Avec Anthony Hopkins, Helen Mirren, Scarlett Johansson, James D'Arcy, Jessica Biel...
Le cinéaste Alfred Hitchcock, revient d'entre les morts. En août 2012, Vertigo était désigné par le British Film Institute "meilleur film de tous les temps", coiffant au poteau Citizen Kane. Un téléfilm, signé HBO centré sur Les Oiseaux, est en préparation.
Dans Hitchcock, le maître du suspense revient hanter les studios du tournage de Psychose, rendu célèbre avec le cri strident de Janet Leigh dont le personnage est assassiné dans une douche. Le film de Sacha Gervasi est une œuvre de fiction racontant la genèse du film, son tournage et son lancement. Il s'inspire d'un livre de Stephen Rebello, décrivant un homme en crise, lunatique mais surtout hanté par le tueur Ed Gein (il aime cacher le squelette de la mère de Norman Bates dans la loge de Janet Leigh), extériorisant ses pulsions agressives envers les femmes.
"Je ne suis qu'un homme caché derrière une caméra"
À grand renfort de prothèse, de rembourrage façon Bibendum Michelin, et de bouche en cul-de-poule, on découvre Anthony Hopkins grimé en Alfred Hitchcock boudiné et déprimant. A ses côtés, Helen Mirren est une épouse-collaboratrice intransigeante mais fidèle. Scarlett Johansson et James D'Arcy incarnent le fameux duo de Psychose, Janet Leigh et Anthony Perkins.
Si le biopic est souvent construit sous forme linéaire et didactique, avec des péripéties un peu basiques, il peut être novateur lorsque son réalisateur attaque un angle bien précis. Ce qui a été remarquablement accompli dans le récent Lincoln et le vote de l'abolition de l'esclavage. Et ce qui semblait être à première vue le cas avec Hitchcock.. Si reprendre le tournage d'un des grands classique du cinéma était une bonne idée, le résultat est à la hauteur du très fade My Week with Marylin, qui retraçait le tournage Du prince et la danseuse.
Pourtant, le casting est alléchant. La dose de névrose de son héros (son rapport avec les femmes -- en particulier la sienne -- avec sa sexualité particulière, et ses angoisses -- parfois survolées) se mélange parfaitement aux nombreuses visites des coulisses. Le réalisateur éveille notre intérêt sur le combat du maître de l'horreur pour mener Psychose à terme -- puisque Paramount n'en voulait pas -- et sa mythique scène de la douche, méticuleusement travaillée. Néanmoins, tout ce qui faisait le sel de l'adversité rencontrée est réduit à néant en peu de temps -- car les problèmes se résolvent en un claquement de doigt --, laissant un goût de trop peu dans les descriptions faites du metteur en scène de génie qu'était Hitchcock et du Hollywood de l'époque.
Si l'humour parfois grinçant est perceptible, il se transforme parfois en ironie d'une platitude désolante. Jusqu'au bout on espère une étincelle esthétique ou narrative qui viendrait chambouler le charme traditionnel du long-métrage. On peut regretter que la performance un peu austère et engoncée d'Anthony Hopkins soit perturbée par son imitation labiale exagérée du réalisateur, qui parfois éloigne notre attention de sa performance. On peut en revanche toujours compter sur l'excellente Helen Mirren, qui fait d'Alma Reville, une épouse au caractère bien trempé, avec une prestation haute en couleurs et émouvante, laissant transparaître la complexité de la relation avec son mari, joliment esquissée.
En résumé : On nous avait laissé entrevoir 120 min d'humour grinçant. Mais l'ensemble n'est pas à la hauteur artistique du monsieur. Dommage !