De Marc Webb
Avec Andrew Garfield, Emma Stone, Rhys Ifans...
Lorsque le projet est venu dans la tête des dirigeants de Sony, les fans se sont probablement demandé pourquoi faire un reboot de Spider Man seulement cinq ans après la dernière œuvre de Sam Raimi, aux commandes des trois précédents. Certains ont crié au sacrilège l'idée aussi rendan The Amazing Spider Man aussi utile qu'une climatisation en Pôle Nord. Bien évidemment, Sony n'avait pas envie de laisser "filer" la planche à billets qu'offre la franchise de l'homme-araignée, puisque le studio était sur le point de perdre les droits. Qu'à cela ne tienne ! Et... s'appeler Mark "Webb" (sic) ne donnait aucune garantie satisfaisante aux fans pour faire (re)vivre le mythe depuis la case départ. Et pourtant, le réalisateur de (500) jours ensemble a pris le challenge très au sérieux et avec les meilleures intentions. Il nous livre une version humaine au-delà du surhumain.
Est-il utile de faire le pitch ? Aller, une petite "piqûre" de rappel ne fait pas de mal...
Peter Parker (Andrew Garfield) est un ado élevé par son oncle et sa tante après la mystérieuse disparition de ses parents. Après avoir découvert des documents qui pourraient éclaircir leur départ précipité, il fait la connaissance du Dr Connors, ancien collaborateur de son père. En allant le voir à son laboratoire, Peter se fait mordre par une araignée et se voit génétiquement modifié. Désormais, faire des acrobaties à des dizaines de mètres de hauteur et sauter dans le vide ne lui fait plus peur : il se prend pour une arachnide et compte bien en faire bon usage. De quoi lui donner du courage pour affronter celle qu'il aime en secret, alias Gwen (Emma Stone), et le Dr Connors qui s'avère pouvoir se transformer en un gros lézard pas gentil du tout.
"Amazing", vous avez dit "amazing" ?
S'il est bien difficile de faire abstraction du Peter Parker laissé il y a 5 ans (alias Tobey Maguire) en entrant dans la salle, on l'oublie totalement au bout des premières minutes face à l'excellent Andrew Garfield. Il est époustouflant de sincérité en ado à la fois geek, malhabile, timide, puis en héros surnaturel fragile et finalement très humain. Car l'un des paris que Mark Webb à réussi à tenir, c'est bien celui d'apporter une dimension de "normalité" chez quelqu'un qui ne l'est pas, en lui donnant des failles et des fêlures. Pour le bien du personnage, The Amazing Spider Man n'est pas qu'une succession d'actions aussi extravagantes les unes que les autres et d'explosions à tout-va.
Le réalisateur aurait pu faire l'économie de retracer tout le début de l'histoire du héros, qu'on connaît par cœur (à part les Saturniens peut-être, je pense qu'on sait tous comment Peter Parker est devenu Spider Man...). Mais il semble qu'il aurait été un sacrilège pour les puristes de faire autrement. Ainsi le scénario dispose de façon trop évidente toutes les scènes déjà exploitées (la mort de l'oncle Ben, l'enquête pour retrouver le meurtrier, la recherche de la vérité sur la disparition de ses parents, la relation entre Parker et le Dr Connors...). Pendant une heure, ce qui relève du déjà-vu n'aspire qu'à s'évader vers de nouveaux horizons. Mais en prenant son temps pour le faire, il a apporté une réelle profondeur au personnage et des détails de son passé qui façonnent l'esprit du héros qu'il devient. Ce qui préfigure que les suites, déjà en chantier, feront des merveilles en enclenchant la vitesse supérieur vers la nouveauté.
Y'a comme un lézard...
La fougue et la sensibilité d'Andrew Garfield, sans oublier la fraîcheur et l'enthousiasme d'Emma Stone, font oublier un scénario pas forcément très révolutionnaire, et parfois bancal. Si Webb a reboosté la franchise en rajoutant une bonne dose de comique qui fonctionne très bien, il n'explore pas ce qu'il y a derrière les portes qu'il ouvre (et ne les referme jamais...). Et qui dire de ce méchant tout vert ! Si visuellement il est superbe avec sa peau reptilienne à la texture nuancée, il peine pourtant à faire naître LE combat d'anthologie qu'on attend dans un film de super héros. Il manque un véritable enjeu, un vrai méchant au dessein diabolique qui fiche vraiment la trouille. L'interprétation de Rhys Ifans n'est pas à mettre en cause, mais les motivations du Lézard s'essoufflent très vite et le danger qu'il est censé représenté n'est qu'illusoire.
Même si les scènes d'action et les mouvements de haute-voltige de Spider Man sont graphiquement éblouissants, un méchant qui a un cœur et des regrets laisse un goût amer de déception. (On ne parlera pas non plus des incohérences et des faux-raccords pour ne pas noircir le tableau...)
En résumé : Belle introduction aux suites à venir, qu'il me tarde de découvrir. Welcome back Spidey !