samedi 2 février 2013

Critique : Gangster Squad : La brute, les truands et la poupée (06/02/13)

GANGSTER SQUAD
De Ruben Fleisher
Avec Ryan Gosling, Josh Brolin, Sean Penn, Emma Stone, Anthony Mackie, Robert Patrick, Nick Nolte, Josh Pence, Giovanni Ribisi, Mireille Enos, Michael Peña, Frank Grillo...

1949. Los Angeles est au main de Mickey Cohen, un ancien boxeur devenu un caïd impitoyable, régnant sur le crime organisé d'une poigne de fer, sans loi ni loi. Trafic de drogue, d'armes, de filles et paris clandestins, rien ne lui échappe. L'argent coule à flot dans ses poches. Son ambition ? Etendre sa main-mise jusqu'à Chicago. Pour y parvenir, il achète touts les hauts fonctionnaires de la ville, du juge aux hommes politiques les plus influents. Même les flics les plus endurcis n'osent se frotter à lui. Excepté un. Le Sergent John O'Mara. Il est officieusement désigné par le chef de la police, seul gradé résistant face aux combines du mafieux, pour anéantir celui qui déshonore la ville. O'Mara va réunir une poignée d'hommes pour saper l'organisation du parrain en s'attaquant secrètement à sa manne financière. Et tous les moyens sont bons...



"Un flic qui n'est pas à vendre, c'est comme un chien qui a la rage : on doit l'abattre"


© Warner Bros.
Ruben Fleischer, réalisateur de Bienvenue à Zombieland, change de registre et cela lui va bien ! Il réussit avec Gangster Squad un film rythmé, véritable hommage aux films de gangsters tout en gardant une lecture moderne de cette époque exaltante, où les héros devaient se comporter comme des hors-la-loi pour neutraliser les mafieux... Estampillé "tiré d'une histoire vraie" et adapté du livre éponyme de Paul Lieberman, c'est un vrai film de mecs, le genre à ne pas réfléchir aux risques encourus mais à agir avant qu'il ne soit trop tard. Le genre de bonshommes que la plaque accrochée à leur ceinture n'arrête pas lorsqu'ils doivent dépasser les bornes. Le genre mâchoires carrées, regards déterminés, testostérone à bloc et fusils à pompe chargés.
© Warner Bros.
Les membres du Gangster Squad sont de cette trempe. Leur chef : un survivant de la Guerre et futur père de famille qui défend à coups de poing et de feu la veuve et l’orphelin. Pour l'incarner, un Josh Brolin au physique de l'époque et au jeu solide. L'accompagnent un expert en écoutes téléphoniques, campé par un Giovanni Ribisi (Ted, Rhum Express, Public Enemies) tout en fragilité; un cow-boy à la gâchette affutée, interprété par le flegmatique Robert Patrick (le cyborg T-1000 tout liquide dans Terminator 2); un policier intègre que rien n’arrête, joué par Anthony Mackie (Abraham Lincoln : chasseur de vampires, Dos au mur, Démineurs) impeccable ; le Latino que personne ne semble connaître mais qui envoie du lourd à force de jouer les flics, Michael Peña (La Défense Lincoln, End of Watch); et le jeune premier un peu tête brûlée sur les bords campé par un Ryan Gosling au regard de braise (et à la voix étrangement aigüe...). Des hommes de loi, tous calqués d’une façon ou d’une autre les pus grandes figures du cinéma américain, fidèles à la la classe naturelle de l'époque que n’aurait pas renié Humphrey Bogart .


"Dans l'Est, j'étais un gangster. Ici, je suis Dieu !"


© Warner Bros.
Du déjà vu ? Rien d'inédit... mais un peu quand même. On ne peut s'empêcher de penser au grand classique Les Incorruptiblesou au plus récent Des sans hommes sans loipour le genre hommes intègres face aux plus pourris comme Al Capone. Mais Fleischer a fait le choix du mélange des genres (comme avec Bienvenue à Zombieland). Ainsi, la légèreté de certaines scènes comiques se fond parfaitement aux situations plus sombres. Les clichés règnent en maître mais ils ont la classe et du style... L'allure de la pulpeuse Emma Stone qui s'avance vers le bar dans sa robe rouge échancrée jusqu'en haut de la cuisse (sous le regard ravageur dégoulinant de Ryan Gosling) n'est pas sans rappeler Jessica dans Qui veut la peau de Roger Rabbit ? La démarche permet de donner une réelle identité au film, même si parfois le film aurait gagner en profondeur si cet humour décalé avait été amené plus discrètement. 
© Warner Bros.
Si la reconstitution factuelle est des plus impressionnantes, la forme et la mise en scène ont gardé quelques touches old school, parfois clinquantes. Fleischer a repris ses habituels ralentis façon Matrix lors des scènes de coups de feu (les douilles tombent inlassablement par terre et rebondissent toujours...), en rajoutant un peu de couleur jaune de-ci de-là lorsque les visages sont distordus sous les coups des ennemis... Indispensable ou c'était juste histoire de faire autrement sans en avoir les idées ?
En résumé : Bien plus léger qu'attendu au départ, Gangster Squad s'appuie sur un casting bluffant et (très) glamour, avec un Sean Penn époustouflant en mafieux entre la star hollywoodienne et l'ordure de la pire espèce. Efficace, on se laisse embarquer, flingue à la main, par cette équipe de têtes brûlées.

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