WARM BODIES Renaissance
De Jonathan Levine
Avec Nicholas Hoult, Teresa Palmer, John Malkovitch...
Voilà quelques mois que nous attendions l'arrivée de Warm Bodies, l'un des prétendants cinématographiques au remplacement de la saga Twilight. Si les vampires - et leurs bons sentiments - sont retournés dans leur crypte pour de bon, une autre espèce de morts-vivants les a remplacés : les zombies. On pouvait craindre le pire...
Suite à une Apocalypse de nature inconnue, ils ont envahi le monde. Mais l'un d'entre eux (Nicholas Hoult), décidément peu à l'aise avec sa condition de mort pas tout à fait vivant. Unique, il réfléchit et se pose des milliers de questions existentielles. Et il n'aime pas faire de mal aux humains. Et pourtant, après avoir dévoré un jeune homme, il va se lier d'amitié avec la petite amie de ce dernier (Teresa Palmer, vue dans Numéro Quatre). Vous avez dit glauque ? Mais
non ! Cette relation va bousculer les conventions établies entre les hommes et les zombies. Ca ne vous rappelle rien ? Le petit truc en plus réside dans le caractère du personnage principal : malgré son état de zombie, il revit les souvenirs humains de la vie qu'il a engloutie, et garde un lien avec ses sentiments. Ces réminiscences vont le pousser à dépasser ses instincts les plus primaires pour laisser place à sa part d'humanité...
"Why can't I connect with people ? Oh I forgot... this is because I'm dead !"
Si la toile de fond pourrait faire penser à la série qui cartonne The Walking Dead (car la moitié de la population a passé l'arme à gauche et déambule dans les rues en grognant), la comparaison s'arrête très vite. Car Warm Bodies est avant tout une comédie romantique. Et là, vous pensez "encore une bluette adolescente sans profondeur" ? Sûrement pas. Jonathan Levine n'y tient pas. Il préfère jouer sur l'humour entre deux scènes (un peu) gore, ajoutant un peu de romantisme par-ci par-là et un côté dramatique à la condition de ce zombie qui n'a qu'une envie : "se connecter aux autres". Un style qui change radicalement de ce qu'a déjà fait le réalisateur (remarqué pour sa dramedy 50/50 sur le cancer), même si ce dernier avait déjà tâter de l'hémoglobine avec All the boys love Mandy Lane (dans lequel une reine du lycée et ses amis se voient attaqués par un invité non convié à la fête).
On peut dire qu'Adam Levine rend quelque peu ses lettres de noblesse au genre teen movie, qui a tendance à prendre régulièrement le chemin de la facilité débilitante. Si l'intrigue est simpliste et cousue de ficelles épaisses (si on accepte l'autre tel qu'il est, l'amour triomphera de tout dans ce monde d'égoïstes... pffiioouu !), et les retournements de situation attendus au tournant, elle nous attrape et ne nous lâche plus car elle est bien amenée. Le réalisateur s'amuse et son engouement est communicatif. Avec une mise en scène simple mais efficace, une direction artistique recherchée mais pas prétentieuse, il nous embarque dans ce monde froid et bizarre sans qu'on rechigne.
Levine reprend les codes de la romance adolescente mais ne s'en tient pas aux longs regards langoureux sur une musique sirupeuse et aux baisers chastes interminables. De l'ultra repris Roméo et Juliette, il subtilise avec parcimonie quelques détails : ses héros s'appellent "R" et Julie, il détourne la scène du balcon avec malice, ajoutant un côté stupide (bien dosé) au lover un peu pâlot. Et il joue avec la musique pour donner la parole à celui qui n'en a presque pas, comme font souvent les ado qui n'osent avouer ce qu'ils ressentent. Pour autant, il ne tombe dans la compil' rose bonbon et dégoulinante. Le clin d'œil viendra avec quelques notes de la BO de Pretty Woman... mais je n'en dis pas plus. L'humour plutôt adulte n'est pas en reste. Bien dosé, il fait mouche à coups de comique de situation et d'auto-dérision zombi-esque. Un coup de chapeau à la performance de Nicholas Hoult et à Rob Corddry : leur conversation grognée vaut se pesant de... chair fraîche !
En résumé : Warm Bodies est finalement une bonne surprise et fera taire les détracteurs du genre. Car malgré son immaturité scénaristique, il a un charme fou (comme ses acteurs principaux). Loin du cliché de l'amourette cul-cul, il vous fera sourire... souvent.