Wrong (en compétition à Deauville)
De Quentin Dupieux
Avec Jack Plotnick, William Fichtner, Eric Judor
Dolph est un américain moyen, qui habite une jolie banlieue anonyme aux couleurs pastels, aux habitudes bien ancrées. Mais un matin, quelque chose ne va pas : son chien a disparu. Par un mystérieux message, il apprend que son animal adoré a été kidnappé par un certain Mr Chang, gourou étrange qui œuvre pour le bien être affectif des animaux. S'en suit alors une enquête pour le retrouver, à l'aide du détective Ronnie... Et au milieu de tout ça se trouve Emma, une opératrice dans une pizzeria qui a le béguin pour Dolph, un jardinier qui a un problème de palmier, un voisin en quête de sens...
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Voir un film de Quentin Dupieux est une expérience particulière; il faut lâcher prise et se laisser embarquer par l'absurdité et le non-sens des scènes qu'il propose. Si vous ne comprenez pas tout, pas de panique. L'univers de celui qu'on appelait autrefois Monsieur Oizo (souvenez-vous, la peluche jaune dans le clip du tube Flat Beat) ne se résume pas, il se vit. Déjà auteur du farfelu
Steak (déjà avec Eric Judor et son acolyte Ramzy) et
Rubber, l'aventure d'un pneu psychopathe, Dupieux revient avec ses goûts décalés et ses raisonnements étranges dans
Wrong. Et fait un film français aux Etats-Unis, avec des américains, dans la langue de Shakespeare, s'il-vous-plaît !
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Si Dupieux cherchait sans cesse à justifier ses idées loufoques et illogiques dans ses précédents films (avec des commentateurs extérieurs), il se libère et assume tout dans
Wrong, sans complexe ni retenue. Peu importe si un mort n'est pas vraiment mort, si un palmier devient un sapin, s'il pleut des trombes d'eau dans son bureau, si on appelle la pizzeria pour connaître le sens du logo de l'établissement sans rendre dingue son interlocuteur... Même si finalement au bout du compte, il ne se passe pas grand chose et qu'on pourrait craindre l'ennui (qui pointe parfois le bout de son nez...), on prend les saynètes les unes après les autres comme des apartés de la réalité. Il ne faut pas chercher plus loin...
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Dans ce monde grotesque, même si Dolph paraît le plus proche de la "normalité", il évolue en acceptant tous ces non-sens sans sourciller, acceptant les lois et la morale des autres sans se poser de question. Même communiquer par télépathie avec son chien devient une évidence. A ce sujet, le très sérieux agent du FBI dans
Prison Break, William Fichtner, est ici irrésistiblement hilarant dans le rôle du gourou pour animaux (et son accent terrrrrrriiible).
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Même si Dupieux avoue
"ne pas vouloir faire passer de message ni vouloir rendre hommage à tel ou tel réalisateur, et encore moins donner un sens caché à son oeuvre" (
voir l'entretien vidéo ici), il y a de la poésie et des émotions dans
Wrong. L'ensemble met le doigt sur l'ennui et l'angoisse qu'on peut éprouver à vivre dans une banlieue lambda, un quotidien étriqué qui déraille rapidement quand un seul détail est perturbé.
Wrong pousse le délire loin (peut être trop pour certains), avec pour références des idées folles (comme le réveille qui ne passe pas à 7h00 mais à 7h60)... et ça fait du bien !
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En résumé : du fun, du fun et rien que du fun. Un autre cinéma libre et décomplexé pour une histoire absurde et finalement émouvante.