De Phil Lord et Chris Miller
Avec une grande inventivité et une bonne dose de subversion, La grande aventure Lego relève le défi de donner vie à l'univers des célèbres briquettes multicolores, dans un film d'animation au rendu visuel époustouflant. Après des débuts tonitruants au box-office américain la semaine dernière, le film arrive sur les écrans français. Il est signé Phil Lord et Chris Miller, déjà aux manettes des deux opus de Tempête de boulettes géantes et de 21 Jump Street (2012), la version grand écran de la série télévisée à succès.
Les cinéastes, également auteurs du scénario, avaient la lourde tâche de donner vie à l'univers de Lego, certes mondialement connu et vénéré par des générations d'enfants - et d'adultes -, mais dépourvu de dramaturgie propre. On en connaît d'autres qui ont fait des films avec moins que ça, genre Battleship qui a été monté autour du jeu simplissime de la bataille navale ! Bon… ce n'est pas spécialement un chef-d'œuvre…
"Nous sommes chanceux parce que Lego est une marque vraiment créative et nous avons été inspirés par leurs valeurs", expliquait récemment à la presse Phil Lord. "Cela fait un peu brosse à reluire de dire ça, mais ces valeurs d'innovation, de créativité et de liberté ont dicté l'ensemble du projet. Cela ne veut pas dire que nous n'avons pas aussi essayé des choses qu'ils ont refusées, mais dans l'ensemble, nous étions sur la même longueur d'ondes", dit-il.
Le film retrace les aventures d'Emmet, un petit personnage de Lego identique à des milliers d'autres, sans histoires et sans aspérités, passant ses journées à empiler des briquettes sous les ordres de "constructeurs-en-chef" et l'autorité suprême de l'autocrate Lord Business. Sa vie calme et monotone, régie par un manuel sur les règles à suivre quotidiennement pour être heureux, est brusquement chamboulée lorsqu'il est pris, à tort, pour un "sauveur" par un groupe de rebelles bien décidés à faire tomber Lord Business.
Chris Pratt, qui donne sa voix à Emmet (Arnaud Ducret dans la version française), a ironisé sur sa ressemblance avec son personnage apparemment sans relief, du moins au début du film. "Vous avez ce gars, très lambda, très terne, à qui on donne l'opportunité de faire quelque chose d'extraordinaire. Je crois qu'ils n'auraient pas pu choisir une meilleure personne que moi pour le rôle", a déclaré l'acteur, que l'on verra bientôt en Star-Lord dans Les gardiens de la galaxie de Marvel.
Le film convoque également toute une galerie de héros et super-héros célèbres, comme Gandalf, Superman, le robot C-3PO de Star Wars, et surtout, un extraordinaire Batman (mis en voix par Will Arnett), adepte de maximes absurdes et à mille lieues de ses incarnations récentes au cinéma.
Dans la veine des meilleurs films de Pixar ou du récent Les mondes de Ralph de Disney, La grande aventure Lego cible les enfants mais aussi leurs parents, avec un scénario à morales multiples.
"Je pense que le message est subversif", affirme Elizabeth Banks, la voix de la figurine multi-talents Cool-Tag (la chanteuse Tal dans la version française). "C'est en allant à l'encontre les règles qu'on grandit en tant qu'être humain et que l'on révèle sa propre nature". Chris Pratt va dans le même sens. "Le film invite à penser différemment", dit-il. "Pour les enfants, il y a un message sur la singularité et la créativité. Et pour les adultes il y a l'idée qu'il faut savoir lâcher la bride, ne pas vouloir tout contrôler et de ne pas se satisfaire uniquement de ce qui est attendu".
Une qualité visuelle impressionnante
A l'inventivité de l'écriture s'ajoute une qualité visuelle stupéfiante. Mêlant animation numérique et constructions réelles, le film reproduit à la perfection le côté carré, voire mécanique, du Lego, en adoptant un rendu proche du "stop-motion" (animation en volume). Les personnages ont les mêmes caractéristiques techniques - et limitations - que les figurines, et tout ce qui apparaît à l'écran a été conçu sur la base de pièces de Lego existantes. "Le danger, avec l'animation par ordinateur, c'est que tout est possible", observe Phil Lord. "On aurait pu inventer toutes les briquettes dont on avait besoin, mais ça n'aurait pas été drôle et il n'y aurait pas eu de créativité. On a fait ce que font les constructeurs de Lego : trouver des solutions avec un éventail de pièces limité".
À vous de voir si vous avez envie de casser des briques ou faire joujou avec les pièces de construction…
(Avec AFP)