SPOTLIGHT
De Thomas McCarthyAvec Michael Keaton, Mark Ruffalo, Rachel McAdams, Liev Schreiber, John Slattery, Stanley Tucci...
Sortie le 27 Janvier 2016
Adapté de faits réels...
Spotlight est le nom d'une bande de journalistes d'investigation du journal Boston Globe. Au sein de cette rédaction, 4 journalistes entêtés cherchant la vérité quoiqu'il en coûte. À force de travail de persuasion et de persévérance, ils ont mis à jour un scandale sans précédent au sein de l’Eglise Catholique. Ils ont enquêté pendant 12 mois sur des suspicions d’abus sexuels au sein d’une des institutions les plus anciennes et les plus respectées au monde. L’enquête, couronnée par le prestigieux prix Pulitzer, révèlera que L’Eglise Catholique a protégé pendant des décennies les personnalités religieuses, juridiques et politiques les plus en vue de Boston, et déclenchera par la suite une vague de révélations dans le monde entier.
Le journalisme au cinéma bien mis en scène est un peu le mouton à 5 pattes : matière ardue difficile à adapter sans tomber dans l'excès du sensationnalisme, du jargon professionnel incompréhensible ou du prétexte scénaristique (Paper Boy, Bel Ami). A de rares exceptions près comme les excellents Les Hommes du président ou Diversions. Mais Thomas McCarthy ne tombent pas dans le panneau. Il n'a pas besoin d'en faire des caisses pour sonner juste. Tous les ingrédients sont là : des journalistes qui bossent sans regarder leur montre, mangent des restes de pizza entre des coups de téléphone incessants, et dont la vie privée part en sucette. Des bruits de tapotements de clavier ininterrompus, des moments d'intimidation par un corrompu, une période où l'enquête piétine jusqu'au tuyau essentiel donné par un indic' façon agent secret de la dernière chance...
Avec une mise en scène discrète, sans être académique, McCarthy laisse toute la place à ses acteurs investis, charismatiques, déterminés, voire même fascinants. Ces journalistes ne sont pas des stars, ni des héros en mal de reconnaissance ou de combats. Ils carburent à la recherche de vérités tout en respectant une éthique en or massif, tel un sacerdoce. Le réalisateur, parfois lui-même acteur, s'est sans doute inspiré de son rôle de journaliste dans la saison 5 de The Wire, questionnant les liens entre le 4e pouvoir, les politiciens et la police. Une plongée dans le monde du journalisme d'investigation quasi documentaire, tout en étant accessible à tous.
Spotlight s'avère bien plus un thriller qu'une enquête documentaire. Les personnages jousque-boutistes sont servis par un scénario volontairement anti-spectaculaire, intelligent, posant de vraies questions de fond, dont la plume sait être sensible mais pas larmoyante malgré la gravité du sujet. L'enquête donne aussi la parole aux victimes, sans pathos ni voyeurisme. Il n'en oublie pas moins d'être réaliste, ne concédant aucune aseptisation des faits, évoqués sans jugement ni censure. Spotlight fait ainsi partie des rares films capables de parler de choses tragiques tout en divertissant. Il trouve la parfaite distance entre le film à suspens et le film-reportage, entre colère et amusement (car les journalistes peuvent aussi être drôles !), indignation et divertissement. Une véritable profession de foi à la presse écrite... de qualité.
En résumé : Un film intelligent, sans effusion, qui ne laisse pas de marbre et incite au respect de ceux qui se battent pour la vérité sans transiger. Nulle doute qu'il laissera indifférent l'Académie des Oscars.