STATES OF GRACE
De Destin CrettonAvec Brie Larson, John Gallagher Jr, Keith Stanfield, Rami Malek…
Grace est une jeune femme déterminée et sensible, plus tout à fait adolescente mais pas encore complètement adulte, elle donne toute sont énergie au foyer pour adolescents en difficulté qu'elle dirige. Ces jeunes, souvent instables à cause de leurs relations conflictuelles avec leurs parents, ne demandent que de l'attention et de l'amour. Parmi les membres de l'équipe d'encadrants, plus ou moins expérimentée, la solidarité, la bonne humeur et l'écoute ont une place majeure. L'arrivée de Jayden, jeune fille de 16 ans au look gothique, qui n'en fait qu'à sa tête, tourmentée mais intelligente, va mettre à mal les règles du centre. Dans ses tentatives de rébellion, elle va chambouler cette mini communauté et son personnel. Et surtout, elle va faire remonter des souvenirs plus perturbants dans l'esprit de Grace, la renvoyant dans sa propre adolescence trouble.
Je ne le dirai jamais assez… pas besoin de centaines de millions de dollars et des déluges d'effets visuels pour faire un bon film, qui transmet des émotions et qui est profondément bienveillant. States of Grace fait partie de ces petits bijoux produit avec peu de moyens (après le succès de sa version court-métrage) mais avec beaucoup d'amour, de subtilités et des personnages forts. Fragile mais tellement touchant, il semble est constamment sur le fil, prêt à basculer. Car les gamins dont s'occupe Grace ont de quoi tirer sur la corde sensible : camés, suicidaires, mutiques, battus… Et pourtant, Destin Cretton ne verse pas dans la larme facile et le pathos lourdingue. Ici, point de cynisme. Le cinéaste préfère jouer la carte de l'entrain et de l'humour plutôt que de montrer la descente aux enfers et les plaies ouvertes des pensionnaires du centre, comme on a si souvent l'occasion de le voir. Finalement, la vitalité et le sourire de Grace, son dévouement aux autres, donnent au film une délicatesse lumineuse, une sensibilité extrême mais contrôlée.
Le réalisateur offre une vision plutôt réaliste, avec une caméra sonnant juste, fébrile et agile, qui capte les humeurs de chacun, touchant et attachant. L'humeur change, et le moindre changement affecte tout le monde. Filmé comme dans une bulle, le centre est un endroit protecteur, où les ados peuvent être eux-mêmes, sans avoir peur des remontrances. Comme c'est le cas pour Marcus, ado battu et poussé à dealer par sa mère, et qui n'a envie de quitter cet endroit pour rien au monde le jour de ses 18 ans qui approchent. Un ado qui a envie de s'en sortir, et qui pour se délivrer de sa rage et de sa haine contre sa mère s'exprime à travers le rap. Un rap vengeur qui sort des tripes. Je vous mets au défi de ne pas avoir le cœur qui se sert en l'écoutant déclamer ses paroles ! Keith Stanfield est renversant ! En même temps, le centre peut être perçu comme un bocal où l'on tourne en rond et dont on veut s'échapper, comme le jeune Sammy qui n'a qu'une idée en tête, dépasser les limites du centre où les éducateurs n'ont plus le droit de le ramener à l'intérieur.
En résumé : portrait d'une jeune femme qui touche directement au cœur, dont le parcours s'écrit dans l'acceptation de soi et au travers des autres.