De Niels Arden Oplev
Avec Noomi Rapace, Colin Farrell, Domninic Cooper, Terence Howard...
Les hommes de main d’un criminel new-yorkais, Alphonse (Terence Howard), se font dégommer par un inconnu les uns après les autres. Pour seuls indices, le mystérieux tueur leur envoie des morceaux de photos façon puzzle et des mots aux sens sybillin. Tout en enquêtant avec son collègue Darcy (Domninic Cooper) sur leur ennemi déclaré, Victor (Colin Farrell) fait la connaissance de sa voisine, Béatrice (Noomi Rapace), une jeune femme défigurée après un accident de voiture, et qui vit avec sa mère (Isabelle Huppert). Malgré des réticences évidentes, elle accepte un rendez-vous avec ce beau brun ténébreux. Mais leur soirée ne va pas se passer comme il l'avait prévu. Béatrice lui relève ses véritables motivations : lui demander de tuer quelqu’un pour elle…
Sur le papier, Dead Man Down avait de quoi séduire : un casting original et hétéroclite aux origines multiples, un script de revenge movie aux allures de thriller sombre écrit par l'excellent J.H.Wyman (Fringe), et aux commandes le Danois Niels Arden Oplev, remarqué pour sa trilogie Millénium (adaptée de la saga littéraire éponyme, dont l'affiche s'inspire... rappelez-vous des couvertures noires bordées de rouge de la collection polar des éditions Actes Sud). Mais il s'avère que la transposition sur grand écran est un exercice délicat...
Pour sa première expérience américaine, Oplev a fait le choix d'une ambiance de polar plutôt séduisante de par sa volonté de ne pas tout exposer dès le départ, s'appuyant sur un chassé-croisé de personnages plutôt astucieux qui distille avec parcimonie les intentions de chacun. Sans oublier la naissance d'une histoire d'amour torturée
Si le cinéaste ne révolutionne pas le genre (on est quand même peu surpris du déroulement des événements), il s'applique à construire une atmosphère soignée à mi-chemin entre le ciné indépendant américain et le polar britannique (à la Luther) à coups de cité ouvrière et de gratte-ciels sans âme, de rues poisseuses et pluvieuses sans particularisme, et de cimetières et de hangars gigantesques pour la "touche gangster". On décèle l'envie du réalisateur de faire une histoire universelle, qui pourrait arriver n'importe où. Mais pourtant, ce genre appelle souvent à une réalité sociale bien plus marquée et très crue. On peut ainsi lui reprocher de ne pas utiliser ses décors plus en profondeur, car les personnages principaux, plutôt convaincants au départ, finissent par perdre leur point d'ancrage émotionnel - pourtant forts au vu de leur passé - et donnent l'impression de ne plus croire en ce qu'ils vivent.
Des séquences d'exposition jusqu'au cœur de l'intrigue (plutôt simplette et convenue), tous les ingrédients sont présents pour que l'on soit plongé dans l'histoire. Mais Oplev finit par se tirer une balle dans le pied dans la dernière demi heure en changeant totalement de registre et de ton. Facilité ou manque d'imagination pour trouver une fin convenable ? Oplev nous offre un final grand-guignolesque de film d'action à grand renfort d'explosions, de carnage avec des coups de feu à tout-va, et de sauvetage de la demoiselle-en-détresse-et-apeurée en règle. Résultat : le peu de crédibilité établie (déjà très faible depuis le début) tombe à l'eau et le chemin psychologique intéressant construit jusque-là par les deux personnages principaux (sur la moralité et le bien-fondé de leur désir de vengeance) est balayé à grand coup Tipex. Dommage !
En résumé : Sans pouvoir lui opposer de véritables reproches francs et massifs, Dead Man Down reste un film de série B agréable à regarder, mais sans véritable saveur, et qui ne convainc jamais vraiment de son utilité. Et pourtant, il est parfois touchant dans ses envolées dramatiques, trop inconstantes. On a tout de même plaisir à voir Domninic Cooper (Abraham Lincoln : chasseur de vampires, Captain America) et Terence Howard (Iron Man, Quatre Frères, Collision) à l'œuvre.