mardi 24 mai 2011

Critique : La Défense Lincoln : ça balance pas mal à L.A (25/05/11)

LA DEFENSE LINCOLN

De Brad Furman
Avec Matthew McConaughey, Ryan Philippe, Marisa Tomei...


Si l'on avait laissé Matthew McConaughey dans des films sans saveur, pseudo-romantiques produits à la chaîne, on le retrouve avec plaisir dans un film à la hauteur de son talent d'antan : La Défense Lincoln. Le Texan au physique de dieu grec incarne Mike Haller, un avocat sans grande prétention mais peu scrupuleux, aimant défendre les petits malfrats et les opprimés (pourvu qu'ils paient...). Faute de bureau, il s'installe dans sa berline, une Lincoln Continental (d'où le titre, sans queue ni tête...), depuis laquelle il fait affaire avec les plus "craignos" des bikers et où sa matière grise fuse. La clientèle fauchée de Mike ne lui rapporte pas grand chose. Alors quand arrive sous son nez l'affaire Louis Roulet (alias Ryan Philippe), un fils à papa plein aux as, accusé de tentative de viol et de coups et blessures, il saute sur l'occasion, pensant que l'affaire était déjà dans le sac. Une occasion qui aurait dû transformer ses factures en billets verts facilement gagnés. Mais au lieu de cela, son client ne s'avère pas aussi blanc comme neige qu'il le déclare. en préparant sa défense, Mike s'aperçoit qu'il a envoyé en prison celui qu'il croyait être l'auteur des crimes dont Roulet était l'auteur quelques années auparavant. De là commence un jeu de dupes entre les deux hommes, où manipulations, coups bas et regards assassins mettent à l'épreuve la psychologie des personnages.

Le scénario de départ semble un peu basique, rappelant des films comme Peur primale ou La Faille, où le personnage principal fait face à des questions existentielles, comme "l'accusé est-il coupable ou innocent ?", "Dois-je tomber au plus bas de la nature humaine sans me perdre au passage pour arriver à mes fins ?", "Et si j'avais fait finalement condamner un innocent ?"... Mais c'était sans compter la nonchalance de play-boy plein d'assurance et le mordant de Matthew McConaughey. Homme torturé par le fait d'avoir envoyé un homme innocent derrière les barreaux, l'acteur retrouve enfin de sa superbe, loin de son image de surfeur au sourire Ultra Bright et aux abdos sculptés. Roublard, malin, hâbleur et conquérant, il nous embarque dans ses pérégrinations judiciaires, sans nous ennuyer une seconde.

L'avocat, plus compliqué qu'il n'y paraît en premier lieu, a son propre code de valeurs, et décide de rectifier son erreur en jouant au même jeu que son client, devenant un funambule entre la morale et l'interdit. On suit avec encore plus de plaisir ce personnage loin d'être lisse, bien sous tout rapport, qui n'hésite pas à détourner la loi pour arriver à ses fins.


Malgré des ficelles un peu visibles et des rebondissements prévisibles, le scénario dépoussière le film de procès. Avec une esthétique très seventies, old school, simple et sans l'artillerie lourde des effets spéciaux à outrance ou des coups de poing à la pelle, La Défense Lincoln passionne et accroche. Ses personnages secondaires glauques, des retournements de situation jusqu'à la dernière minute, des meurtres, des mensonges, du suspense... Matthew McConaughey surprend et on y prend plaisir. 

Un bémol tout de même : il est dommage d'avoir autant laissé de côté l'excellent William H. Macy (Des Hommes d'influence, Pleasantville, Préjudice, Fargo... et accessoirement mari de Felicity Huffman, alias Lynette dans Desperate Housewives), au physique de gaulois franchouillard pour l'occasion, qui finalement a quasiment moins de scène que la Lincoln ! Finalement, Ryan Philippe dans le rôle de l'héritier tabasseur de catin, par qui toute l'affaire arrive, semble bien fade à côté du flamboyant Matt. On lui doit bien ce regard d'éternel ado (supposé) innocent, à qui on donnerait le bon dieu sans confession. Mais il s'avère moins retord qu'il ne devrait l'être face au répondant du tchatcheur Mike. Mais ne boudons pas notre plaisir face à deux beaux gosses hollywoodiens...



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