jeudi 7 janvier 2016

[Avis] Legend ou la femme fait la ruine de l'homme (20/01/16)

LEGEND

De Brian Helgeland
Avec Tom Hardy, Emily Browning, Paul Anderson, Christopher Eccleston, Taron Egerton...
Sortie : 20 janvier 2016

Les jumeaux Reggie et Ronnie Kray, célèbres gangsters du Royaume-Uni dans les années 1960, règnent en maîtres sur la capitale anglaise. À la tête d’une mafia impitoyable, leur influence paraît sans limites. Pourtant, lorsque la femme de Reggie incite son mari à s’éloigner du business, la chute des frères Kray semble inévitable…

Les jumeaux Kray font encore aujourd'hui l'objet d'histoires les plus invraisemblables, et leur réputation continue de grandir. Reggie, flegmatique et séduisant, Ron violent et totalement instable (diagnostiqué schizophrène paranoïaque, tout de même...) étaient les boss de la Firme, face noire cachée d'un ville qui explosait culturellement. Un matériau de choix pour Brian Helgeland, qui depuis Payback a du mal à faire sa place à Hollywood en tant que réalisateur. Et qui de mieux que Tom Hardy pour les incarner ! On lui connaissait un côté animal et bourru (WarriorDes Hommes sans loiMad Max : Fury RoadThe Dark Knight RisesThe Revenant (critique à venir)...), mais sa performance dans Legend relève de plus de subtilité. Dans ce rôle double, l'acteur parvient à faire exister pleinement les deux frères sans jamais être redondant, ni s'engouffrer dans l'excès. Il incarne ses propres facettes publiques : celle star/belle gueule sur papier glacé, charmeur magnétique et charismatique tel un acteur à l'ancienne, et celle d'un bad boy excentrique drôle, préférant le rentre-dedans frontal au politiquement correct. Ainsi, il oscille entre comédie et tragédie (secondé par des acteurs excellents), faisant des jumeaux Kray des êtres humains finalement comme les autres. Car c'est d'abord à la dimension humaine qu'Helgeland s'attache.

Legend n'est pas un film de gangster à proprement parler : les activités criminelles des frères sont le plus souvent placées en hors-champ. Avec une mise en scène plutôt classique passant du large à l'intimisteHelgeland décortique les relations psychologiques et physiques entretenues par les personnages. Tous gravitent entre le Londres des faubourgs populaires de l'East End et les clubs clinquants où se mêlent vedettes et voyous. La brutalité est présente et frontale, mais elle est filmée de façon bizarrement presque clownesque. Comme pour laisser plus de profondeur au drame familial qui se joue en parallèle : la rivalité des frères partagés entre leur amour familial fusionnel et leur façon opposée de diriger leurs affaires, et les amours contrariées entre Reggie et Frances (fabuleuse Emily Browning), cette dernière voulant une vie simple sans criminalité, chose impossible à abandonner pour Reggie.

En résumé : Plongée instantanée et passionnante dans l'univers des Swinging Sixties (vous reconnaîtrez la chanteuse Duffy au micro) avec un thriller criminel captivant et des interprétations impeccables. 


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