BROOKLYN
De John Crowley (d'après le roman de Colm Toibin)
Avec Saoirse Ronan, Dohmnall Gleeson, Emory Cohen, Jim Broadbent, Julie Walters
Sortie le 9 mars 2016
Dans les années 1950. Eilis est une jeune femme irlandaise discrète, serviable, aimante et "comme il faut". Elle aime sa famille et son pays mais elle est attirée par une vie plus tumultueuse de l'autre côté de l'Atlantique. Grâce à une connaissance, elle finit par faire ses valises et faire la traversée. À New York, l'attendent travail, logement et... de nouvelles aventures ! Son mal du pays s'envole lorsqu'elle rencontre Tony, une jeune plombier italien qui n'a d'yeux que pour elle. Mais une mauvaise nouvelle vient troubler son bonheur. Ellis est obligée de retourner dans son Irlande natale. Là-bas, elle se retrouve tirailler entre sa nouvelle vie et son passé, écartelée entre deux pays, et deux soupirants.
Il est des films comme Brooklyn qui suspend le temps pour laisser place à une parenthèse amoureuse aux couleurs pastel, où les sentiments résonnent dans une narration douce, sans pour autant tomber dans la bluette sans intérêt. John Crowley (Boy A, Closed Circuit) étonne par son choix. Il signe ici une réalisation au classicisme délicat, très légèrement surannée mais qui ne sent pas la naphtaline. Une histoire d'amour où une femme partagée entre deux hommes et deux pays n'a pas la palme de l'originalité, mais le charme opère malgré tout.
La mise en scène est sobre et minimaliste ce qui lui évite de tomber dans la facilité du tire-larme, son scénario d'une puissance romanesque évite les gros clichés bien lourdauds, et sa photographie nous embarque dans un univers rétro tout droit sorti des magazines féminins de l'époque.
Quant aux interprètes, ils sont mignons à croquer. Chacun dans leur style. Domhnall Gleeson et Emory Cohen ont tous deux un charme bien à eux et désarmants, transpirant la gentillesse et de sentiments bienveillants pour leur belle. Saoirse Ronan n'a pas volé sa nomination aux Oscars. Son interprétation toute en retenue la rend fragile et attachante sans pour autant la transformer en midinette en détresse des années 1950. Elle dose et dégage ce qu'il faut d'égarement, de confusion et d'impertinence pour faire d'Eilis une héroïne délicate passant de l'enfance à l'âge adulte.
En résumé : un joli film d'amour classique et délicieux, qui fera balancer les cœurs des spectateurs les plus tendres comme celui de son héroïne, sans pour autant tomber dans le sentimentalisme à deux sous.