De Ariel Vromen
Avec Michael Shannon, James Franco, Chris Evans, Ray Liotta, David Schwimmer, Stephen Dorff…
Sortie le 5 juin 2013
Tiré de faits réels, voici l’histoire de Richard Kuklinski, surnommé "The Iceman", un tueur à gages qui fut condamné pour une centaine de meurtres commandités par différentes organisations criminelles new-yorkaises. Menant une double vie pendant plus de vingt ans, ce pur modèle du rêve américain vivait auprès de sa superbe femme, Deborah Pellicotti, et de leurs enfants, tout en étant secrètement un redoutable tueur professionnel.
Lorsqu’il fut finalement arrêté par les fédéraux en 1986, ni sa femme, ni ses filles, ni ses proches ne s’étaient douté un seul instant qu’il était un assassin. Pourquoi l’est-il devenu, et comment a-t-il réussi à continuer pendant si longtemps ?
Si le scénario est plutôt basique et didactique -- les difficultés à concilier vie de famille et vie professionnelle, même si le personnage sous ses airs de common man est dans les extrêmes permanents -- j'ai été bluffée par la performance ambigüe de Michael Shannon. D'une froideur polaire et d'un charisme à toute épreuve, il en impose tout de suite de par sa stature imposante et son regard de fou furieux. Le réalisateur dessine une silhouette sans âme, allant jusqu'à évoquer sa peur des sentiments. À part celui de Richard Kuklinski, il n’y a pas d’autres personnages. Ceux-ci n’existent pas, ou peu (comme la femme de Kulinski jouée par Winona Ryder), à peine en qualité d'électrons qui gravitent autour de lui justifiant la fin (sacrément gratinée) et les moyens. Car il faut bien l'avouer, la présence de James Franco (5 min chrono), de Chris Evans (alias Captain America, méconnaissable) ou encore de David Schwimmer (peu crédible en ganster badass) n'est due qu' au besoin d'argent pour financer le projet, Shannon n'étant pas encore assez connu. Malgré tout l'acteur à la mine patibulaire est le seul à disposer d’un espace qu'il occupe avec les immenses qualités qu'on lui connaît, avec une petite tendance à se singer lui-même – mais avec talent.
Petite déception côté réalisation. On sent que le réalisateur répond à un cahier des charges précis, sans jamais y déroger. Il s'y est attelé avec autant de docilité que le pire des grosses productions. The Iceman ne dégage pas la moindre singularité malgré l'effort de retrouver l'esthétique et le bagou du cinema des seventies. La plupart des scènes sont tournées de nuit ou dans une semi-obscurité, donnant de jolis plans. Mais l'ensemble est plutôt assommant et tape-à l'oeil.
The Iceman ne raconte pas autre chose que cette existence binaire d'un homme qui vit son "American Way of life" couplée à son existence de tueur à gage à fond et sans concession, avec un entêtement qui forcerait presque l'admiration. Ce grand écart ne tombe pas pour autant dans un étau qui se referme sur le personnage. Une certaine inventivité l'en empêche. On regrette seulement que ce destin si particulier ne soit pas davantage questionné...
En résumé : A voir pour la performance de Michael Shannon...