse. Mais le résultat est honnête.
© 20th Century Fox
Ce qui l'est moins en revanche, ce sont les décors parfois un peu factices, invitant parfois le spectateur à penser à autre chose. Une voix-off campant la Mort elle-même était une riche idée sur le papier. Mais ses traits d'esprit finalement allège de trop ses propos, faisant d'elle un clown bien mal placé, et finalement mal utilisé et donc presque inutile. Dommage !
© Fox DeutschlandMais le pire est le parti pris du réalisateur de faire parler les acteurs en anglais avec un fort accent allemand, pas toujours bien exécuté, tout en introduisant des mots de la langue de Goethe sans raison apparente. C'est un peu exaspérant. Si l'ensemble incite à l'émotion, le rendu finit par manquer d'émotions réelles. Et pourtant, la direction d'acteurs est impeccable. Leurs prestations sont parfaites. Geoffrey Rush est un père avec son air rieur est admirable, Emily Watson n'est finalement pas si sévère qu'elle prétend l'être et la jeune Sophie Nélisse, incarnant Liesel, est épatante pour son âge. Sûrement un talent à suivre à l'avenir.

En résumé : Le film offre une jolie vision des livres comme source d'évasion et de connaissance dans un contexte dramatique. Il est parfait pour un premier pas vers l'apprentissage de cette période tourmentée de l'Histoire.

[Critique] Dallas Buyers Club : littéralement dévoré... par les performances (29/01/14)

DALLAS BUYERS CLUB

De Jean-Marc Vallée
Avec Matthew McConaughey, Jared Leto, Jennifer Gardner

Sortie 29 janvier 2014


1985. Dallas, Texas. Ron Woodroof (Matthew McConaughey) est un électricien et champion de rodéo. Homophobe,  ce cowboy redneck balade sa testostérone à la ceinture, menant une vie de débauche sans limite, alignant autant la gente féminine que les rails de cocaïne. Puis, sa vie prend un nouveau tournant lorsqu'il apprend par hasard qu’il est malade : une forme agressive de VIH, peu connu à l'époque. Le médecin lui donne 30 jours à vivre. Il survivra 7 ans de plus... Refusant de se laisser mourir sans se battre, il se documente sur ce virus, qu'on croyait réservé aux drogués et aux homosexuels. Il découvre ainsi qu'il existe un remède au Mexique, mais que ce traitement n'est pas autorisé par l’administration américaine. Contre l’avis de l’agence fédérale des médicaments, mais sous l’œil bienveillant d’un médecin compréhensif (Jennifer Gardner), il organise l’importation de ce traitement alternatif aux États-Unis. Avec l’aide de Rayon (Jared Leto), un transexuel également séropositif, il met en place un «club d’acheteurs». Son but ? Faire bénéficier aux malades comme lui cette thérapie parallèle en échange d’un abonnement de 400$. Philanthrope, mais pas trop...


© Ascot Elite FilmverleihTiré d'une histoire vraie, Dallas Buyers Club a tout d'un film à Oscars (il est d'ailleurs nominé dans 6 catégories pour la prochaine cérémonie). Contrairement à C.R.A.Z.Y (le précédent film de Jean-Marc Vallée, plutôt bon enfant), ce nouveau long-métrage se déroule sous une forme est classique, sans chichiPour raconter le parcours de galérien et la guerre que va mener le malade, l'arc dramatique joue sur des ressorts tracés d'avance. D'abord, incapable de croire à ce qui lui arrive, il s'installe dans la dépression, qui vire finalement à la colère, indispensable pour mener son combat de front face aux industries pharmaceutiques et aux agences gouvernementales. 
© Ascot Elite Filmverleih
Si dès le départ, le personnage de Matthew McConaughey et sa situation nous mettent mal à l'aise, nous déstabilisent et portent un regard tranché, on finit par compatir pour cet homme aussi odieux que déterminé. Ce qui s'annonçait être un film gênant et grinçant est finalement davantage un portrait édifiant d'une société intolérante car mal informée, n'utilisant pas un ton moralisateur ou la larme facile). La mise en scène conventionnelle est efficace, d'autant qu'elle est accompagnée d'un humour acide-amer sur la maladie


Des personnages "larger than life"


© Anne Marie FoxLa forme (plutôt passe-partout) et le réalisateur se seraient-ils fait manger tout-cru par les deux acteurs principaux, qui dévorent littéralement tout l'espace avec des prestations de très haut vol ? Fait exprès ou non, on en redemande ! Matthew McConaughey, le joli cœur blond de ces dames, nous attrape dès les premières minutes et ne nous lâche plus jusqu'à la fin. Au-delà de son apparence transformée à l'extrême (parfois visuellement insoutenable), il livre une performance d'une intensité rare. Opérant une transformation assez radicale depuis quelques années, il étoffe son jeu de film en film depuis La Défense Lincoln (renforcé par Killer Joe et Mud) avec des rôles d'une puissance et d'une profondeur qui lui sied à merveille. Et on aime ça ! Face à lui, Jared Leto ne démérite pas. Tout en finesse, les traits d'une beauté féminine troublante, il incarne un transexuel beau et rayonnant, dont la lumière s'affadit avec la maladie, mais reste profondément vrai.
© Ascot Elite Filmverleih

On est fascinés, dérangés, mais surtout bouleversés par ces comédiens qui offrent toutes les nuances de leurs personnages, finalement pas aussi détestables ou marginaux qu'ils étaient présentés au début. Malgré l'inévitable décrépitude des corps, meurtris par la maladie, les acteurs les habitent de façon remarquable, laissant comme un goût étrange de schizophrénie confondant le rôle et l'acteur. 

En résumé : Une grosse claque, où les acteurs prennent toute la place, sans pour autant faire oublier le propos, peu traité au cinéma. Et la preuve d'une grande modestie ou déférence du réalisateur face à ses acteurs...


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