COLD BLOOD (ex-BLACKBIRD) (Première à Deauville)
De Stefan Ruzowitsky
Avec Eric Bana, Olivia Wilde, Charlie Hunnam, Kate Mara, Sissy Spacek, Kris Kristofferson, Treat Williams
Après avoir braqué un casino, Liza et Addison sont obligés de se séparer pour éviter de se faire repérer après leur accident de voiture. Dans le froid et la neige, l'un choisit de tuer tous ceux qui se mettent en travers de son chemin, tandis que l'autre fait la connaissance de Jay, une ancienne gloire de la boxe tout juste sorti de prison. Ce dernier rejoint ses parents pour fêter Thanksgiving, traditionnelle fête de famille, qui va virer au cauchemar lorsqu'Addison pointe le bout de sa carabine et prend en otage tout le monde...
"J'espère que vous me pardonnerez"
C'est avec ces mots qu'Addison (Eric Bana) espère trouver la rédemption auprès de ceux qu'il exécute. Un peu léger comme excuse, non ?! Ou serait-ce une demande de pardon prématuré faite au public par le réalisateur ? Ne soyons pas trop durs tout de suite...
Si le titre sonne comme un sort de magie noire ou un mauvais présage, le film amène choas, destruction et effusion de sang. A commencer par les liens familiaux qui y sont dépeints, comme étant plus que conflictuels : un fils qui a déçu son père et qui ne sait pas comment se racheter et sa mère qui joue les intermédiaire aimant entre les deux; un frère et une soeur orphelins qui entretiennent un rapport de dominant/dominé ("je suis ta petite fille") et malsain car sexué, voire incestueux; et enfin un jeune femme ambitieuse à la recherche de la reconnaissance et de l'amour paternel depuis le départ de sa mère.
Avec de pareilles familles, la soirée de Thanksgiving promettait d'être mouvementée ! Rajoutez une arme, une tension meurtrière et un désir de vengeance au menu, et vous obtiendrez un savoureux lavage de linge sale en public dont personne n'aime faire état, quelques soient les circonstances. Tous les clichés sont passés au crible. Stefan Ruzowitsky ne nous épargne aucun affrontement verbal et physique qui va avec le règlement de ces conflits. Ca cogne, ça tire, ça plante des couteaux, ça saigne, ça se soigne de façon barbare... L'esprit du pardon et des remerciements de Thanksgiving sont ici assez perdus voire carrément oubliés... Ironie du réalisateur ?
© StudioCanal Deutschland |
Dans l'immensité du grand blanc de l'extrême nord des Etats-Unis, les personnages se déchirent mais finissent par se rapprocher, et retrouver une certaine liberté et une sérénité longtemps recherchée. La magie des grands espaces, sans doute, filmé avec intelligence. Mais aussi la fameuse recherche de rédemption chère au cinéma américain actuel. Quant aux acteurs, dont les rôles plutôt lisses et prévisibles, s'en sortent avec les honneurs, avec une bonne surprise pour Charlie Hunnam, gros bras au grand cœur, qui a bien fait de laisser de côté quelques temps sa bande de bikers hors-la-loi de la série Sons of Anarchy. Eric Bana semble prendre son pied à trouer la peau des autres, avec une énergie animale et brutale qu'on lui connaissait depuis Hanna. Quant aux filles, Olivia Wilde reste un joli faire-valoir, mais on saluera la belle prestation de Kate Mara, loin de la bitch attitude qu'elle joue à merveille dans la série American Horror Story. Le rythme soutenu et les scènes d'action compensent un manque d'originalité dans le scénario et quelques ficelles déjà utilisées dans ce genre de films "violents".
En résumé : Un bon film du dimanche soir à la télé... sans plus. Voilà pourquoi Cold Blood fait partie des "DTV" (direct-to-video) de cette sélection deauvillaise.