Les temps immémoriaux de la chevalerie, des rois et des guerres médiévales semblent avoir envahit Hollywood et le petit écran. La conquête du pouvoir médiatique a été lancée entre la série Camelot, diffusée sur la petite chaîne Starz depuis le 1er avril (et récemment achetée par Canal +), et Games of Thrones, lancée par le mastodonte HBO le 17 avril. Deux épopées où les coups bas, la trahison, les coups d'épée et la conquête de la couronne sont leur fond de commerce. Mais leur style et leurs histoires sont bien différentes. A qui doit-on donner le coup de grâce ? Voyons leurs atours.
Camelot
Inutile de vous présenter la légende du roi Arthur. Elle a inspiré de nombreux scénaristes depuis des générations. Cette version est tirée d'un livre de Thomas Malory, Le Morte d'Arthur, qui fut écrit aux alentours de 1470 dans une prison à Newgate. Les scénaristes, Michael Hirst (The Ballad of the Sad Cafe, Elizabeth et Elizabeth - l'âge d'or, et 38 épisodes des Tudors) et Chris Chibnall (Torchwood, Docteur Who) ont façonné leurs plumes pour remanier cette histoire de façon à la rendre nouvelle.
Morgane (Eva Green), fille du roi Uther Pendragon, revenue d'un couvent qu'elle a rejoint à la mort de sa mère assassine son père afin de prendre sa place sur le trône et venger le remariage de celui-ci avec Ygraine (Claire Forlani, Les Experts Manhattan). Pour arriver à ses fins, elle utilise la magie et force sa belle-mère à fuir. Elle s'allie au puissant roi Lot (James Purefoyde la série Rome) pour mieux asseoir sa domination sur l'Angleterre. Mais c'était sans compter la volonté de Merlin (Joseph Fiennes, Flashforward) de faire régner la paix sur le royaume et le fils caché du roi Uther. L'enchanteur part à sa recherche, le ramène et lui met d'office la couronne sur la tête. Arthur (Jamie Campbell Bower, Caïus dans Twilight 2 et Gellert dans Harry Potter 7) devra conquérir la confiance du peuple en accomplissant le miracle de retirer la fameuse épée de son rocher. Chose accomplie. Voyant la royauté lui échapper, Morgane, fille légitime d'Uther, s'agace, s'énerve, se fâche et met tout en œuvre pour se débarrasser de ce descendant gênant. Elle a des dons surnaturels venus d'une force inconnue dont elle semble suivre les ordres et un caractère à faire pâlir toutes les chiennes de garde. Mais Merlin n'est pas né de la dernière pluie, même s'il refuse d'utiliser ses pouvoirs comme s'ils l'entraînaient vers la côté obscur de la Force. Au milieu de tout cela, un triangle amoureux semble se dessiner à l'apparition de Guenièvre, fiancée puis femme de Leontes, ami du roi en devenir. Arthur doit prouver qu'il est le roi que l'Angleterre attendait, mais la tâche est ardue et la frangine n'a pas l'intention de le laisser faire...
Que doit-on en penser ?
© Starz |
Après avoir dépoussiéré la légende de Spartacus, Starz n'a peur ni des combats sanglants ni des scènes dénudées (quoique très respectables, tout de même). On a beau connaître l'histoire par cœur, on en découvre des faces cachées comme l'origine des pouvoirs que semblent partager Morgane et Merlin. Le casting plutôt alléchant sur le papier tient ses promesses, même si Arthur semble avoir encore du lait maternel sur le coin de la bouche. Les héros sont sexys... la série doit attirer la jeunesse ! Même si elle s'adresse à un public plus averti que celui de Merlin (actuellement en diffusion sur Canal +). Les paysages d'Irlande majestueux sont là pour accroître cette sensation de conquête. La série se laisse suivre, sans rejet particulier, mais il manque un petit "truc" (à déterminer en ce qui me concerne) qui pourrait en faire une grande série... Prévue pour avoir 10 épisodes pour sa première saison, le 6e ayant déjà été diffusé, on va dire que la série a besoin de s'installer dans le temps tel son souverain sur le trône. Pourtant prometteuse, la série aura probablement une deuxième saison plus révélatrice.
Game of Thrones
La bataille pour le Trône de fer débutera le dimanche 5 juin à 20h40 sur Orange Cinéchoc, alors que la diffusion américaine de Game of Thrones n’est pas encore terminée. Cette série aux grands moyens entraîne le spectateur dans un monde où les saisons sont totalement bouleversées : l’été peut durer des décennies et l’hiver toute une vie. Dans le Royaume des 7 Couronnes de Westeros, un pays rappelant l’Europe du Moyen-Age, 7 familles des rois et reines se disputent la souveraineté absolue. Pour l'heure, le trône appartient à Robert Baratheon, un roi épicurien qui vient chercher son bras droit dans le royaume du Nord, en la personne de Ned Starks, un ami fidèle, après l'assassinat du précédent. Une alliance qui semble corrompue dès le départ par les trahisons sous-jacentes et la haine que se vouent les deux familles. Et c'est sans comptes les cinq autres, qui vont finir par se mettre sur la tête à force de loucher sur la couronne. Chevaliers et renégats, menteurs et nobles rivalisent, se déchirent et s’entretuent pour obtenir le pouvoir, avec en tête de proue les Lannister, des Machiavel en puissance, face au Starks, très à cheval sur l'honneur.
Que doit-on en penser ?
© HBO |
Tiré d'un pavé de près de 900 pages écrit par Georges R. R. Martin publié en 1996 (introduction aux trois suivants), Game of Thrones est une série riche en intrigues, où le dark fantasy ne laisse pas trop la place au surnaturel (il fallait bien quelques zombies massacreurs, les "White walkers" pour faire peur...). Au premier abord, on peut penser que la série s'appuie sur la trame du Seigneur des anneaux : de nombreux royaumes dans des contrées rivales loitaines, des personnages à foison (aux noms imprononçables parfois...) et des intrigues multiples (qui font perdre le fil de l'histoire même au plus attentif des spectateurs).
© HBO |
Et pourtant, cette série a tout d'une grande, malgré un casting de quasi inconnus (Sean Bean est le Boromir (méconnaissable) du Seigneur des Anneaux et Charles Dance, qui n'a pas fait grand chose depuis Gosford Park). Mais on a souvent vu que la notoriété du casting ne fait pas forcément la qualité de la série, surtout sur HBO. On peut regretter le manque de distance des personnages face à la lourdeur de l'ambiance. Certes, les traditions et coutumes de l'époque n'étaient pas à la franche rigolade. Mais il manque une trame plus légère face aux terribles combats qui se préparent. Seule l'intrigue concernant les enfants des Starks et des Lannisters (un garçon manqué face à un petit prince arrogant et pleurnichard) semble se détacher du lot. Et une mention spéciale à l'acteur Peter Dinklage (Les Chroniques de Narnia), qui joue le rôle d'un nain, enfant des Lannister. Queutard invétéré et épicurien excessif, mais rusé, semble être la touche effrontée de la série. Il a de quoi faire remuer tout ce beau monde. En espérant que les scénaristes ne gâchent pas son potentiel comique.
En résumé : une intrigue de mort, de pouvoir et de sexe (auquel rien est épargné au spectateur), un fond shakespearien où l’audace se compte surtout au nombre de giclées de sang, de culs et de seins exhibés. Cependant, après 3 épisodes, on en redemande. L'audace peut changer de camp...
Verdict : Un réel penchant (à confirmer) pour Game of Thrones plus prometteur sur la distance. Alors que Camelot semble verser dans la facilité pour rallier le plus grand nombre à son royaume.