lundi 10 septembre 2012

Critique : Les bêtes du sud sauvage : une belle histoire envoûtante (12/12/12)

Les bêtes du sud sauvage 
De Benh Zeitlin
Avec Quvenzhané Wallis, Dwight Henry, Jonshel Alexander 

L'action se déroule dans un bidonville, vivant en totale autarcie dans le Bayou louisianais, détruit par les tempêtes et les inondations successives. Les maisons éventrées, les débris éparpillés... Ce climat post-apocalyptique n'est pas sans évoquer l'ouragan Katrina qui a ravagé le sud des Etats-Unis en 2005.
© Cinereach
Dans cet environnement devenu hostile, Hushpuppy, une petite fille de 6 ans vit avec son père, un homme alcoolique, violent et perturbé depuis que sa femme est partie. Ce dernier veut faire de ce petit bout de bonne femme au caractère bien trempé un caïd qui ne doit pas se laisser submerger par la peur ou tout autre émotion. A cette partie quasi documentaire s'ajoute une dimension fantastique à ce conte philosophique, représentant littéralement le monde imaginaire de l'enfant, confondant mythologie et réalité, persuadée que les catastrophes ont été provoquées par la fonte des glaces dans les pôles (libérant du même coup des monstres préhistoriques jusqu’alors prisonniers des icebergs).



© Cinereach
"Je suis un petit morceau d'un immense univers"

© Cinereach
Les bêtes du sud sauvage est le premier long métrage de Benh Zeitlin (seulement 29 ans) a remporté à l'unanimité le Grand Prix du 38e Festival du cinéma américain de Deauville. Le projet est né de l'amour de Zeitlin pour la Louisiane, État américain qu'il a découvert il y a six ans, après la catastrophe (son interview ici sous peu) 





© Cinereach
Il y a découvert un peuple incroyable, d'une générosité inépuisable et un sens du partage à toute épreuve. Grâce à cette énergie contagieuse, à cette croyance sincère en ce qu'il raconte, à ce torrent d'impressions subjectives (l'euphorie, l'ivresse, l'hallucination ou le rêve) et de métaphores, Les bêtes du sud sauvage est un petit film parti de nulle part, tourné avec les moyens du bord avec des acteurs non-professionnels dans des conditions épouvantables, et qui, à l'arrivée, a tout d'un grand. 



© Cinereach
Malgré un contexte très dur filmé avec un réalisme poussé, sa poésie nous envoûte, ses personnages sont attachants, et cette petite fille est incroyablement juste et charismatique (ses yeux noirs nous pénètrent et nous scotchent sur place) pour son très jeune âge (en plus d'être à croquer). Mis en musique de façon sublime et photographié par un virtuose, il a ce grain particulier qu'on retrouve dans les films faits avec de vraies pellicules en 16 mm.

Après avoir séduit Cannes et Deauville, il pourrait bien faire un carton à la prochaine cérémonie des Oscars, et c'est tout ce qu'on lui souhaite !

En résumé : Un petit bijou simple et envoûtant. Chapeau l'artiste !


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