vendredi 21 février 2014

[Critique] Un été à Osage County : réunion de famille orageuse (26/02/14)

UN ÉTÉ À OSAGE COUNTY

De John Wells
Avec Meryl Streep, Julia Roberts, Ewan McGregor, Chris Cooper, Juliette Lewis, Benedict Cumberbatch, Abigail Breslin, Margo Martindale, Dermot Mulroney, Julianne Nicholson, Sam Sheperd…

Sortie le 26 février 2014

Après la disparition de leur père, trois sœurs se retrouvent dans la maison familiale, perdue au milieu des plaines d'Oklahoma, pour soutenir leur mère malade, paranoïaque, lunatique et impossible à vivre. Ayant emprunté des chemins opposés, toutes ne s'étaient pas vues depuis quelques années, et ont peu de choses en commun. Mais de nouveau réunies, elles vont vivre avec le reste de la famille, venue pour l'occasion, des retrouvailles douloureuses et mouvementées où des secrets vont être enfin dévoilés…


© Tobis Film"On ne choisit pas ses parents, on ne choisit pas sa famille", chantait Maxime Le Forestier il y a quelques années. La famille… c'est ce vaste sujet, souvent bien compliqué, qu'a choisi d'explorer  Tracy Letts, auteur de la pièce dont est tiré Un été à Osage County. Après un triomphe à Broadway (et un Tony award), la lauréate du Prix Pullitzer (rien que ça !) a adapte sa pièce et écrit le scénario. On n'est jamais aussi bien servi que par soi-même… Elle parle de la manière dont nous rions avec nos proches de situations tragiques, et de la manière dont nous nous faisons du mal plus ou moins consciemment, tout en étant toujours présents les uns pour les autres. 
© Wild Bunch DistributionEn voyant le film de John Wells, on pourra penser à Another Happy Day de par le schéma scénaristique classique "réunion de famille après la disparition du patriarche et déballage des vérités autour d'un repas", ou encore à Festen ou à Le prénom. Une tradition dans la littérature américaine, d'autant plus au théâtre. On aurait pu craindre que le passage de la scène à la pellicule renforce une impression de huis-clos suffocant, avec une unité de lieu ennuyeuse. Mais il n'en est rien. Le scénario laisse des bouffées d'air entre deux scènes de prise de bec, assurées par un casting en grande forme.

Forte de l'accueil de la pièce et de la drôlerie de certaines scènes, la brochette d'acteurs principaux, aussi éclectique que bourrés de talents, n'a pas eu de mal à s'engager auprès du cinéaste (plutôt habitué à la production executive), et de son producteur, George Clooney. Ils nous offrent une performance haute en couleurs et plutôt réaliste, même si ses personnages sont un peu trop stéréotypés. 

© Tobis FilmMeryl Streep est parfaits en mère acariâtre, plus accro à ses pilules qu'à ses propres filles. Un rôle à part, hors normes, comme elle en a désormais l'habitude (et qui lui vaut une nouvelle nomination aux Oscars). Mais en face, ses consœurs ne sont pas en reste. On redécouvre une Julia Roberts au jeu d'une grande qualité. Passionnée, mais mal dans ses baskets, jolie mais qui se laisse un peu aller, et qui n'accepte pas sa récente séparation. Une prestation qui lui vaut aussi une nomination aux Oscars, en tant que second rôle. Juliette Lewis (Tueurs nés) joue toujours aussi bien les désaxées, petite cervelle en quête de l'amour mais misant sur le mauvais cheval. Et que dire de Benedict Cumberbatch… ce caméléon aux milles visages. On le pense d'abord peu perdu au milieu de tout ce joyeux bordel, et finalement, il apporte une dose de fragilité et de sensibilité qu'on lui a rarement vue. Bien loin de son personnage esclavagiste dans 12 Years a Slave ou du cynique peroxydé Julian Assange dans Le Cinquième pouvoir.
Seul point noir de cette "dramédie", son côté hystérique où les secrets finissent par s'additionner comme des couches d'oignon interminables, donnant à la fin un côté totalement rocambolesque, voire poussée jusqu'au ridicule. La scène du diner (la plus jouissive, mais aussi la plus décevante) finit par agacer.

En résumé : le portrait d'une famille en crise comme on en voit souvent, une touche d'hystérie en plus. 


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